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Belfort : le directeur des pompiers veut construire « un Sdis pour l’avenir »

Les colonels Stéphane Berrez et Philippe Pautigny, respectivement directeur-adjoint et directeur du Sdis 90. | ©Le Trois – Thibault Quartier
Entretien

Les pompiers du Territoire de Belfort ont célébré leur patronne, sainte Barbe, le 6 décembre. L’occasion de faire le point sur l’institution, ses projets, son organisation. Une institution qui a traversé de nombreuses crises ces dernières années. La direction du service départemental d’incendie et de secours trace les contours de sa nouvelle ambition.

C’est un binôme de direction tourné vers l’avenir qui a accueilli Le Trois à l’état-major des pompiers du Territoire de Belfort, à Belfort, rue Romain-Rolland, au lendemain de la Sainte-Barbe départementale à Delle. Le colonel Philippe Pautigny, directeur du service départemental d’incendie et de secours du Territoire de Belfort (Sdis 90), et le colonel Stéphane Berrez, directeur-adjoint, ont tracé les grandes lignes du chantier lancé il y a près d’un an : le nouveau cap des pompiers du Territoire de Belfort, intégré dans le projet CAP 2024-2028. L’idée, « construire un Sdis pour l’avenir », résume Philippe Pautigny, tant au niveau de l’anticipation des risques à couvrir que de l’organisation de l’institution, du recrutement des volontaires ou de la valorisation des actions du Sdis 90.

Ce programme se construit autour de quatre axes : renforcer le pilotage de l’établissement pour une organisation modernisée ; recentrer le service sur son cœur de métier ; valoriser la force de la complémentarité des acteurs ; et amplifier la valorisation du volontariat. L’année 2024 a permis de construire ces axes. L’année 2025 doit permettre de définir les actions à mettre en place et qui seront déclinées jusqu’en 2028. Et toutes les actions « vont être intégrées dans le CAP », promet le colonel Philippe Pautigny.

En images – Sainte-Barbe 2024

Photos prises par ©Sdis 90 – Olivier Rognon

Nouveaux risques

Le programme intègre notamment les travaux autour du schéma départemental d’analyse et de couverture des risques (Sdacr). Un document, comme son nom l’indique, qui anticipe les risques à venir et définit la manière d’y répondre. On évoque, par exemple, les risques émergents autour de l’hydrogène, des feux de forêt et d’espaces naturels ou encore les risques climatiques (inondation, tempêtes…). Ce processus « nous oblige à nous poser les bonnes questions », indique le directeur. Quels sont les besoins réels ? Que ne doit-on plus poursuivre ? Que doit-on développer ? Quelles sont les formations nécessaires ? Celles caduques ?

Pour « objectiver l’analyse », dixit le colonel Pautigny, et s’affranchir « des ressentis », le Sdis a fait appel à un cabinet extérieur pour lancer les travaux du Sdacr et moderniser l’approche ; les travaux des groupes internes au Sdis seront intégrés à l’étude indiquait Philippe Pautigny lors de la Sainte-Barbe. Des mutualisations sont lancés avec les voisins, à l’instar du marché « oxygène », contracté avec les pompiers du Doubs. L’entretien des véhicules légers des pompiers est effectués par le conseil départemental, libérant ainsi les mécaniciens du Sdis pour les missions sur les camions spécifiques des pompiers. « Nous ne sommes pas tout seul », insiste le colonel Philippe Pautigny. On ne peut plus travailler chacun dans son département. Il faut multiplier les collaborations, à l’image de ce qui existe à l’échelle nationale, pour la lutte contre les feux de forêt par exemple, ou ce qui a été fait lors des Jeux olympiques où une vingtaine de pompiers belfortains est allée à Paris pour assurer les secours dans la capitale.

La volonté du Sdis consiste notamment à se recentrer sur son cœur de métier : l’urgence. Un travail peut ainsi être engagé avec les transporteurs privés et les associations de protection civile, notamment dans la prise en charge du vieillissement de la population, qui mobilise les pompiers comme tous les acteurs de la santé. Une idée que l’on retrouve dans la volonté de renforcer « la complémentarité des acteurs », que l’on observe encore lors des grands événements, comme les Eurockéennes. Dans ce sens, les exercices de sécurité civile doivent permettre à se connaître entre acteurs. Et ces exercices « montent en gamme », assure l’officier.

Promouvoir le volontariat

Le CAP se focalise aussi sur le volontariat ; les pompiers du Territoire de Belfort comptent 450 pompiers volontaires. « Le covid a laissé des traces dans l’engagement », convient Philippe Pautigny. Ce programme s’appuie sur deux objectifs : recruter et fidéliser. Une campagne de recrutement s’est matérialisée par une journée de tests, à l’automne. Une autre est prévue au printemps. Aujourd’hui, on peut s’engager jusqu’à 67 ans et 72 ans pour les médecins.

En s’appuyant sur les travaux nationaux, un Livre blanc du volontariat est lancé. La communication doit aussi être renforcée, tout comme les actions qui favorisent le recrutement : conventions avec les entreprises pour avoir plus de flexibilité et de disponibilité des pompiers volontaires ; poursuivre la création d’une réserve départementale de soutien, ouverte aux pompiers retraités… Sur ce dernier point, « nous avons la volonté de mieux fédérer et employer les anciens sapeurs-pompiers, de créer du lien et de profiter de leur expérience », estime l’officier, qui veut « valoriser ce qu’on fait bien ».

« Ce qui me motive, c’est de donner du sens, de retrouver une ambition commune et de fédérer les acteurs », garantit-il, convenant que « la grève a laissé des traces » (lire nos articles). Mais il veut tourner de la page et aller de l’avant. « Le secret du changement, c’est de concentrer toute notre énergie non pas à lutter contre le passé, mais à construire l’avenir », note le colonel Philippe Pautigny, invoquant le philosophe Socrate. Comme un vœux pieux pour fédérer les pompiers du département vers de nouveaux horizons.

14 médailles de la Sécurité intérieure

À l’occasion de la Sainte-Barbe, 14 médailles de la Sécurité intérieure ont été attribuées à des pompiers belfortains, dans le cadre des interventions lors des violences urbaines, à l’été 2023. « Une belle reconnaissance », salue le colonel Pautigny, à l’initiative des attributions. « Nous sommes là pour sauver, protéger, pas être agressés », ajoute-t-il. Le colonel Berrez indique, à ce sujet, que le Sdis déploie actuellement des gilets pare-lame, pour protéger les pompiers lors de certaines interventions. Le Sdis 90 compte près de 600 personnes, dont 450 pompiers volontaires, 125 pompiers professionnels et 25 personnels administratifs.

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