Christophe Grudler, député européen MoDem, a fait le point sur les dossiers énergétiques qui agitent l’Union européenne, alors que la France a pris la présidence de l’Union européenne. Énergie renouvelable, hydrogène, nucléaire, le parlementaire évoque les clés des prochaines directives.
Christophe Grudler, député européen MoDem, a fait le point sur les dossiers énergétiques qui agitent l’Union européenne, alors que la France a pris la présidence de l’Union européenne. Énergie renouvelable, hydrogène, nucléaire, le parlementaire évoque les clés des prochaines directives.
Les enjeux climatiques et les enjeux énergétiques se superposent actuellement au sein de l’Union européen. Douze textes législatifs sont à l’étude, dans le cadre du plan de la Commission européenne Fit for 55, dont l’objectif est de réduire de 55 % les émissions européennes de carbone d’ici 2030. L’un d’eux est la directive sur les énergies renouvelables, attendue pour le mois de juin. Ces énergies devraient représenter 45 % du mix énergétique en 2030 rappelle Christophe Grudler, député européen MoDem, rapporteur pour le groupe politique Renew de ce texte. Principe important de cette directive, notamment sur l’hydrogène, « l’aditionnalité ». L’idée est d’encourager la production d’électricité (éolien, solaire…) là où on développe une station hydrogène par exemple. « Il faut encourager la création [d’équipements de production d’énergie renouvelable] et ne pas encourager l’achat de droits sur de l’existant », relève-t-il. Cela permet ainsi de développer le parc des énergies renouvelables. Enjeu d’autant plus important que l’Union européenne se fixe comme objectif, d’ici 2030, de produire 5 millions de tonnes d’hydrogène vert, alors qu’aujourd’hui elle produit 11 millions de tonnes d’hydrogène gris.
Sur la mise en place d’un mécanisme de taxe carbone aux frontières de l’Union européenne, qui doit notamment réduire les délocalisations car cela rendrait les importations plus chères, il souhaite inscrire la taxation de l’hydrogène fabriqué à l’extérieur de l’Europe, afin de créer « une chaine de valeur 100 % européenne ». Sur ce dossier, il insiste sur la nécessité de disposer « d’une autonomie stratégique européenne ». « Pour avoir notre destin entre les mains », glisse-t-il, alors que l’Europe dépend à 63 % d’énergie d’autres continents. Un travail sur le « réseau » et les « interconnexions » entre pays doit aussi être mené estime-t-il.
Nous demandons l’intégration rapide du #nucléaire -indispensable à la décarbonation - dans la #taxonomie durable européenne. Que la @EU_Commission cesse de tergiverser et n’écoute pas les manœuvres de ceux qui livrent des combats d’arrière-garde, au Parlement ou ailleurs. #energy pic.twitter.com/mlraYS8m6d
— Christophe GRUDLER (@GrudlerCh) January 22, 2022
Autre dossier de taille, le projet de taxonomie verte, cadre réglementaire qui vise à rediriger les flux financiers vers des activités plus durables. Fin décembre, une mouture de travail a ouvert la porte au nucléaire, alors que l’Autriche, l’Allemagne ou encore le Luxembourg veulent l’exclure. Dans ce document, on évoque la possibilité d’inscrire le nucléaire dedans, du moins les projets dont les permis de construire seraient déposé avant 2045. Christophe Grudler de questionner, après avoir remarqué que la définition du mix énergétique d’un pays est de la compétence de l’État-membre : « Au nom de quoi d’autres pays peuvent dire à la France que des financements privés ne peuvent pas aller dans le financement du nucléaire ? » Puis d’ajouter : « L’Union européenne fixe les objectifs climatiques.”
Un combat politique s’est engagé sur la question. Certains veulent faire trainer la question. Les pro-nucléaires veulent que cette décision soit tranchée le 15 février, lors de la prochaine séance plénière du Parlement européen. Pour faire pencher la balance et convaincre, Christophe Grudler a lancé un inter-groupe qui promeut « la réflexion autour du nucléaire ». Il préside cette structure nommée inter-groupe Marie-Curie, regroupant une quinzaine de pays et plusieurs sensibilités politiques dont le Français François-Xavier Bellamy, du parti Les Républicains. « Dans ce groupe, nous posons les questions autour des déchets, de la recherche », détaille-t-il. Il rappelle aussi que le nucléaire est estimé à 15 % dans le mix européen, en 2050, lorsque l’Union européenne devra être neutre en carbone, dans le cadre du green deal.
Dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, Christophe Grudler doit animer au mois de mars une table ronde sur le nucléaire, à la demande de Bruno Le Maire.