(AFP)
L’affaire Frédéric Péchier a connu une “avancée majeure” avec le dépôt des dernières expertises, socle des six dernières mises en examen de l’anesthésiste désormais soupçonné de trente empoisonnements de patients dont douze mortels, a déclaré ce vendredi 31 mars le procureur de la République de Besançon. “C’est une avancée majeure que le dépôt de ces trente-deux rapports attendus, avec un travail considérable dans chaque dossier, accompli par deux experts”, a souligné Etienne Manteaux lors d’une conférence de presse durant laquelle il a détaillé, cas par cas, les conclusions de chacun de ces rapports.
La fin de l’instruction ne semble toutefois pas encore en vue, des recours ayant été formés, notamment par la défense, et d’autres actes sont en cours, a tempéré le magistrat. Celui-ci ne peut “à cette heure nullement (se) prononcer sur la clôture de cette information judiciaire”, ni donner une “date probable”.
Remises récemment, cette troisième série d’expertises a servi de socle aux trois journées d’interrogatoires menées ces dernières semaines par la juge d’instruction Marjolaine Poinsard, achevées mercredi et qui ont vu M. Péchier, 51 ans, être mis en examen pour six nouveaux cas présumés d’empoisonnements de patients.
Des « erreurs médicales » de ses confrères
Au total, sur les trente-deux cas dont elle était saisie, la juge l’a mis en examen pour trente d’entre eux, dont douze mortels. Il a été placé sous le statut, plus favorable, de témoin assisté pour les deux restants, faute de charges suffisantes.
M. Péchier est soupçonné d’avoir pollué, entre 2008 et 2017, les poches de perfusion de patients dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.
Après avoir gardé le silence durant les deux premiers interrogatoires, M. Péchier a soutenu mercredi que la majorité des incidents survenus sur la table d’opération résultaient d’“erreurs médicales” de ses confrères, a relaté M. Manteaux.
Dans la grande majorité des cas, les expertises ont conclu à des “suspicions fortes” que des produits, comme de la lidocaïne, avaient été administrés aux patients venus se faire opérer dans les deux cliniques de Besançon où officiait M. Péchier, a souligné M. Manteaux. La présence de M. Péchier au moment où les patients étaient victimes d’arrêts cardiaques sur la table d’opération a également été relevée par plusieurs de ses collègues anesthésistes, désemparés devant les événements indésirables graves (EIG) dont étaient subitement victimes leurs patients, auxquels M. Péchier venait administrer un antidote, a-t-il encore indiqué.