La France Insoumise a souhaité racheter la permanence parlementaire de Florian Chauche, ancien député de la 2nde circonscription du Territoire de Belfort, située au 132 avenue Jean-Jaurès. Fin novembre 2024, un compromis de vente à hauteur de 45 000 euros a été signé avec France Nature Environnement, propriétaire des lieux. Une campagne de dons a permis de récolter plus de 10 000 euros en faveur de cet achat, s’inscrivant dans une stratégie nationale de LFI visant à établir des bases locales là où le parti est sous-représenté.
Au début du mois de janvier 2025, la mairie de Belfort et la société d’aménagement Sémaville ont visité la permanence pour exercer leur droit de préemption. Damien Meslot, maire de Belfort (Les Républicains) justifie cette démarche en invoquant une politique de redynamisation commerciale dans le cadre du dispositif « Action cœur de ville ». « Dans ces secteurs, on préempte tout ce qu’on peut : les Cycles Lénot, Le Tamarin, la bijouterie Jacquemin, le bar Le Corail. Le but est de remettre du commerce traditionnel », détaille Damien Meslot.
Une décision qui suscite de vives réactions. Florian Chauche, ancien député, Juliette Hamard et Damien Bertrand, collaborateurs chargés des relations extérieures, accusent le maire d’utiliser le droit de préemption à des fins politiques. Ils soulignent que le local était resté sans intérêt municipal lorsqu’il était en vente en 2022.
Des arguments jugés « irrecevables »
Pour LFI, la préemption met en évidence une politique « injuste » envers l’opposition. Les trois militants rappellent que trois cellules restent vacantes à moins de 25 mètres du local, avec un projet immobilier créant deux nouvelles cellules. « Les arguments du maire sont totalement irrecevables. L’achat d’un local par la France Insoumise ne va pas nuire à la diversité. Au contraire, nous sommes le seul local à vocation politique dans l’avenue Jean-Jaurès. Il contribue à la vie du quartier puisqu’il a la vocation d’être un local ouvert à tous, un lieu d’échanges, de débats et qui permettra de faire vivre la démocratie locale », énonce Juliette Hamard.
Daniel Bertrand renchérit : « Il [Damien Meslot] est prêt à tout pour affaiblir ses opposants politiques. Même à Perpignan, ville dirigée par le RN, un local LFI a été acheté sans préemption. Ici, le maire agit de manière abusive. » Il remet en perspective qu’une salle est demandée à la Maison du peuple pour La France insoumise « depuis plusieurs années, sans réponse ». Les militants demandent à ce que le maire revienne sur sa décision.
Le maire en veut-il à LFI ou à Florian Chauche ? « Je ne me suis pas levé en me disant « Comment je vais chercher des poux à M. Chauche ?». Je souhaite créer une poche d’attractivité près du marché des Vosges avec des commerces », assure Damien Meslot. Il énonce tous les bâtiments préemptés (voir la carte ci dessous). « Si ce n’était que ce local, on aurait pu avoir un doute. » Il les invite à trouver une permanence dans une autre rue. LFI maintient que le 132 avenue Jean-Jaurès est irremplaçable. Entre travaux réalisés (environ 20 000 euros pour réhabiliter), localisation et coût, l’option d’un déménagement est jugée non viable. « Nous voulons rester visibles et offrir un lieu de vie et d’aide accessible à tous », conclut Juliette Hamard.
23 locaux préemptés
Au total, à Belfort, selon un document fourni par la Ville, 33 locaux ont été préemptés entre 2020 et fin 2024. Parmi ces bâtiments, huit sont remplis par de nouvelles enseignes. Dans neuf d’entre eux, l’activité commerciale se poursuit avec la même enseigne. 10, bientôt 11, sont vides et sont à commercialiser. Pour les autres, des travaux sont en cours, et des projets en réflexion.
Rien que dans l’avenue Jean-Jaurès, depuis 2020, la mairie a préempté 23 locaux. Un certain nombre reste encore à commercialiser, neuf selon des données transmises.
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