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Belfort : au lycée Courbet, une rentrée prévue sans heures de soutien et sans spécialité musique

Le personnel enseignant monte au créneau et veut multiplier les actions pour empêcher les suppressions d'heures. | ©Le Trois - EC ​
69 heures supprimées par semaine dès la rentrée prochaine au lycée Courbet à Belfort. C’est ce qu’annoncent le syndicat SNES-FSU et le personnel enseignant pour la rentrée 2023, à la suite des annonces faites par le rectorat lundi 23 janvier.

La nouvelle était attendue. Mais elle a quand même été reçue comme un coup de massue, au lycée Courbet, à Belfort. Le rectorat de Besançon a annoncé la suppression de 69 heures de cours par semaine à la rentrée prochaine par rapport à l’année 2022, ainsi que la suppression d’un poste en français et en SVT, expose Benoit Guyon, enseignant en sciences économiques et sociales au lycée Courbet et représentant syndical du SNES-FSU. Il dresse un constat de la situation et dénombre 73 postes supprimés dans l’académie de Besançon pour la rentrée 2023. Dans le Territoire de Belfort, ce sont 69 heures supprimées pour le lycée Courbet. Presque autant pour le lycée Condorcet (68 heures). Ou encore entre 8 et 10 heures en moins pour le lycée Follereau. Il tient ces chiffres de projection transmise par le rectorat lundi 23 janvier. Une situation au goût de déjà-vu. Il y a deux ans, Benoît Guyon raconte que 55 heures de cours avaient déjà été supprimées au lycée Courbet. Cela avait entraîné la suppression de certaines options et la suppression des demi-groupes. Cette annonce est vue « comme une deuxième saignée ». 

Pour répondre à ces suppressions d’heures,la direction a présenté un projet pour la rentrée 2023 de retrait des heures d’accompagnements personnalisés (AP) pour les élèves ; des créneaux de soutien de deux heures par semaine et par niveau qui permettent de consolider les bases pour ceux qui en ont besoin.  

« En cours, avec la suppression des demi-groupes, nous n’arrivions déjà plus à nous occuper de ces élèves-là », confie le représentant syndical. Ces nouvelles contraintes vont venir gratter sur le peu d’heures qui restaient pour s’occuper des jeunes qui en ont le plus besoin.  « Nous commençons à être à l’os. Si cela continue ainsi, nous ne pourrons plus rien supprimer. Nous passerons à des classes à 50 élèves, peut-être.» Benoit Guyon s’attendait au pire, mais pas à ce point. Il ne pensait pas que le rectorat leur supprimerait encore autant d’heures. 

Pour Esthel Plasman, professeur de lettres en première, la suppression des heures d’accompagnement est impensable. « Le programme est devenu tellement lourd pour le bac (le bac de français se déroule en classe de première, ndlr) que les quatre heures par semaine ne suffisent pas. Alors, nous nous servons des heures d’accompagnement personnalisé pour continuer le travail sur le programme.» Elle ne voit pas comment elle pourrait faire autrement. « On ne peut pas les préparer aux oraux et aux écrits sans ces heures, c’est tout bonnement impossible. Supprimer l’AP, c’est ne pas pouvoir finir le programme avant le bac et oublier ceux qui en ont le plus besoin.»

Suppression de la spécialité musique

Ces annonces vont aussi jouer sur les options. Benoit Guyon explique qu’il y a au lycée Courbet neuf spécialités généralistes. Et d’autres spécialités qu’on ne retrouve pas ailleurs comme le cinéma audiovisuel, la musique, le théâtre. Il existe aussi des options en lien avec des langues comme l’italien, le chinois ou encore l’arabe. Et des sections européennes anglais, allemand, espagnol. Ainsi qu’une section sportive. 

La prochaine étape, c’est la suppression de ces options. Pour septembre 2023, c’est déjà décidé, confirment trois professeurs : l’option musique sera sacrifiée. « Nous appauvrissons l’offre de formation. Pourtant, elle compte énormément pour Parcoursup et l’orientation.» D’autant plus que les suppressions d’options entérinent les inégalités. Pour étudier avec une spécialité musique, il faudra désormais se rendre jusqu’à Besançon. « Les familles qui ont le moins de moyens ne pourront pas assumer les frais s’il faut envoyer leurs enfants dans une autre ville pour le lycée. Encore une fois, ce sont les plus défavorisés qui vont trinquer.»

Esthel Plasman raconte que lors de la dernière réunion avec la direction, celle-ci aurait affiché le fait qu’au fil des années, certaines options devraient encore être sacrifiées pour faire face. Jusqu’ici, elle a réussi à les conserver en réunissant les trois niveaux (seconde, première, terminale) et en passant de trois à deux heures par semaine les options. 

Accumulation de contraintes

Jérôme Philippe, professeur de sciences économiques et sociales au lycée Courbet témoigne aussi par téléphone. Professeur principal d’une classe de seconde cette année, il est très inquiet de ces annonces. Enseignant depuis 22 ans, il constate une détérioration constante des conditions pour les élèves (et les professeurs) depuis quatre ans maintenant. « On nous a supprimé toutes les possibilités. Nous sommes désormais constamment en classe à 35, alors que nous pouvions créer des demi-groupes avant.» Ce temps réduit qui s’annonce, c’est encore moins de temps pour travailler avec les jeunes sur leur orientation, leur difficulté.

 Il explique aussi que les jeunes en terminale sont désormais pris à la gorge par la nouvelle réforme du bac. Une partie des épreuves est désormais programmée au mois de mars. Des épreuves qui valent pour 34% de la note finale de l’examen. « Aujourd’hui, nous avons moins d’heures, mais aussi moins de temps pour leur faire assimiler le programme. Nos élèves se rendent compte que c’est très court. Tout ça, c’est une accumulation de contraintes qui crée un climat anxiogène. Le lycée, ce n’est pas censé être ça.» 

Les suppressions des heures d’accompagnement personnalisé sont pour lui l’un des plus gros problèmes, même s’il sait qu’il n’y a pas d’autres solutions pour se plier aux contraintes du rectorat. « C’était un lieu de re-médiation pour les étudiants. Tout ce que cela entraîne : c’est un renforcement des inégalités. Ceux qui ont des situations difficiles à la maison ou à l’école ne peuvent plus être accompagnés comme il faudrait.» 

« L’impression de mal faire notre travail »

« En clair, pour les élèves, désormais, ce sera marche ou crève », complète, très remonté, Benoit Guyon. « Cela me met dans une situation paradoxale où j’essaye de tout faire dans les temps pour qu’ils puissent voir le programme. Et en même temps, ces conditions nous donnent l’impression de constamment mal faire notre travail », image Jérôme Philippe.  

Les différents organismes syndicaux et les professeurs comptent tracter et informer tous les parents de la situation pour tenter de faire bouger la situation. Ils ont d’ailleurs commencé ce vendredi 27 janvier. Les personnels d’éducation du lycée Courbet ont écrit à la rectrice, selon un courrier que nous avons pu consulter, demandant le maintien des heures « nécessaires aux légitimes ambitions des élèves que nous accueillons.» Pour eux, il n’est pas acceptable de continuer à enseigner dans des conditions pareilles. Le rectorat, sollicité, n’a pas répondu à nos questions. Le conseil d’administration qui doit se tenir lundi prochain (30 janvier) pour valider les décisions évoquées plus haut dans ce papier devrait être boycotté, confirment les professeurs. Ils envisagent des rassemblements. 

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