Depuis le mardi 5 août 2025, la Ville de Montbéliard a mis en place un arrêté municipal interdisant la circulation des trottinettes électriques (voir ici), mais aussi de tous les autres engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) dans le centre-ville. Sont concernés les gyropodes, hoverboards et autres engins similaires. Ces véhicules ne pourront plus circuler dans certaines rues piétonnes très fréquentées du cœur de ville. Cette interdiction s’étendra jusqu’au 31 octobre 2025. « On ne s’interdit pas de la renouveler », commente Philippe Duvernoy, adjoint au maire à la sécurité, lors d’une conférence de presse mercredi 6 août.
Le périmètre concerné comprend la rue Cuvier dans son intégralité, la rue des Febvres entre la rue Cuvier et la rue Clemenceau, la rue de la Mouche, une portion de la rue de Velotte (du numéro 3 à la rue Cuvier), les deux voies reliant la place Albert Thomas à la rue du Bourg-Vauthier, la rue de l’Hôtel-de-Ville entre le numéro 1 et la rue Cuvier, ainsi que les rues des Étaux et Saint-Martin.
Une signalétique spécifique a été installée afin d’informer les usagers. Il s’agit de panneaux jaunes à l’entrée de deux rues seulement pour le moment : la rue Cuvier et la rue Fèvre.Une tolérance sera de mise jusqu’à la fin de la semaine, mais dès le lundi 11 août, « il n’y aura pas de quartier », prévient Philippe Duvernoy.
Les raisons de cette décision
La municipalité justifie cette mesure par la cohabitation de plus en plus difficile entre les piétons et les utilisateurs d’EDPM. De nombreux signalements de commerçants et d’habitants ont été recensés au fil des mois : comportements dangereux, vitesses excessives, engins utilisés à deux personnes, ou encore slaloms entre les passants.
Philippe Duvernoy, adjoint à la sécurité, explique que la décision a été prise avant l’altercation entre Christophe Froppier, adjoint au maire au commerce, et un utilisateur de trottinette (lire ici). « Agressé ou pas, nous aurions de toute façon pris cet arrêté », relève-t-il. Il évoque une décision municipale datant du mois de juin, même si l’arrêté a été pris le 5 août. « Il y a en quasi-permanence un défilé de trottinettes dans les deux sens, alors qu’il y a un sens interdit dans un sens ! »
Depuis le 1er septembre 2024, les forces de l’ordre ont mené douze opérations spécifiques de contrôle, dont deux en collaboration avec la police nationale, indique la police municipale lors du point presse. Ces opérations ont donné lieu à vingt-trois verbalisations, dont onze pour défaut d’assurance, entraînant la mise en fourrière des engins concernés.
« La semaine dernière, une opération éclair a été menée et sept trottinettes ont été confisquées en quelques heures. » Cette surveillance sera intensifiée dans les semaines à venir, pour accompagner la mise en œuvre de l’arrêté et garantir son respect, prévient la Ville.
Ce que dit la loi : obligation de mettre pied à terre
Les usagers d’EDPM qui pénètrent dans la zone interdite sont désormais tenus de descendre de leur engin et de le pousser à la main. Circuler en roulant, même à faible allure, constitue une infraction au règlement municipal. Le non-respect de cette obligation est passible d’une contravention de deuxième classe, soit une amende pouvant atteindre 150 euros. Les agents de la police municipale, comme ceux de la police nationale, sont habilités à verbaliser les contrevenants.
Pourquoi les vélos électriques, qui peuvent aussi circuler à vive allure, ne sont-ils pas concernés ? Parce que les vélos à assistance électrique (VAE) sont assimilés à des vélos classiques, à condition de respecter certaines règles : l’assistance doit se couper à 25 km/h, le moteur ne doit pas dépasser 250 watts, et il ne fonctionne que si l’utilisateur pédale.
En revanche, les trottinettes électriques relèvent de la catégorie des engins de déplacement personnel motorisés (EDPM). Elles sont soumises à une réglementation plus stricte, car elles fonctionnent sans effort physique et posent davantage de problèmes de sécurité. Leur vitesse est également limitée à 25 km/h, mais beaucoup sont débridées, ce qui est illégal. Elles doivent emprunter les pistes cyclables lorsqu’elles existent, sinon circuler sur la chaussée, mais jamais sur les trottoirs.
Une tendance qui se généralise
Montbéliard n’est pas la seule ville à serrer la vis. À Besançon, la municipalité a récemment rappelé les règles de bonne conduite liées à l’usage des EDPM, face à des comportements jugés anarchiques (lire ici).
À Dijon, une mesure similaire a été instaurée depuis juin : entre 11h30 et 20h, les conducteurs de trottinettes doivent obligatoirement mettre pied à terre pour traverser la rue de la Liberté (lire ici).
Ces initiatives témoignent d’une vigilance croissante face aux risques liés à ce type de mobilité en milieu urbain. D’après le bilan provisoire de l’accidentalité routière en 2024, publié par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 44 utilisateurs d’EDPM ont perdu la vie et 780 ont été grièvement blessés en France, soit une hausse de 16 % par rapport à l’année précédente pour les blessés.