La base de vie des services techniques de la rue Saussot à Belfort, dans le quartier des Résidences, a été détruite par un incendie volontaire déclenché dans le cadre de violences urbaines perpétrées dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin ; la partie administrative a été préservée des flammes par l’intervention des pompiers. Ces violences secouent différentes villes de France depuis la mort de Nahel, à Nanterre, tué mardi par un policier lors d’un contrôle routier. Une enquête est en cours et le policier a été mis en examen.
Le club-house de l’ASMB Tennis a aussi été saccagé, indique Damien Meslot, maire Les Républicains (LR) de Belfort. Les émeutiers ont tenté de mettre le feu au local. 13 véhicules et 55 conteneurs ont par ailleurs été détruits par le feu, dans le quartier. Dans la nuit de mercredi à jeudi, ce sont 5 véhicules qui avaient été détruits. La première estimation des dégâts dépasse le million d’euros. La mairie va déposer plainte contre ces méfaits.
Ces violences urbaines sont « inacceptables », commente Damien Meslot, lors d’un point presse mené avec le préfet du Territoire de Belfort, Raphaël Sodini, ainsi qu’avec les forces de sécurité et les pompiers, ce vendredi après-midi, en mairie. « J’ai une pensée pour les Belfortains qui se sont levés ce matin et qui ont vu leur véhicule incendié », glisse-t-il dans sa prise de parole. « Rien ne justifie cet accès de violence », poursuit-il, sans mentionner les évènements de Nanterre du 27 juin. Il dénonce, par contre, l’attitude et les déclarations d’élus de la France insoumise, qu’il accuse d’avoir provoqué les émeutes.
40 à 50 personnes aux Résidences
« Je demande solennellement aux parents de veiller à ce que les enfants et notamment les mineurs, ne soient pas dans les rues la nuit », a-t-il ajouté. Il a aussi mis en garde les parents des mineurs qui seraient appréhendés et mis en cause. Il se dit prêt à engager des procédures au civil « pour les faire payer ». « Ce n’est pas au contribuable de payer pour l’absence de surveillance des parents », a tancé Damien Meslot.
L’éclairage public sera remis toute la nuit dans l’ensemble de la ville. La police municipale est mobilisée pour sécuriser les bâtiments municipaux et des compagnies de sécurité privée vont renforcer le dispositif. Le couvre-feu n’est pas à l’ordre du jour, mais le premier magistrat de la ville ne s’interdit rien si cela perdure après les Eurockéennes. Le ministère de l’Intérieur a demandé l’arrêt des transports en commun en France, dès 21 h, dans ce contexte de violences urbaines. Le festival belfortain limite cette possibilité localement.
« Les fauteurs de trouble », pour reprendre les éléments de langage des autorités, sont « jeunes » voire « très jeunes » observent-elles. Jusqu’à 40 voire 50 personnes ont été observées détaille Raphaël Sodini. Des arrêtés préfectoraux ont été édités, pour notamment interdire l’achat, la distribution ou la vente de carburants, l’utilisation d’artifices ou la vente de produits inflammables. Le préfet autorise également « le survol en drone des quartiers des Résidences, des Glacis et de l’Arsot, à Offemont », pour « renforcer la visibilité des forces de l’ordre ». Le représentant de l’État « invite tout le monde à l’apaisement, au calme et à la responsabilité ».
Les émeutiers étaient organisés, sans que ce soit une organisation à la manœuvre. Selon la police, ils déclenchent des incendies pour attirer les forces de sécurité et les pompiers, pour ensuite « en découdre ». « Nous avons été l’objet de tirs de mortier et de cocktails molotov », confirme le commandant divisionnaire Bertrand Branger, directeur départemental adjoint de la sécurité publique. Les forces de police s’appuient sur le réseau de vidéo-protection de la Ville de Belfort et de quelques communes alentours a souligné et apprécié le préfet. 140 caméras, dont une partie dotée de vision nocturne, sont déployées à Belfort. Des gendarmes ont également renforcé les effectifs de la police. La police peut aussi solliciter des renforts de la région ; aucune compagnie de CRS n’est prévue en soutien car elles sont déployées dans des zones où l’intensité est encore plus forte.
Aucune interpellation n’a été faite au cours de la nuit. Les forces de l’ordre cherchent plutôt à étoffer les dossiers afin, ensuite, de les présenter à la procureure de la République ; des interpellations pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines.
Des heurts à Montbéliard, Audincourt et Héricourt
Dans le pays de Montbéliard et à Héricourt, l’intensité est légèrement tombée dans la nuit de jeudi à vendredi, contrairement à celle de mercredi à jeudi. C’était particulièrement tendu à Héricourt, dans le quartier des Chenevières ; des tirs de mortier sont confirmés par les autorités. Des engins ont été détruits à la Petite-Hollande, sur un chantier de Néolia. Le quartier des Champs-Montants, à Audincourt, a aussi été touchés. On déplore des feux de véhicules (2), de cabanons de chantier et de poubelles dans ces trois zones, ainsi que la construction de barricades. Ce vendredi, la Ville de Montbéliard “a pris un arrêté municipal interdisant la circulation des mineurs de moins de 18 ans non accompagnés d’une personne adulte ayant autorité parentale, du vendredi 30 juin 2023 au vendredi 14 juillet 2023 inclus, entre 21h et 6h, et ce sur l’ensemble du territoire communal”.