Un adolescent de 14 ans de Courcelles-lès-Montbéliard, sans antécédent judiciaire, a fugué le mercredi 9 octobre. Il vole alors la 206 de sa mère, ainsi que la carte bancaire de son père, dont il connaissait le code, précise le procureur de la République. « C’est un garçon qui n’avait pas fait parler de lui, mise à part une petite procédure alternative, en lien avec du harcèlement, avec d’autres mineurs. » Depuis la rentrée, il a fugué à plusieurs reprises. En train, puis à pied. « Il vient d’une famille ordinaire, sans souci, d’une fratrie qui n’a pas fait parler d’elle », poursuit le procureur Paul-Edouard Lallois.
Mercredi soir, ses parents signalent la fugue, mais ne sont pas en mesure de l’expliquer. Le père du fugueur part à sa recherche, le repère à Voujeaucourt. « À sa vue, le jeune a accéléré. Son père, après avoir tenté de le rattraper, s’est arrêté pour ne pas mettre en danger des personnes. »
Une course-poursuite de 61 kilomètres
À 21 h, l’ado retire deux fois 500 euros, du côté de Baume-les-Dames. Il passe ensuite la nuit dans la voiture. Le jeudi, vers 16 h 45, des gendarmes de la brigade de Bavans le repèrent à Voujeaucourt, dans le secteur de l’école. Les gendarmes activent le deux-tons de leur voiture. « Le jeune homme a manœuvré dans les bouchons, a fait demi-tour, s’est ensuivie une première petite course-poursuite à 80 km/h dans une zone à 20 km/h. Les gendarmes n’ont pas réussi à le rattraper », détaille le procureur.
Quelques minutes plus tard, les gendarmes du PMO d’École-Valentin repèrent le fuyard, au niveau de l’aire de Champoux. L’adolescent remonte l’autoroute A36 par la bande d’arrêt d’urgence en direction du Jura. « Les gendarmes, pied au plancher, se lancent à sa poursuite. Sur 61,5 km. Cela a été une énorme course-poursuite. Le jeune slalomait entre les voitures, remontait par la bande d’arrêt d’urgence à 180 km/h », raconte , effaré, Paul-Édouard Lallois.
Les gendarmes le perdent de vue l’espace d’un instant, coincés par deux camions. C’est la fin de cette course-poursuite. Mais pas la fin pour le jeune fugueur, qui décide de faire demi-tour et de remonter l’autoroute en sens inverse sur la bande d’arrêt d’urgence, avant de perdre le contrôle de la voiture dans une bretelle d’insertion et de l’abandonner pour continuer son chemin à pied jusqu’au prochain village, à Saint-Vivant en Amaou, dans le Jura. Pendant ce temps, la conduite dangereuse de ce jeune occasionne un accident impliquant trois véhicules, notamment un de la gendarmerie. Trois blessés légers sont recensés. Le fugueur est interpellé dans le village.
Pas d’explication
« Il a passé la nuit de jeudi à vendredi en garde-à-vue. Il s’est excusé platement. Ce gamin frêle a fourni des explications assez lunaires face à des faits ahurissants. Il explique avoir eu des problèmes au collège, mais ne dit pas quoi », précise le procureur. Personne n’en a entendu parler. « Et nous ne savons pas non plus le lien entre ses problèmes au collège et ce qui l’a poussé à piquer le véhicule de son père. » L’essentiel de l’argent volé a été retrouvé. « Il semble qu’il n’avait pas de but, il restait dans le secteur. » Pas d’explication non plus concernant sa maîtrise de la conduite à son jeune âge. « Les fugues sont habituelles à cet âge, mais ce qui est ahurissant, c’est de voir qu’il a pu être capable de mener une course-poursuite, sur une portion accidentogène, à 180 km/h, pied au plancher, sur autant de kilomètres. »
Il a été présenté vendredi après-midi devant le procureur de la République et passera devant le juge des enfants dans un délai de deux mois. Il est poursuivi pour mise en danger délibérée d’autrui, vol, escroquerie, conduite sans permis, ainsi que pour l’ensemble de ses délits routiers. Pour l’instant, il est placé sous contrôle judiciaire avec une obligation de couvre-feu.
« Il va y avoir un suivi et un travail d’évaluation de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). » L’adolescent risque une mesure de placement pénal, ainsi que différentes « mesures éducatives au long court ». Ses parents, eux, risquent des mesures civiles dans le cadre des dommages et intérêts.