Sous l’enseigne de la rue, une mention supplémentaire rappelle désormais le parcours d’Ambroise Croizat, cet ouvrier métallurgiste devenu ministre du Travail et de la Sécurité sociale entre 1945 et 1947, figure centrale du Conseil national de la Résistance et artisan de la création du système solidaire français, promulgué le 4 octobre 1945.
L’initiative, portée par la CGT, l’Institut d’histoire sociale de la CGT 90 et le Parti communiste, entendait raviver la mémoire d’Ambroise Croizat et rappeler les fondements d’un modèle que ses défenseurs jugent fragilisé. Dans une prise de parole, Luc Kahl, représentant de la CGT des hospitaliers, a tenu à rappeler que « la Sécurité sociale n’est pas une œuvre de charité, ce n’est pas une faveur de l’État, ce n’est pas une simple administration. C’est une conquête ouvrière, née des luttes, portée par la CGT, imposée au patronat et à l’État ».
Le syndicaliste a retracé l’esprit de 1945, celui d’une « prise de pouvoir des travailleurs sur leur propre argent », à travers un système reposant sur les cotisations et une gestion directe par les assurés. Une autonomie progressivement rognée, selon la CGT, par la montée des logiques comptables et financières dans la santé publique. « Cette plaque n’est pas un objet de musée. Elle nous rappelle que la Sécurité sociale est une conquête du mouvement ouvrier. Et que, comme toute conquête, elle doit être défendue, renforcée, reconquise », a-t-il poursuivi.

« Financiarisation de la santé »
Le syndicat hospitalier a profité de ce rassemblement pour dénoncer la « financiarisation de la santé », l’endettement des hôpitaux et la dégradation des conditions de travail et de soins. Il appelle à réaffirmer la vocation première de la Sécurité sociale : répondre aux besoins de la population, non à ceux du marché.
Pour la CGT, l’avenir passe par un retour à une gestion ouvrière et démocratique des caisses, une politique d’investissement massif dans l’hôpital public et le développement des centres de santé, « où les soignants travaillent sans dépassements d’honoraires, au service de toutes et tous ».
À travers cet hommage, les militants ont voulu rappeler que la Sécurité sociale reste, quatre-vingts ans après sa création, un symbole d’émancipation sociale et un enjeu de lutte contemporaine. « La Sécurité sociale doit rester notre bien commun, doit à nouveau être gérée par les travailleurs, doit être intégrale, pour répondre aux besoins de la population, et jamais pour engraisser le capital », ont-ils martelé.