Le procès d’une femme de 69 ans accusée d’avoir, en 2017, étouffé avec un oreiller sa mère de 84 ans dont elle s’occupait à domicile à Dorans (Territoire-de-Belfort), s’est ouvert lundi devant la cour d’assises de Vesoul.
(AFP)
Le procès d’une femme de 69 ans accusée d’avoir, en 2017, étouffé avec un oreiller sa mère de 84 ans dont elle s’occupait à domicile à Dorans, s’est ouvert lundi devant la cour d’assises de Vesoul. mis à jour le 11 octobre à 20h49
“Je ne voulais pas la tuer, j’étais pas moi-même”, a bredouillé à l’ouverture des débats Martine Grandjean, petite femme coiffée d’un carré blond, qui s’occupait depuis une vingtaine d’années d’une mère décrite par ses proches comme “méchante” et “humiliante”, voire “tyrannique” à son égard.
Le matin du dimanche 16 avril 2017 à Dorans, les pompiers appelés au domicile de Martine Grandjean, avaient découvert sa mère, Yvonne Blattner, allongée sur un lit, un sac plastique dans la bouche et un oreiller sur la tête. L’accusée, qui avait elle-même donné l’alerte en appelant son frère, a reconnu lui avoir donné la mort. Le corps de la vieille dame présentait des éraflures au niveau des mains, indiquant qu’elle s’était débattue.
Mais un expert psychiatre a conclu à l’altération du discernement de Martine Grandjean au moment des faits. Selon un autre expert, psychologue, la sexagénaire était “dans une détresse psychique extrême, elle était épuisée”. L’accusée s’occupait de sa mère qui lui avait donné le prénom d’une précédente enfant, mort-née, en se rendant chez elle presque quotidiennement.
Trois jours avant les faits, elle l’avait accueillie à son domicile, au retour d’une hospitalisation. La sexagénaire dévouée, qui s’occupait seule de sa mère et cachait sa détresse à ses proches, a “craqué” lorsque la vieille dame lui a dit qu’elle ne voulait pas rester chez elle. “Je lui ai répondu : « Mais où veux-tu que je te mette ? Le mal que tu me fais, le mal que tu me fais… »”, a-t-elle expliqué en tremblant devant la cour, “et là je ne sais plus, j’ai pris ce que j’avais sous la main, je lui ai mis dessus et j’ai dit : « Tais-toi ». Et voilà. Après, j’étais comme vidée”. Pour son frère, “c’est une très bonne personne, elle adorait sa maman, elle a tout fait pour elle”, mais “elle était sous son emprise”, c’était “son esclave” depuis l’âge de ses 14 ans. Leur mère, a-t-il dit, était “maltraitante”, “aimait faire mal” et “rabaissait toujours” ses enfants.
Comme son autre soeur, il ne s’est pas constitué partie civile, apportant son soutien à l’accusée. Martine Grandjean, qui comparaît libre, est jugée pour “meurtre sur ascendant”. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Ses avocats Me Patrick Uzan et Alain Dreyfus-Schmidt plaideront l’acquittement, estimant que “sa responsabilité pénale était abolie”. La cour d’assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort rendra son verdict mardi.