Sur l’une des dernières étapes, ce jeudi, Pascale Seigeot, organisatrice et secrétaire générale de la fédération française d’aérostation, nous embarque sur les routes pour suivre cette épreuve. Reportage.
Depuis lundi, une soixantaine de montgolfières se meuvent dans le ciel, surplombant le nord Franche-Comté à l’occasion du 48e championnat de France de montgolfières. Sur l’une des dernières étapes, ce jeudi, Pascale Seigeot, organisatrice et secrétaire générale de la fédération française d’aérostation, nous embarque sur les routes pour suivre cette épreuve [Reportage].
Le réveil sonne. Il faut partir vite pour se rendre au Phare à Belfort pour recueillir les premières informations. Il est 5h. L’air est encore frais, avant une journée annoncée comme la plus chaude de la semaine. Sur place, c’est déjà l’ébullition. Les nacelles attendent patiemment sur le parking à l’arrière, tandis qu’à l’intérieur, les pilotes sont assis par binôme. Ils se concertent religieusement. Ils contrôlent. Au fond, deux pilotes étudient les conditions du jour : nébulosité, visibilité et vitesse du vent.
L’épreuve du jour consiste à atteindre quatre points cibles, et de lancer sur trois d’entre elles un marqueur, une bande de tissu de 1,70 mètre lestée d’un petit sac de sable. La quatrième cible, elle, est virtuelle.
Ce jeudi, ils passeront au-dessus de Valdieu-Lutran, Montreux-Vieux et Novillard. Les organisateurs annoncent les conditions du jour. « Des questions ? » Aucune. 5h50 : un ballet de voitures et de remorques se prépare à trouver le meilleur terrain pour décoller. « Il n’y a pas de règles concernant le terrain de départ. Ils doivent trouver le meilleur endroit pour atteindre leur cible. Ici, nous avons été obligés d’aller jusqu’en Alsace à cause du vent au sol », explique Pascale Seigeot, secrétaire générale de la fédération française d’aérostation, alors que nous embarquons en voiture pour suivre le ballet de lumières. Très vite, il disparaît. Chacun va très rapidement pour traverser les 20 kilomètres qui les séparent de leur première cible.
Sur la route, Pascale Seigeot raconte, un peu émue, son parcours. « Lorsque j’étais enseignante, le papa d’une élève m’a offert mon premier vol. C’était en 2006. L’année d’après, il a renouvelé sa proposition et c’est lors de ce vol que j’ai rencontré mon actuel mari.» Son mari, Raymond Seigeot, est pilote et président du comité d’organisation. « Aujourd’hui, sur le championnat, nous avons aussi notre fils, Clément », détaille-t-elle en souriant. Un fils qui lui aussi, s’est épris du ballon. Il est actuellement 3e mondial et 1er national. Le soleil se lève, offrant un spectacle de lumières roses.
Le top départ
De nombreux pilotes se sont trouvés au même endroit pour décoller, dans un champ non loin de la première cible. Il est 6h40. Lorsque Pascale arrive sur place, tout le monde se met en place, en ébullition. Les ventilateurs s’activent d’un côté pour insuffler de l’air froid dans l’enveloppe de la montgolfière. De l’autre côté, une odeur de brûlé attire l’attention. De puissantes flammes sont déjà en train d’aider l’enveloppe de plusieurs montgolfières à se relever. C’est le top départ. 6h52 : la première montgolfière, aux bandes bleues et vertes, vole vers sa cible. C’est parti.
Il faut aller vite, pour les rejoindre en voiture sur leur première cible. Pascale rentre les données GPS sur son téléphone. Go.
Qui aura le meilleur lancé ?
Direction la première cible. Le spectacle est magnifique. Il est 7h et le soleil se lève. Les équipes accompagnatrices et les passionnés sont déjà là. Au sol, une croix blanche est dessinée. La première équipe lance son marqueur. Tel un javelot. Chacun a sa stratégie : voler haut, et envoyer de loin. Raser le sol, et essayer d’être précis. « Mais attention, s’il touche le sol, c’est éliminatoire », pointent des pilotes sur place, qui s’occupent sur le championnat des ballons fiesta : des montgolfières qui font voler les passagers. Pascale, tout à côté, photographie ces instants précieux, l’air émerveillée.
En route vers la deuxième et la troisième cible, elle raconte avoir organisé ce championnat en un an, un an et demi. Avoir couru après le temps. Avoir trouvé des financements pour permettre à Belfort d’accueillir ce championnat. « On ne l’a pas fait pour rien. Rien que quand les gens nous appellent pour nous dire qu’ils voient les montgolfières de chez eux et apprécient le spectacle, cela nous fait chaud au cœur.»
Les routes et les feux ralentissent le périple. Pascale ordonne : « Nous n’aurons pas le temps de voir la deuxième cible. Direction la troisième ! » Sur place, la quasi-totalité des 40 montgolfières en lice est déjà passée. Il n’en reste qu’une ou deux, il est 7h40 et le soleil commence à réchauffer les terres. La stratégie de raser le sol fonctionne pour l’avant-dernier ! Il met le marqueur, en plein dans le mile.« On ne connaîtra pas les résultats finaux avant ce samedi. Il reste encore trois étapes », expose Pascale. C’est parti pour l’atterrissage, un peu plus loin.
A terre, Pascale retrouve deux pilotes. L’un raconte s’être bien rattrapé sur cette épreuve, tandis que le second, Jean, n’est pas convaincu. Il blague : « Je n’avais pas de volant, je ne sais pas ce qui s’est passé ! Je suis content de travailler avec mon équipe, mais le pilote, j’ai deux trois trucs à lui dire ! » On remballe. L’enveloppe d’abord. Puis on pousse la navette sur les rails des remorques. Un travail d’équipe. Impossible de faire cela tout seul.
Sur la route du retour vers le Phare, où les pilotes doivent venir déposer leur routeur pour faire analyser leur coordonnée GPS, Pascale Seigeot partage : « Avec mon mari, on s’est demandé ce qu’on allait faire après le championnat. On s’est beaucoup investi alors…» Mais elle avoue quelques secondes après se diriger vers la Slovénie d’ici trois semaines pour la compétition Fai World Hot Air Balloon Championships. De quoi ne pas perdre le rythme de cette passion née il y a maintenant 16 ans, pas prête de s’éteindre.