Dépêchez-vous ! Le numéro suivant paraîtra dans… quatre ans ! La Bougie du Sapeur paraît tous les 29 février ! Cet ovni de la presse est un clin d’œil au Sapeur Camember cher à la cité luronne. Voilà pourquoi.
Bruno Kolanek
Dépêchez-vous ! Le numéro suivant paraîtra dans… quatre ans ! La Bougie du Sapeur paraît tous les 29 février ! Cet ovni de la presse est un clin d’œil au Sapeur Camember cher à la cité luronne. Voilà pourquoi.
Ce 29 février 2020 prendra place dans les kiosques le numéro 11 de La Bougie du Sapeur. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Sauf, que ce quotidien sort tous les quatre ans, le 29 février. Cela en hommage à un personnage de bande dessinée du XIXe siècle, Le Sapeur Camenber (1890 – 1896). Ce journal, paraissant tous les 29 février, est né en 1980 de l’imagination de joyeux drilles, ayant retenu, entre autres que Le Sapeur Camenber fête son anniversaire le 29 février.
Ce rappel historique étant fait, passons à Georges Colomb, qui n’a rien à voir avec le Christophe du même nom. Mais, sous le nom de plume de Christophe, a été dessiné François-Baptiste-Ephraïm Camenber, né le 29 février 1844, à Gleux-les-Lure, en Saône supérieure. Christophe est donc l’une de nos gloires locales à qui il est temps de redonner ses lettres de noblesses. L’air de rien, précurseur, il a contribué à l’évolution de la bande dessinée.
L'inventeur des codes de la BD
Quant à Marie-Georges-Louis Colomb (1856-1945), né à Lure, il fut sous-directeur du laboratoire de botanique de la Sorbonne, mais surtout un vulgarisateur hors pair. Il utilisait son talent de dessinateur pour mieux se faire comprendre de ses élèves (qui l’adoraient). Christophe réalise une première BD dès 1887, dans Mon Journal. Deux ans plus tard, dans Le Journal de la Jeunesse, il crée La Famille Fenouillard, en histoires courtes, aussitôt remarquées par Armand Colin.
La suite paraît dans Le Petit Français Illustré. Nous y sommes : c’est la prépublication presse. Arrive ensuite, en 1893, l’album. C’est Christophe qui invente les codes de la BD. Il généralise le gros plan, est le premier à employer la plongée (1891), la case morcelée, l’équilibre noir et blanc (dans les séquences de nuit), les effets de vitesse (dans Cosinus), sans oublier une superbe inversion de sens narratif dans l’épisode du Retour triomphal. Surtout, Christophe utilise de véritables séquences narratives, avec des cases jouant entre elles au lieu d’être simplement juxtaposées.
Christophe a ainsi ouvert la porte ; les américains vont s’y engouffrer dès 1897. Il est aussi le premier à disposer ses histoires en planches. La BD stricto sensu est née. Les Fenouillard sont suivis de Sapeur Camenber (1886), du Savant Cosinus (1900), des malices de Plick et Plock (1904) et de nombreuses autres histoires dispersées.
Quand la BD se développe en France à partir de 1908, Christophe ne suit pas le mouvement qu’il a pourtant lui-même créé et se contente de dessiner quelques BD, toujours à la façon de 1889. Il réalise pour Quentin, une des versions de l’Arroseur Arrosé, qui sera la première BD adaptée et piratée au cinéma dès l’année de sa création, en 1895 par les frères Lumières. En 1924, c’est à lui que fait appel la toute récente et première grande station populaire de l’histoire française, Radio-Paris, pour assurer la première série continue de causeries scientifiques de l’histoire de la radio française.
"Un conservatoire d'humour gaulois"
Maintenant, posons-nous la question : y a-t-il une histoire de bougie dans Les facéties du Sapeur Camenber ? Après vérification : oui. Dans l’épisode Le Dernier Exploit dramatique de Camenber. Est-ce un hasard ? L’équipe de joyeux drilles citée plus haut a-t-elle été jusque-là ? Trouver une bougie dans l’ouvrage consacré au fameux Camenber ?
Revenons maintenant à La Bougie du Sapeur, ce journal périodique, ipso facto humoristique puisqu’il ne paraît que les 29 février. « La bougie, c’est un conservatoire de l’humour gaulois. Il y a des jeux de mots, des à-peu-près, des contrepèteries ; il y a toutes les formes d’humour de la tradition française. Il faut qu’on la perpétue et donc, il faut que l’on demande à des jeunes de se plonger dans notre univers et de prolonger ce que l’on a construit, » souligne son rédacteur en chef, Jean d’Indy.
Après le Sapeur Dimanche, le Sapeur Madame et La Bougie du Zappeur, cette année, un supplément Sapeur Ecolo est proposé : « Notre concession à la modernité », raille le rédacteur en chef.
Nos remerciements à Bruno Kolanek, ancien directeur de la Fête de la BD d’Audincourt, pour ces infos sur La Bougie du Sapeur.
- En kiosque.- Tiré à 200 000 exemplaires, La Bougie du Sapeur est vendue au prix de 4,80 € en France, Belgique, Luxembourg et Suisse. Les ventes permettent à ce journal sans publicité de financer son prochain numéro. Il reverse aussi une partie de ses recettes à l’association « A tire d’aile », qui accompagne les personnes autistes et épileptiques.