Un membre de l’assemblée citoyenne, qui s’est constitué dans le pays de Montbéliard pour mener des actions contre la réforme des retraites, est convoqué au tribunal judiciaire devant le Procureur de la République le 23 juin prochain pour des faits « d’outrage à personne chargée d’une mission de service public, dans l’exercice de ses fonctions ».
Cette convocation est le débouché d’une altercation entre la députée RN Géraldine Grangier et de Christian, retraité de 65 ans, étiqueté La France Insoumise, connu pour sa mobilisation au sein de l’assemblée citoyenne et au sein des manifestations contre la réforme des retraites. Une altercation qui remonte au 12 mai dernier, lors d’un marché du soir à Voujeaucourt. Dans un communiqué de presse envoyé par l’assemblée citoyenne, on peut lire que lors de cette rencontre, la députée aurait indiqué « être en accord avec l’assemblée citoyenne sur le refus de la réforme ». Le retraité affirme lui avoir rétorqué que l’assemblée « n’était d’accord sur rien avec elle, surtout pas sur le projet de passer la retraite à 65 ans dès lors que son parti finance sa contre-réforme en baissant les cotisations sociales, ce qui revient à reprendre d’une main ce qui est donné de l’autre ». Ce même participant a aussi rétorqué : « Au RN, vous êtes des imposteurs et des fachos ».
Par téléphone, il donne des détails sur sa version des faits : « Il n’y a pas eu de heurts, nous n’avons pas élevé la voix. Le terme de facho, que j’ai utilisé, est une qualification politique et non pas une insulte à sa personne en particulier. […] Quelques minutes après notre échange, la gendarmerie est arrivée. Le lendemain, j’ai été convoqué pour une audition qui a duré 2h30. Ils ont pris mes empreintes, fait des photos. Et ils ont validé la plainte pour outrage. Finalement, c’est une altercation banale qui finit devant un tribunal.»
« Il fallait le faire pour le symbole »
Contactée, Géraldine Grangier explique les raisons de sa plainte. « Je vais sur tous les marchés du soir pour discuter avec les gens. Je discute avec des retraités, toujours très sympathique. Ce soir-là, deux retraités à côté d’une urne distribuaient des petits papiers sur la réforme des retraites. J’ai pris le papier contre, mon assistant m’a prise en photo. Puis Brigitte Cottier, ma concurrente aux élections législatives, est arrivée avec plusieurs personnes que je ne connaissais pas. Dont ce monsieur. » Après un échange sur la motion de censure qui avait été proposé pour empêcher le vote sur la réforme des retraites, elle affirme que le ton est monté. « On m’a directement insulté de facho. Moi, pas seulement le RN. Vous savez, si je n’avais pas cette fonction, je ne l’aurai pas fait. Mais si j’ai porté plainte, c’est au nom de la députée et au nom de mes électeurs. Cette personne les insulte. Je suis capable d’entendre la colère, mais pas de cette manière.» Pour autant, elle affirme ne pas souhaiter pas recevoir de dommages et intérêts. « Il fallait le faire pour le symbole. Je veux qu’on lui redise qu’il n’a pas à insulter un ou une élue. Si je ne le fais pas, je vais y avoir droit à chaque marché. »
Convoqué le 23 juin prochain, le retraité sera défendu par un avocat du barreau parisien Arié Alimi, membre de la Ligue des droits de l’homme, qui au niveau départemental a assuré de son soutien en signant le communiqué. Tout comme le PCF, le PS du pays de Montbéliard, Solidaires 25, FSU du pays de Montbéliard ou encore la France Insoumise du Territoire de Belfort. Un élément qui rassure le retraité, même si l’incompréhension demeure pour lui et les autres membres de l’assemblée citoyenne. « Tout participant peut exprimer son opinion et ne doit pas être sanctionné pour cela », écrit d’une plume l’assemblée citoyenne pour témoigner de son soutien. L’assemblée citoyenne s’interroge également sur la disproportion donnée « à un simple différend d’opinions ».