La Région Bourgogne-Franche-Comté a mis en place une campagne de communication forte pour attirer les voyageurs sur la ligne ferroviaire Belfort-Delle, inaugurée il y a un an. Maintenant que les dessertes sont validées, il faut présenter la grille tarifaire et convaincre les travailleurs de l’utiliser.
La Région Bourgogne-Franche-Comté a mis en place une campagne de communication forte pour attirer les voyageurs sur la ligne ferroviaire Belfort-Delle, inaugurée il y a un an. Maintenant que les dessertes sont validées, il faut présenter la grille tarifaire et convaincre les travailleurs de l’utiliser.
6 décembre 2018. La ligne Belfort-Delle est inaugurée, après 26 ans d’interruption. Une connexion existe désormais entre Belfort et Bienne (Suisse), via le Jura suisse, le sud du Territoire de Belfort et surtout la gare internationale de Delle, connectée au réseau suisse depuis 2006.
Depuis un an, la fréquentation est limitée. Les polémiques autour du transport des lycéens sont nombreuses. La Région Bourgogne-Franche-Comté, autorité organisatrice des transports, évoque une fréquentation correspondant à 30 % des objectifs fixés à 3 ans concernant les utilisateurs domicile-travail. Pour les lycéens, on est à 5 % des objectifs à 3 ans. On n’en saura pas plus sur ces données.
Communiquer sur la grille tarifaire
Depuis un an, la Région a très peu communiqué sur cette nouvelle ligne. L’exploitation a-t-elle été mal préparée ? Peut-être. Mais le premier enjeu, assure Michel Neugnot, premier vice-président de la Région, en charge des transports, n’était pas là. « Les six premiers mois de l’exploitation avaient pour but de justifier que la desserte de Morvillars pouvait être assurée par les trains suisses », rappelle l’élu régional. Les logiciels estimaient qu’on ne pouvait pas tenir le rythme de la ligne en s’arrêtant à Morvillars. L’expérience du terrain a infirmé ces calculs. Et la desserte est confirmée depuis l’été. « Je sentais que cette desserte allait fonctionner car la ligne Belfort-Delle a des chauffeurs dédiés. C’est aussi une ligne spécifique, courte, alors que les logiciels de calcul se basent sur des trajets plus longs », analyse Michel Neugnot, qui estime qu’il était impossible de communiquer sur la ligne, les tarifs et les dessertes sans être certains des différentes gares desservies. Hors micro, des élus de la Région confirment cette position. Mais ils estiment aussi que l’on aurait pu mieux communiquer pour expliquer ce test ou tout simplement confirmer le maintien de la desserte de Morvillars.
Au mois de novembre, la Région a donc lancé sa campagne « Belfort-Delle, cette ligne a la pêche ». Des outils de communication ont été déclinés. Et la région va se rendre dans les entreprises pour présenter aux salariés les avantages d’utiliser la ligne et ainsi accroître les utilisateurs domicile-travail. « La voiture est très prégnante dans notre société en termes de mobilité, constate Michel Neugnot. Il faut du temps pour convaincre les gens d’abandonner leur bagnole. »
Et d’insister sur le faible coût d’utilisation du train ou la tranquillité du voyage. Car même si le coût unitaire d’un trajet, quelle que soit la distance, est de 5 euros, des solutions existent pour voyager moins cher. « Si vous achetez une carte de réduction annuelle à 20 euros, vous voyagez ensuite avec 50 ou 60 % de réduction, affirme-t-il, avant de concéder : Les gens ne le savent pas, mais on n’a pas encore vendu notre gamme tarifaire. »
En parallèle, un chantier est lancé pour rabattre les voyageurs vers la gare et faciliter l’accès à la ligne des 100 000 personnes résidant autour de cette ligne de 22 km. Le vice-président garantit être dans une position d’écoute des usagers pour trouver « des solutions ». Une réunion publique est prévue à ce sujet à Delle le 17 décembre.
« Je donne rendez-vous au bout de trois ans d’exploitation », conclut Michel Neugnot. La ligne Belfort-Delle a nécessité un investissement de 110,5 millions d’euros. Son coût annuel de fonctionnement est de 5 millions d’euros, financé par la Région.
Réduire le coût d'exploitation
Le coût de fonctionnement de cette ligne, de 5 millions par an, a toujours été au coeur de polémiques. Que faut-il retenir? Les lignes TER sont des lignes conventionnées. Elles sont déficitaires. Forcément. Les billets ne couvrent qu’à peine 25 % du coût réel. Mais peut-on baisser le coût d’exploitation de ces lignes, permettant soit de baisser le coût de fonctionnement, soit d’augmenter l’offre avec le même coût de fonctionnement ? « Le coût des trains TER en France doit baisser », concède Michel Neugnot, également élu au conseil d’administration de SNCF Réseau, au titre de l’association des Régions de France. Les opérateurs de la ligne paient, pour chaque train qui circule sur la ligne, une redevance à SNCF Réseau. Diminuer cette redevance pour redéployer ces économies sur l’offre n’est-il pas une piste à envisager ? SNCF Réseau est-il prêt à cette concession ? « C’est en passe de l’être », affirme Michel Neugnot, tout en rappelant que cet enjeu est indépendant de la ligne Belfort-Delle.