Montbéliard est propriétaire de 11 édifices ou sites protégés au titre des monuments historiques, pour une superficie de près de 36 000 m². Deux secteurs classés en « sites patrimoniaux remarquables » – le centre-ville et le quartier central de la cité-jardin de la Citadelle – viennent enrichir ce paysage patrimonial. Pour la commune, cela génère des contraintes et des obligations qui se traduisent par des coûts de travaux élevés. Malgré cela, la chambre régionale des comptes félicite la municipalité. « Le contrôle révèle que la commune prend la mesure de l’importance à accorder à son patrimoine monumental, tant dans son organisation que dans les dispositifs de suivi mis en place. »
Elle note, également, que tous les monuments historiques « sont exploités », que ce soit les musées, locations commerciales, théâtre, etc… Ce qui permet de faire de la ville « une destination touristique », grâce à ses animations, mais aussi à son patrimoine.
Par autant, les retombées financières restent limitées pour certains des monuments. Par exemple, le temple Saint-Georges, utilisé comme salle d’événementiel, a rapporté « un peu plus de 10 000 € à la commune entre 2018 et 2023 ». La chambre incite la municipalité à « étudier les possibilités d’optimisation des recettes ».
Les anciennes halles génèrent davantage, « un peu plus de 600 000 € entre 2018 et 2023 », via des baux commerciaux. Les deux musées municipaux rapportent aussi des recettes de billetterie, mais leur équilibre économique dépend largement de subventions.
Renforcer le formalisme
Dans ses recommandations, la chambre appelle à renforcer le formalisme malgré une connaissance « structurée » de son patrimoine. Elle propose, par exemple, que « chaque monument historique fasse l’objet d’une fiche sanitaire régulièrement mise à jour et partagée avec les élus concernés ».
Ce qui n’est pas encore le cas actuellement. Elle suggère aussi la création d’un « tableau de bord global, qui renseignerait de manière simple et actualisée les besoins de chaque édifice protégé », pour faciliter la décision d’intervenir.
La commune, de son côté, déclare dans le rapport que les services disposent « d’une information suffisante de l’état sanitaire global du patrimoine monumental » qui, d’après eux, « ne semble pas appeler d’inquiétudes particulières ».
Et Capitale française de la culture pour Montbéliard ?
Le rapport souligne que la commune bénéficie de labels patrimoniaux à l’échelle de l’agglomération dont elle fait partie(Pays de Montbéliard agglomération), comme « Pays d’art et d’histoire » ou « Capitale française de la culture 2024 ». Mais leur efficacité reste à démontrer : « L’efficacité des labels sur l’attractivité du territoire reste difficile à mesurer ». La CRC note également que « le bilan des retombées touristiques de cette labellisation » n’est pas encore établi. Elle questionne le rayonnement : « ll serait aussi intéressant de savoir, à court terme, si la désignation de PMA comme « capitale française de la culture 2024 » est connue d’un large public. »
Le projet du château au coeur du rapport
Cœur de la stratégie touristique de Montbéliard, le projet de réhabilitation du château des ducs de Wurtemberg mobilise d’importants moyens, note la CRC. En cours depuis 2019, il s’appuie sur un schéma directeur en deux phases (2022–2025 et 2026–2030). Les dépenses estimées atteignent plus de 35 millions d’euros TTC, avec 9,6 M€ supplémentaires au-delà de 2030.
La CRC adhère à ce projet en deux tranches « qui permet de maintenir une cohérence globale aide rechercher des financements supplémentaires » mais appelle aussi à la prudence. En rappelant que la deuxième phase des travaux reste toutefois conditionnée par l’obtention des subventions sollicitées, en particulier auprès de la DRAC.
Près de 16 millions d’euros de subventions sont attendues jusqu’à 2030. Elle alerte : « La commune dit ne pas avoir obtenu d’assurance quant au montant de subvention à percevoir de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC). » Celle-ci doit rendre son avis définitif sur le projet sous peu, explique-t-elle.
Elle recommande aussi de « fiabiliser ses projections de recettes et de dépenses » et d’assurer que « les conditions logistiques et matérielles (transport, hôtellerie, restauration, etc.) nécessaires à l’attractivité du château après sa réouverture sont réunies ». Quant au mécénat, elle encourage la démarche, qui a « a récemment abouti à un premier résultat, avec la confirmation par un mécène local du versement d’une somme de 150 000 €, prévu pour fin janvier 2025 ».
« Moitié moins de visiteurs »
Autre point d’attention pour la chambre régionale des compétences : la fréquentation qui « reste une préoccupation majeure ». Avant sa fermeture pour travaux, le musée du château souffrait d’un déficit d’image et de fréquentation : « En 2022, [il] attirait moitié moins de visiteurs que le musée de l’aventure Peugeot à Sochaux ou le centre régional de culture scientifique et technique ». La commune reconnaît « l’absence d’une identité clairement définie pour les musées, entraînant un manque de stratégie claire ».
Le nouveau parcours immersif prévu pour fin 2024 pourrait changer la donne. Un projet scientifique et culturel a été adopté, avec une attention portée à la médiation et à la politique des publics. Ce projet, pour la chambre, « met en lumière des axes d’amélioration dans la conservation et la valorisation des collections, ainsi que dans le renforcement des actions de médiation et la mise en place d’une véritable politique des publics ». La commune quant a elle, projette 50 000 visiteurs par an, avec la transformation du château, contre 22 000 actuellement.
Le rapport complet est à retrouver ici.
1,6 millions d’euros de crédits d’investissements
Considérées globalement, les dépenses d’investissement de la commune relatives aux travaux achevés sur son patrimoine monumental ont représenté un montant total de 1,6 million d’euros de crédits d’investissement cumulés de 2018 à 2023, soit 3 % des dépenses d’équipement totales de la commune sur la période. Le coût des opérations en cours, notamment celles d’ampleur actuellement menées sur le site du château n’est ici pas pris en compte. La liste des recettes d’investissement produite par la mairie (État, région et département) indique un montant réel de subventions perçues entre 2018 et 2023 d’environ 1,5 million d’euros, concentrées à 80 % pour financer des opérations sur le site du château.