Marie-Noëlle Biguinet, maire de Montbéliard, présente ses vœux à la population ce mardi soir. Elle a accordé un long entretien à My Aire Urbaine. Elle évoque avec nous le dynamisme du centre-ville, sa vision de la collectivité et ses projets pour 2020… où elle briguera un nouveau mandat.
Quelles concrétisations attend-on avant les élections municipales du printemps 2020
Marie-Noëlle Biguinet –D’abord la construction de l’école Sous-la-Chaux, dans le quartier des Batteries du Parc – Prairie, attendue depuis de nombreuses années, qui sera ouverte et inaugurée en septembre 2019. Ensuite, il y a Action Cœur de ville (lire plus bas). Pour la Petite-Hollande, nous allons commencer la construction du nouveau centre des Hexagones. La halle, qui va être close, va accueillir de nouvelles cellules commerciales. Dans le quartier de la Chiffogne-Citadelle, il y aura la requalification complète de l’ancien hôpital avec un investisseur privé que nous accompagnons. Une petite supérette sera notamment construite à l’emplacement de l’école d’infirmières, qui déménage à la Petite-Hollande et ouvre au mois de septembre. Tous les quartiers verront une réalisation concrète.
On parle de la redynamisation du centre-ville. Quel centre-ville imaginez-vous pour Montbéliard ? Est-il forcément attaché à la dynamique commerciale ?
MNB – Un centre-ville, ce n’est pas que du commerce. C’est un lieu où des gens habitent, consomment, travaillent et puis vont se promener.
Comment accompagne-t-on les commerces… Je pense notamment à cette polémique autour de la fermeture administrative du Local ; une décision de la sous-préfecture. Comment une municipalité peut-elle soutenir ces activités et les faire cohabiter avec la population ?
MNB – C’est une alchimie, qu’il faut réussir entre les gens qui vivent, les gens qui travaillent et les gens qui ont envie de s’amuser ou de se rencontrer le soir de manière agréable, tout en faisant un peu de bruit, sans pour autant provoquer des nuisances pour les autres ; il faut que chacun y trouve son compte. Si la ville est bruyante, les gens n’auront pas envie d’y habiter. S’il ne se passe rien, ils n’auront pas non plus envie d‘y habiter. La Ville doit accompagner – tout en respectant la loi – ce qui touche à l’animation, mais tous ce qui touche aussi au bâti, en encourageant par exemple la rénovation et à la réhabilitation des logements en centre-ville.
La mairie a justement acheté l’ancienne sous-préfecture…
MNB – L’objectif est de maîtriser le foncier de ce bâtiment et de pouvoir le céder à un investisseur privé qui nous fera un projet de qualité. L’investisseur devra respecter le bâtiment, parce qu’il est beau, et garantir une qualité acoustique et thermique des logements. On devrait pouvoir réaliser une vingtaine de logements.
Vous travaillez aussi sur l’animation…
MNB – Il y a beaucoup d’animations à Montbéliard avec évidemment le marché de Noël, le festival des Mômes, la fête de la musique ou encore le carnaval. Nous allons ouvrir, au mois de septembre, un centre culturel de centre-ville, d’abord au temple Saint-Georges. Il s’installera ensuite à la maison Hirsch ; une belle maison située place Velotte.
À combien s’élève cette enveloppe consistant à maîtriser le foncier ?
MNB – La maison Hirsch, c’était 300 000 euros, et l’ancienne sous-préfecture, 680 000 euros. Nous les achetons par l’intermédiaire de l’établissement public foncier (EPF). La Ville ne paie qu’un pourcentage, qui correspond à 1 % par an du prix du foncier. Le jour où nous revendons, c’est l’investisseur qui règle. Nous ne payons que ce pourcentage, plus les assurances. L’intérêt, c’est la maîtrise du foncier, la maîtrise du projet et la revente une fois que l’on a obtenu ce que l’on voulait.
Montbéliard est éligible au dispositif national Action Cœur de ville. À quoi pouvez-vous prétendre ?
MNB – Les financements d’Action cœur de ville ne sont pas des financements nouveaux. L’État ne va pas aller chercher 5 milliards d’euros. De toute manière, il ne les a pas. C’est une utilisation prioritaire de financements qui existent déjà.
C’est d’avoir des projets qui vous rend éligible ?
