Les éléments de l’enquête recueillis jusqu’à présent font dire au procureur qu’il s’agit d’un « crime d’une stupidité sans nom, sans doute le plus bête de l’année ». Les faits sont intervenus dans la nuit de samedi à dimanche. Deux hommes originaires d’Audincourt, amis depuis une quinzaine d’années, se sont retrouvés au domicile de l’aîné, âgé de 44 ans, à Autechaux-Roide, pour passer un week-end ensemble. Le plus jeune, âgé de 39 ans, père de cinq enfants et divorcé depuis quelques mois, habite en Saône-et-Loire. Tous deux ont un emploi. Selon les témoignages recueillis par les gendarmes, les deux hommes se rendent chez différentes personnes au cours de la soirée et consomment pastis, bière et whisky. Ils retournent ensuite à Autechaux-Roide, au domicile de l’aîné. Un peu avant 3 heures, ce dernier, paniqué, alerte sa mère du drame. Les pompiers interviennent, puis les gendarme. Ils découvrent dans la pièce principale un homme tué d’une balle en pleine tête. Un revolver à barillet, de type Magnum, est posé sur une table basse à proximité. L’occupant des lieux reconnait immédiatement être l’auteur du tir ; les enquêteurs ne constatent aucune tentative de dissimulation de preuve.
Un seul tir, mortel
Selon le récit du suspect, il aurait montré à son ami l’arme achetée l’été dernier à un particulier (décédé depuis) et aurait joué avec en la faisant tourner autour de son doigt, façon cowboy de cinéma. Pour avoir effectué des tirs après l’avoir achetée, il pensait qu’elle n’était pas chargée. Il a déclaré avoir voulu donner l’arme à son ami pour qu’il fasse de même, et aurait trébuché alors qu’il avait le bras tendu. C’est alors que le coup de feu serait parti accidentellement. Dans un premier temps, le suspect a été placé en garde à vue pour assassinat, détention illégale d’arme de catégorie B et refus de dépistage d’alcoolémie. En effet, dans un premier temps, le mis en cause a refusé de se soumettre à tout dépistage, au motif qu’il n’était pas au volant. Le procureur indique qu’il présentait cependant des signes importants de consommation d’alcool et que des bouteilles vides et des verres ont été trouvés dans la pièce où s’est déroulé le drame.
Un dépistage a finalement été effectué dimanche, afin de s’assuré que le suspect pouvait être entendu par les gendarmes. Outre la gendarmerie de Pont-de-Roide, la brigade de recherche de Montbéliard et un technicien de l’identité criminelle de Besançon ont été engagés à la demande du capitaine Cédric Muller, adjoint au commandant de compagnie de Montbéliard. Les éléments retrouvés sur place ont confirmé qu’il n’y a eu qu’un seul tir, mortel.
Pas de trace de lutte
L’autopsie, réalisée lundi, a confirmé qu’il n’y avait pas eu de lutte. La balle a traversé la tête de la victime depuis la tempe gauche et est ressortie derrière l’oreille droite. L’autopsie révèle qu’elle a été tirée à moyenne distance, ce qui exclut l’hypothèse d’un jeu de roulette russe où la victime aurait elle-même tiré. Les constatations sur place et l’autopsie font cependant douter le procureur de la totale véracité des déclarations du mise en cause : le type d’arme nécessite en effet une force d’action sur la gâchette qu’il estime incompatible avec un faux mouvement. A moins que l’arme ne soit défectueuse. Celle-ci est en cours d’expertise.
Le suspect a été plusieurs fois condamné pour des conduites en état d’ivresse et, en 2005, pour homicide involontaire : un ami, passager de sa voiture, est décédé dans un accident alors qu’il conduisait sous l’emprise de l’alcool.
Le procureur a ouvert une information judiciaire pour meurtre par personne en état d’ivresse manifeste, refus de dépistage, détention illégale d’arme de catégorie B. A l’issue du débat devant le juge des libertés et de la détention, il a été placé en détention provisoire.