Il faudra encore un peu de temps avant que le voile se lève entièrement sur ce qui s’est passé dans le foyer Epona, situé à Fontaine. Mais ce 30 août, le foyer, qui est une maison d’enfants à caractère social (MECS), a été placé sous administration provisoire par le conseil départemental du Territoire de Belfort. Une décision qui fait suite à « l’insuffisance de dialogue avec la MECS « Epona » et à de nombreux signalements », explique la collectivité, qui est autorité de contrôle, dans un communiqué de presse adressé ce vendredi matin. « Compte tenu de la gravité et de la concordance des situations décrites au sein de l’établissement », écrit le Département, l’activité de la structure Epona est suspendue par arrêté.
L’association Epona est un établissement social dédié à l’accueil temporaire d’enfants en difficulté, spécialisé dans l’accueil de mineurs en difficulté. Il dispose d’une capacité d’accueil de 12 places en internat pour des enfants âgés de 12 à 18 ans et 3 places dans le cadre du dispositif de répit pour des adolescents âgés de 10 à 21 ans. En ce moment, 10 adolescents sont pris en charge.
Pour cette structure, une source qui connaît bien le dossier évoque un lieu « qui accueillait les enfants qui n’étaient plus acceptés ailleurs » et qui travaille « avec des enfants dans des situations très difficiles » en les aidant via le biais de l’équithérapie, un soin psychique avec pour médiateur le cheval. L’établissement a été fondé en 2001 par une passionnée d’équitation, psychologue de métier.
Une procédure judiciaire en cours
Marie-France Céfis, conseillère départementale en charge de la protection de l’enfance, évoque de « graves dysfonctionnements mettant en danger les enfants ». Elle cite des absences de signalement de faits de fugues par exemple… Et plusieurs autres faits sur lesquelles elle ne souhaite pas encore communiquer. « Les agents le feront s’ils le souhaitent. »
Les signalements ont démarré en juin, raconte-t-elle. Certains ont « levé le secret » pour protéger les enfants sur place, détaille la conseillère départementale. « Ils étaient très mal par rapport au mal-être des enfants. » D’autres ont démissionné après vingt ans de boutique, ou sont en arrêt maladie. Sur Indeed, plusieurs postes sont d’ailleurs à pourvoir pour la structure en tant qu’éducateur spécialisé.
« Les faits relatés étaient en parfaite concordance. Ils ont réalisé des écrits. Puis il y a eu l’été… » poursuit-elle. Entre temps, de nouveaux signalements ont afflué. Il a fallu agir, en cette fin d’août. Les faits, « très graves », ont été rapportés en gendarmerie, poursuit-elle. Une enquête est en cours pour “des faits de harcèlement moral et de travail dissimulé”, confirme le parquet du tribunal judiciaire de Belfort, sollicité par Le Trois. “Une inspection conjointe de l’État et du conseil départemental va démarrer très rapidement”, ajoute le parquet.
Pour les trois prochains mois, c’est un administrateur provisoire qui va prendre le relais de l’association. Un fait qui n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé il y a quatre ans, à la Villa des Sapins, à Valdoie. La maison d’enfants à caractère social avait aussi été placée sous administration provisoire (lire ici) ; l’habilitation avait ensuite été transférée à une autre structure.
« Les services du Département vont rester en veille ce week-end », détaille encore Marie-France Céfis. L’administrateur provisoire arrivera lundi 2 septembre, pour une durée de trois mois reconductible. Il aura pour but d’accomplir, pour le compte du Département, les actes d’administration urgents « pour permettre la continuité de l’accueil des enfants placés avec le souci d’assurer la santé, la sécurité, le bien-être physique et moral des enfants accueillis », détaille le conseil départemental. Et de poursuivre : « Cela contribuera également à rétablir la sérénité parmi les salariés qui accompagnent les enfants. »