MNB – Absolument. On a des projets matures : l’ancienne sous-préfecture, l’espace culturel, le plan Lumière… Ce dernier consiste à illuminer la ville en soirée. Dans l’année, le temple Saint-Martin, la mairie, les halles, le château, l’office du tourisme ou encore la gare vont être éclairés… Ce sont des actions éligibles immédiatement.
L’enveloppe peut donc s’étendre…
MNB – Bien sûr. À ces projets s’ajoutent les espaces publics que nous allons remettre en valeur ; on a déjà refait le parvis de la gare. On va également retraiter un certain nombre de surfaces qui appartiennent à l’espace public. On va revoir, par exemple, tous nos bacs de fleurissement (127 bacs, NDLR).
Avez-vous une idée de l’enveloppe globale attendue ?
MNB – Je ne peux pas vous dire, parce que l’on n’a pas tout budgétisé. Mais c’est aussi l’investisseur qui va pouvoir bénéficier de ce dispositif financier. Une action sur laquelle nous avons moins avancé, mais pour laquelle on va beaucoup travailler et qui représente des financements importants, c’est la revitalisation du château, après le départ du conservatoire. Il dispose de surfaces foncières libres. Aujourd’hui, sa nouvelle destination est culturelle et touristique.
Le château n’est pas juste un musée, mais aussi un lieu d’attraction touristique…
MNB – Absolument. Le musée, même si les expositions sont belles et intéressantes, reste limité à un public averti. Il faut attirer des gens qui viendront visiter les expositions, mais aussi découvrir le château parce qu’il est beau.
Le stationnement est gratuit pendant les soldes (le mercredi 9, les samedis 12, 19 et 26 janvier, NDLR). Est-ce nécessaire pour attirer les gens en centre-ville ?
MNB – Notre cabinet d’études sur le commerce (Cabinet Lestoux) nous dit que ce n’est pas si évident que cela. Si nous voulons du turnover des voitures, il faut que le prix du stationnement permette cette rotation. Si vous avez une gratuité totale, les gens restent à demeure. Néanmoins, nous sentons bien qu’il y a un peu de crispation sur le stationnement et sa tarification. Nous essayons de trouver un équilibre. Les soldes sont partout en France. Si, à cette période, nous proposons la gratuité du stationnement, peut-être que les gens viendront plus à Montbéliard. Nous avons aussi pris cette mesure à l’occasion de la rentrée scolaire et de la manifestation Ce Vendredi, tous à Montbé.
Cette mesure ne s’adresse pas aux usagers des transports publics. Leur gratuité ne pourrait-elle pas être proposée certaines journées ?
MNB – C’est un sujet qui peut être évoqué avec l’agglomération. Je pense qu’il y a des petites idées que l’on peut avoir, qu’il faut tester et voir si cela mobilise plus de monde dans les transports publics.
Y seriez-vous favorable ?
MNB – Je trouve que l’expérimentation est toujours intéressante. Parfois, nous avons de fausses bonnes idées ; on imagine que cela va marcher, mais cela ne marche pas.
Parfois, des idées sur lesquelles on était plus tièdes fonctionnent. La difficulté, dans ce type de sujet, ce sont les habitudes des clients. Quand on en sort, on n’y comprend plus rien. On a besoin de clarté.
Dans les politiques de centre-ville, on cible souvent le besoin d’une grande enseigne pour disposer d’une locomotive. Montbéliard manque-t-il de locomotives ?
MNB – Tout le monde rêve d’avoir une grande enseigne dans sa ville moyenne. Si demain, Zara ou H&M veulent venir à Montbéliard, ils sont les bienvenus. Mais ils ne viennent jamais dans une ville de moins de 50 000 habitants.
À vous de construire autrement vos locomotives…
MNB – De nombreux commerçants sont très volontaires sur l’animation, sur la décoration de leur commerce, sur la relation avec la ville, sur les échanges. Ils créent une ambiance. C’est très long, mais ça marche, parce que le client a envie que l’on s’occupe de lui, qu’on le conseille, qu’il y ait un bon rapport qualité-prix.
Megarama à Audincourt, Les 3 Brasseurs à Sochaux… On constate un poids croissant des périphéries dans l’agglomération. Comment le centre-ville de Montbéliard continue de rayonner ?
