« Les enfants sont victimes de harcèlement, mais pas les adultes » ; « Se moquer de quelqu’un, ce n’est pas grave si cela fait rire les copains et les copines » ; « Quand on voit quelqu’un se faire harceler, c’est difficile d’intervenir » : êtes-vous d’accord ou pas d’accord avec ces affirmations ?
Ce jeudi 6 novembre, des enfants de l’école Jean de La Fontaine, à Cravanche (Territoire de Belfort) ont été amenés à se positionner face à ces affirmations. Ceux qui étaient d’accord allaient asseoir sous un panneau « D’accord » ; les autres sous un panneau « Pas d’accord ». Et ensuite, ils devaient s’efforcer d’expliquer leur choix. Des explications souvent éclairantes sur le ressenti des gamins. Ceux qui étaient d’accord avec la difficulté à intervenir lorsqu’on est témoin de harcèlement expliquaient par exemple qu’ils ne savent pas forcément comment intervenir, qu’ils ne veulent pas « être dans des histoires », qu’ils ont peur d’être à leur tour harcelés s’ils interviennent, voire être rackettés. Les « Pas d’accord » estiment par exemple que « si c’est ta meilleure amie, il faut la protéger », que c’est « faire une bonne action », que « si c’était moi qui étais harcelé, ce serait pas cool ».
Cet atelier de « débat mouvant » (où les enfants sont invités à se déplacer pour prendre position) était organisé en présence de la rectrice, Nathalie Albert-Moretti, venue à Cravanche dans le cadre de la journée contre le harcèlement. Il était animé par deux enseignantes, Nathalie Boileau et Sabine Zimmermann. Une animation très bienveillante où les enfants étaient invités à réfléchir par eux-mêmes, à s’exprimer, à s’écouter. Et une animation avec un message final : « Ne restez jamais seuls face à ces situations : parlez-en à des adultes ».
Prévenir, détecter, prendre en charge
Plusieurs actions sont menées à l’école de Cravanche, elles vont de la mise en place d’un banc de l’amitié, ou un écolier ne doit jamais rester seul à des « ateliers d’écoute » ou des « débats mouvants ». Ils s’inscrivent dans un projet global lancé durant l’année scolaire 2024-2025 et qui se déploie cette année. L’école compte 8 classes de la petite section au CM2. L’enjeu est de sensibiliser aux violences verbales, psychologiques ou physiques.
Un plan de prévention national du harcèlement à destination des écoles, des collèges et des lycées (baptisé PHARE) a été mis au point par le ministère de l’Education national, explique Emmanuelle Hardy, conseillère technique établissements et vie scolaire au rectorat, en charge de la prévention du harcèlement. Il repose sur cinq piliers : Éduquer pour prévenir les phénomènes de harcèlement ; Former une communauté protectrice autour des élèves ; Intervenir efficacement sur les situations de harcèlement ; Associer les parents et les partenaires de l’école au déploiement du programme ; mobiliser les instances de démocratie scolaire (par exemple le conseil de la vie scolaire) et le comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement. Les établissements, à l’instar de l’école de Cravanche, déclinent leurs actions dans ce cadre, avec pour objectifs la prévention, la détection et la prise en charge : « Quand on a un enfant qui ne va pas bien, il faut qu’il y ait une prise en charge, un partage », insiste Emmanuelle Hardy.
Les enfants peuvent être successivement harceleur et victime, ce qui implique de travailler globalement sur les groupes, sans distinguer l’un ou l’autre. De même, on constate que l’empathie naturelle chez les enfants de maternelle tend à diminuer ensuite. Autant de difficultés qu’il faut s’efforcer de détecter le plus tôt possible, afin de préserver le climat scolaire en général : « Il faut se dire que le harcèlement scolaire n’a pas sa place à l’école ».

