Depuis juin 2024, Karim Mohamed-Aggad est assigné à résidence dans la commune sur décision du ministère de l’Intérieur. Parti en Syrie en 2013, il a été déchu de sa nationalité française après avoir purgé une peine de neuf ans de prison. Il est sous le coup d’une expulsion compliquée en raison de son absence de nationalité reconnue, que ce soit en Algérie, pays d’origine de son père ou au Maroc, pays d’origine de sa mère. La révélation de sa présence à Lure a provoqué une vive polémique, alimentée par les critiques du RN à l’encontre d’Éric Houlley, maire de Lure (PS) et vice-président régional.
Le député RN Émeric Salmon, de la 2nde circonscription de la Haute-Saône a pris l’initiative, jeudi 20 février, d’envoyer un SMS à l’ensemble des habitants de Lure via un prestataire, les alertant sur la présence de cet individu fiché S.
Dans ce message, il accuse le maire de ne pas avoir informé les autorités gouvernementales et les citoyens de la situation. « Votre maire fait semblant de découvrir cette information aujourd’hui », déclare-t-il, avant de poser une série de questions suggestives destinées à mettre en cause la gestion municipale, à quasi un an des prochaines élections.
En cliquant sur le lien, on découvre une vidéo. Il reproche au maire de ne pas avoir tenu au courant ses administrés, mais aussi, selon lui, de ne pas s’être rendu à l’hôtel pour constater des conditions de sécurité dans lequel se trouvait l’individu. Il se pose également comme le défenseur de la sécurité des Lurons et Luronnes.

Un appel à l'État pour restaurer la sérénité à Lure
Cette démarche a suscité de vives réactions, notamment du groupe majoritaire à la Région Bourgogne-Franche-Comté, qui dénonce une « campagne de déstabilisation d’une bassesse sans nom » et une « tentative de récupération politicienne ». Ils rappellent que la question de l’assignation à résidence des individus fichés S relève de la responsabilité exclusive de l’État et des services du ministère de l’Intérieur, et non des maires.
Au-delà des clivages politiques, plusieurs élus ont exprimé leur solidarité avec le maire de Lure. Dès le samedi 17 février, le sénateur LR de Haute-Saône, Olivier Rietmann, a déploré une exploitation « exacerbée à des fins plus politiciennes que politiques » de cette affaire. Ce lundi, l’Association des maires de France (AMF) et l’Association des maires ruraux de France (AMRF) ont également pris position en dénonçant une « campagne indigne de dénigrement ».
Pour Alain Chrétien (Horizons) et Jean-Paul Carteret, présidents départementaux de ces associations, cette affaire illustre un problème plus large : « Ce qui arrive au maire de Lure peut arriver aux 36 000 maires de France ! Les maires ne sont pas associés aux politiques nationales de lutte contre le terrorisme, qui relèvent exclusivement du gouvernement, mais sont en première ligne face à leurs concitoyens. »
Le groupe « Notre Région par Cœur » appelle le ministre de l’Intérieur et le préfet de Haute-Saône à prendre rapidement des mesures pour « rétablir la tranquillité et la sécurité » à Lure. Ses membres insistent sur la nécessité de ne pas laisser prospérer une stratégie de « division et de tensions » qu’ils attribuent à l’extrême droite.Ils appellent l’ensemble des élus régionaux et départementaux à se joindre à leur démarche. Dans leur conclusion, ils préviennent : « Nous ne laisserons pas l’extrême droite faire de la peur un programme et de la désinformation une stratégie. »