MNB – On en revient toujours au même sujet, Action cœur de ville. Aujourd’hui, seul Montbéliard est positionné sur ce dispositif (220 communes en France, NDLR) dans l’agglomération. Maintenant, il y a l’aménagement du territoire qui dépend de l’agglomération, puisque tout ce qui touche à l’installation des commerces et des grandes surfaces est du ressort de l’agglomération. Il faut qu’au niveau de l’exécutif de l’agglomération… (nous la coupons)
il n’y a pas une structure budgétaire saine, c’est niet !"
Dont vous faites partie…
MNB – Oui, j’en fais partie. Mais il faut pouvoir se faire entendre, parce qu’il faut qu’il y ait une véritable vision du devenir ! La problématique sur Montbéliard et le pays de Montbéliard est essentiellement due à l’industrie. Par exemple, le maire de Sochaux. Il a perdu des surfaces foncières énormes avec le rétrécissement de l’entreprise Peugeot en termes d’occupation de foncier. Il va encore en perdre de manière insupportable avec le projet PSA 2022. Pour le budget de sa commune, cela va être terrible. Il se retourne donc sur du développement de commerces pour récupérer des taxes foncières (installation de Grand frais, des 3 Brasseurs). On ne peut pas lui en vouloir. C’est normal. Il fait son boulot de maire de retrouver du foncier qui va lui permettre de continuer à offrir des services à sa population. Quand vous avez une situation comme cela sur un territoire, c’est dramatique. De notre côté, on a perdu 750 000 euros en revenus fonciers liés à Peugeot.
Vous évoquiez les problèmes de Sochaux. La création d’une commune nouvelle ne permettrait-elle pas plus de cohérence ?
MNB – (Elle coupe) Fausse bonne idée ! Certains sont déjà venus me courtiser pour marier Montbéliard avec d’autres. Si en face de moi il n’y a pas une structure budgétaire saine, c’est niet ! On ne va pas récupérer les dettes des autres (Marie-Noëlle Biguinet n’a pas voulu préciser les communes concernées, NDLR). On a déjà récupéré une situation financière terrible après le mandat de Jacques Hélias ; quand j’ai été élue en 2014, nous avons fait des efforts considérables sans augmenter les impôts (sans augmenter les taux d’imposition, car les bases sont définies par l’État dans la loi de Finances et augmentent chaque année, NDLR). Les services ont fait des efforts, les élus ont fait des efforts. J’ai sollicité des villes qui budgétairement vont bien. Elles m’ont dit : « On ne veut pas se marier avec toi. On ne veut pas payer les impôts de Montbéliard. » Comme par hasard, ce sont les villes pauvres qui veulent se marier avec Montbéliard. Je ne dis pas que c’est une mauvaise idée, mais cela ne changerait pas grand-chose. D’abord, Montbéliard s’appauvrirait et ce sont les Montbéliardais qui devraient payer pour les autres communes en partageant les services. Et d’ailleurs, j’aimerais que les futurs candidats aux élections municipales se prononcent sur ce sujet. S’ils veulent se marier avec d’autres communes, lesquelles ?
Comment concevez-vous le pôle métropolitain dans la construction d’un avenir commun des habitants du nord Franche-Comté ?
MNB – Il y a des sujets sur lesquels on peut travailler, comme la santé ou les transports. Il faut que les élus soient suffisamment intelligents, d’un côté comme de l’autre, pour construire quelque chose où il n’y a pas de perdant. Il ne faut pas qu’il y en ait un qui ait l’impression d’être absorbé ou lésé par l’autre. Pour moi, aujourd’hui, c’est une difficulté.
pour continuer à réaliser mon programme"
Serez-vous candidate aux élections municipales de 2020 ?
MNB – Clairement oui !
Sur quoi allez-vous construire votre programme, sachant que l’opposition vous reproche votre inaction ?
MNB – Quand on est dans l’opposition, on reproche de l’inaction ou des projets qui ne sont pas adaptés au territoire (Marie-Noëlle Biguinet a été dans l’opposition pendant six ans, NDLR). Vous regarderez mon programme de 2014 et ce qui a déjà été réalisé. Au vu des difficultés financières que nous avons eues, nous ne nous sommes pas mal débrouillés. Nous avons déjà réalisé beaucoup de choses, même s’il reste des choses à faire et que tout ne sera pas fait. On ne fait jamais tout ce qui est prévu dans un programme. On peut parfois faire des choses différentes auxquelles nous n’avions pas pensé pendant que l’on écrivait le programme. Raison pour laquelle il me faut un mandat de plus pour continuer à réaliser mon programme.