Deux rapports consacrés à la mise en place du réseau de Transport à haut niveau de service (THNS) EvolitY, ont une nouvelle fois illustré les divisions au sein de l’agglomération montbéliardaise sur la question des transports. En ligne de mire : la politique tarifaire. Et une réflexion de plus en plus forte autour de la gratuité du service.
« On vote sur ce qui est soumis à consultation publique », prévient François Niggli, conseiller communautaire en charge des transports, après avoir lu le premier rapport du conseil d’agglomération du jeudi 22 novembre, consacré aux transports en commun. En clair, on n’est pas là pour débattre du projet THNS. Il sera justement soumis à la population pour pouvoir être affiné avant sa mise en service au printemps 2019. Éric Lançon, élu d’opposition socialiste à Montbéliard, a surtout constaté que les ajustements impliquent un investissement d’1,8 million d’euros, qui n’était pas envisagé initialement par le prestataire. « L’offre de Marfina était celle qui gardait le plus de chauffeurs pour 2019 », répond François Niggli, insistant ainsi sur le coût social non pris en compte par l’élu montbéliardais, mais acquiesçant, de facto, une augmentation du coût d’exploitation.
Baisse pour les étudiants
L’augmentation, on la note aussi sur le prix du billet. Le pass 10 voyages “social” passe de 4,5 euros à 5 euros (soit 11 % de hausse). Même constat pour le pass 10 voyages “senior”. Presque 3 % d’augmentation (de 345 à 355 euros) sont constatés également pour l’abonnement Fréquence, version annuelle. Noëlle Grimme, élue d’Audincourt, et Nicolas Pacquot, d’Étouvans, ont tiré la sonnette d’alarme. Et le second nommé de relever : « Le tableau de Moventis est une insulte à notre intelligence. » Il reproche les nombreuses augmentations, alors que le tableau souligne une baisse générale. Le tableau ne révèle en effet pas le nombre de titres de transport vendus dans chaque catégorie. De fait, on ne peut pas appréhender le poids de ces modifications.
Des baisses sont aussi à mettre au crédit de Moventis. Notamment, l’abonnement annuel étudiant. Il passe de 170 à 150 euros (soit une baisse de 13 %). « Ce prix ne convenait pas », accorde François Niggli. La baisse correspond donc à une politique commerciale, visant à « déclencher l’envie de prendre cet abonnement ». Le tarif du pass 1 voyage est également resté à un euro. « Un chiffre rond, c’est aussi des trajets plus fluides », insiste François Niggli. Les élus ont validé cette politique tarifaire. Le rapport a été approuvé largement. Sur 107 votants, 14 ont voté contre et 18 se sont abstenus.
Les usagers ne paient que 12 % du service
Dans ce contexte, Éric Lançon a relancé le débat sur la gratuité des transports, se référant à ce que font désormais les agglomérations de Dunkerque, Niort ou Aubagne. « Il ne faut pas avoir une position dogmatique sur ce sujet, suggère l’élu de Montbéliard, qui pose la question climatique en toile de fond. Une vingtaine de communes le font déjà. La volonté est d’augmenter le nombre de passagers. » Un propos qui fait écho à celui de David Barbier, élu d’Audincourt. « Alors que l’on reproche à notre territoire d’être trop “voitures”, on prend la marche inverse », déplore-t-il, s’étonnant d’une augmentation des tarifs, alors que la qualité de services n’augmente pas, ou peu. Et de proposer : « La gratuité des transports est purement politique. Pourquoi ne pas la proposer quelques week-ends par an. Pourquoi ne pas s’engager dans cette voie » ? François Niggli fait part de son scepticisme et rappelle qu’aujourd’hui, l’usager ne paie réellement que 12 % de la dépense. Et questionne, ensuite, la part sociale d’une telle décision : quel avenir pour les contrôleurs ou les salariés en charge du marketing et de la partie commerciale ?
La taille de l’agglomération est souvent utilisée comme un argument d’autorité pour ne pas s’engager dans cette voix. « C’est le plus petit des grands réseaux », constate ainsi François Niggli. Pays de Montbéliard agglomération, c’est 72 communes et 142 000 habitants. À titre de comparaison, l’agglomération de Dunkerque compte 200 000 habitants et regroupe 17 communes, l’agglomération de Niort, c’est 120 000 habitants répartis dans 42 communes et le pays d’Aubagne, c’est 103 000 habitants, vivant dans 12 communes. Une vraie réflexion est à mener autour des transports. Mais elle doit associer l’ensemble du bassin de vie et être pensée à l’échelle de l’Aire urbaine. Là-dessus, tout le monde est d’accord.