
J’ai vu une très belle vitrine du Territoire de Belfort avec des entreprises très structurantes comme Alstom ou Arabelle, mais aussi des PME et des start-up. Mais j’ai surtout vu un écosystème assez enthousiasmant autour de ces entreprises, qui est là pour leur faciliter la vie, leur permettre de s’implanter, de recruter…

Qu’est-ce qui vous a surpris ?
Ce qui m’a surpris, c’est « le chasser meute », c’est-à-dire la capacité des uns et des autres à travailler ensemble, à s’entraider, à trouver des objectifs communs, comme la formation ou le financement, et à s’épauler. C’est probablement le résultat, d’abord, d’une volonté politique. Ensuite, d’élus locaux très engagés, mais aussi de services de l’État qui se mettent en mode projet autour des entreprises pour leur répondre. Et puis il y a un état d’esprit de ce territoire, qui est historiquement un territoire d’industrie.


Quelles idées avez-vous retenu ce matin ?
La façon de travailler dans le Territoire de Belfort pourrait tout à fait être reproduite dans l’ensemble des départements. Nous voyons bien que l’échelle départementale est l’échelle de la proximité et de la puissance. Nous sommes dans des territoires suffisamment grands pour être puissants et suffisamment petits pour être près des entreprises et flexibles. J’ai eu plein de questions, notamment sur la formation. Il y a des entreprises qui se prennent en main, qui font des écoles de production, et tout un écosystème avec [l’enseignement supérieur] qui dit : « Je fais rentrer les entreprises chez moi. Je les veux au conseil d’administration et dans mes laboratoires de recherche. » Nous voyons bien que ce lien entre formation et entreprise, que nous avons essayé d’inculquer depuis 15 ans, est essentiel pour que ceka fonctionne.
Après, j’ai aussi entendu les problèmes de financement, notamment d’une start-up (Neext Engineering, NDLR). Elle me disait que ce qui est réalisé au niveau de l’implantation et du suivi des entreprises, il faut le faire pour le financement. Elle est lauréate France 2030, mais elle a aussi besoin de lever des fonds privés ; tout cela se fait aujourd’hui de façon séquentielle, mais il faut que cela se fasse en même temps. [Je retiens aussi] le besoin identifié par le député européen (Christophe Grudler, NDLR) d’être en capacité d’accompagner [les entreprises] dans des démarches extrêmement compliquées pour aller chercher les fonds européens. C’est une stratégie que le Premier ministre a tout de suite indiqué à son équipe gouvernementale : « On ne va pas suffisamment chercher les fonds européens. » Pourquoi ? Parce que c’est très compliqué. Et parce que c’est compliqué, nous réinventons le système en France. Nous payons donc deux fois, une fois par notre contribution à l’Europe et une fois parce qu’il faut dédoubler ces fonds. Il faut que nous travaillons notre capacité à mieux appréhender les fonds européens.

Sur le dossier McPhy, Damien Meslot invite à la prudence et à l’optimisme, malgré les mauvaises nouvelles.
Ce qui est certain, c’est qu’il y a un accompagnement de cette entreprise extrêmement resserré. Sur ce dossier, moi non plus, je n’irais pas plus loin parce que je respecte la confidentialité de ce qui est en train de se passer. Il y a un accompagnement très fort des élus, mais aussi de la préfecture et des services de l’État pour soutenir cette entreprise et faire en sorte que cela se termine le mieux possible. Je laisserai Damien [Meslot], l’entreprise et les services de l’État annoncer ce qui est fait quand ça sera le moment. Mais je suis certaine que cette entreprise est soutenue.
Note aux lecteurs : interview réalisée à la suite d’une table-ronde autour des questions de réindustrialisation. L’interview était menée par les équipes de France 3 Franche-Comté.