Bras croisés, l’air grave, la maire Les Républicains (LR) de Montbéliard, Marie-Noëlle Biguinet, le président de Pays de Montbéliard Agglomération LR, Charles Demouge, le vice-président en charge de la santé à l’gglomération, Renaud Fouché, et le maire socialiste d’Audincourt, Martial Bourquin se liguent. Ils se liguent contre le transfert du pôle de cancérologie, le Mittan, aujourd’hui localisé à à Montbéliard, vers l’hôpital Nord Franche-Comté, localisé à Trévenans.
Les élus expliquent avoir appris que lors d’une réunion interne fin novembre, au sein du Mittan, des plans du nouveau service d’oncologie avaient été présentés. « Cet avant-projet architectural, n’est-il pas la preuve que la décision est déjà prise ? », se questionnent-ils. Une étude aurait aussi été commandée par le directeur de l’HNFC, Pascal Mathis, selon les élus, pour prendre une décision sur le transfert à la fin de l’année 2023.
S’ils sont vent debout, c’est parce qu’ils considèrent que conserver un service de santé sur Montbéliard est essentiel. Le transfert de l’hôpital, en 2017, leur est déjà amer. « C’est un choix qui pouvait se justifier pour mutualiser les équipements », synthétise Renaud Fouché, vice-président de PMA en charge de la santé. « Mais aujourd’hui, sur ce transfert il ne se justifie pas.» Pourquoi ? Parce que les équipements du Mittan sont « de pointe », « modernes ». Et de plus le site est « très bien situé pour les personnes âgées de Montbéliard », détaillent les élus. « Nous avons besoin de conserver des équipements à Montbéliard. Il n’est pas question de tout mettre dans le Territoire de Belfort », pointe la maire de Montbéliard, Marie-Noëlle Biguinet..
L’un des arguments avancés, racontent les élus, est de rapprocher les services de cancérologie des soins aigus. « Ce n’est ni le cas à Strasbourg, ni à Dijon, même pas à Paris. Cet argument n’est pas indiscutable », retoque Renaud Fouché.
Ce qui gêne aussi, c’est qu’au Mittan, des appareils d’imagerie permettent aux habitants de Montbéliard et des alentours de réaliser des examens radiologiques, des scanners, des examens biologiques. Cela ne serait plus possible si le Mittan venait à être transféré.
Un projet extrêmement coûteux
20 à 25 millions d’euros, minimum, estiment les élus pour la réalisation de ce projet. « C’est un projet extrêmement coûteux », alarme Martial Bourquin, maire d’Audincourt et élu du conseil communautaire. D’autant plus que les équipements du Mittan sont « lourds, onéreux et difficiles à déplacer.». Ce qui entraînerait certainement un remplacement du matériel, note Renaud Fouché. « Nous n’avons pas besoin de cela quand on voit déjà l’état de l’hôpital.» Martial Bourquin met en exergue les fermetures de lit, les difficultés de recrutement, la situation des urgences, saturée depuis plusieurs mois. « C’est ici qu’il faut mettre l’argent. L’hôpital Nord Franche-Comté a besoin d’argent pour rouvrir des lits. Il en faut 200 immédiatement.»
Ils comprennent d’autant moins cette volonté de venir créer encore un service supplémentaire dans un hôpital déjà saturé, alors que le site du Mittan « fonctionne parfaitement bien », explique Martial Bourquin. « Montbéliard a le droit de garder ses infrastructures de qualité.» De plus, si besoin d’extension il y a, Marie-Noëlle Biguinet précise que des agrandissements des locaux actuels sont tout à fait possibles localement : « Nous avons le foncier disponible. Nous avions prévu pour cela.»
Leur peur : que les décisions soient prises sans concertation des élus. « Les choses doivent se faire avec nous et en concertant la population. Et en aucun cas sur une décision bureaucratique », qui concernerait donc l’agence régionale de santé et la direction de l’hôpital Nord Franche-Comté. La première étape : l’envoi d’une motion dans les journaux municipaux. La suite : un appel aux habitants pour se mobiliser. « Nous en appelons au débat public », plaide Martial Bourquin. Et Marie-Noëlle Biguinet d’ajouter : « Les habitants doivent être informés.» De son côté, Charles Demouge, président de Pays de Montbéliard Agglomération mais aussi président du conseil de surveillance de l’hôpital (conseil d’administration qui concentre ses missions sur les orientations stratégiques et le contrôle permanent de la gestion de l’établissement, ndlr) a dénoncé un « gâchis financier et humain », dans un contexte où l’état de la médecine était déjà « lamentable ». Le ton est donné. Sollicitée, la direction de l’hôpital Nord Franche-Comté n’a pas souhaité faire de commentaires.