Le maire de Belfort, Damien Meslot, a suspendu certaines actions de coopération avec la police nationale, après la mise en garde à vue de deux agents de police municipale dans le cadre d’une enquête pour « faux en écriture », a-t-on appris jeudi.
Avec l’AFP
Le maire de Belfort, Damien Meslot, a suspendu certaines actions de coopération avec la police nationale, après la mise en garde à vue de deux agents de police municipale dans le cadre d’une enquête pour « faux en écriture », a-t-on appris jeudi.
Début mai, deux agents de la police municipale de Belfort ont été entendus en garde à vue par la police nationale dans le cadre d’une enquête pour « faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique », diligentée par le procureur de la République de Belfort, Éric Plantier.
Ils sont ressortis libres et le dossier a été dépaysé près le parquet du tribunal de Besançon, qui a ouvert une information judiciaire pour le même motif. « Lors de leurs auditions, les agents sont restés très laconiques. Je souhaite qu’ils soient entendus par une juge d’instruction », a indiqué à l’AFP le procureur de Besançon, Étienne Manteaux, soulignant l’importance de l’exactitude des procès verbaux pour une enquête judiciaire.
Cette enquête fait suite à l’interpellation d’un conducteur de scooter menée le 17 avril par ces deux agents municipaux. Dans leur rapport, ils ont indiqué que l’homme s’était livré à une transaction douteuse avant de s’enfuir et de les percuter à deux reprises alors qu’ils lui demandaient de s’arrêter, ont précisé les magistrats.
Entendu par la police nationale, l’interpellé a réfuté ces accusations. Les enregistrements de vidéo-protection de la ville ont montré « une discordance flagrante » entre le déroulement de la scène et la version des deux agents de police municipale, selon Éric Plantier.
"Entraver la justice"
Sur ces images, « on ne voit pas de crime ou de délit commis par le conducteur du scooter », mais « on voit qu’un agent municipal percute le scooter avec son vélo et va au contact du conducteur », a noté Étienne Manteaux. Dans un courrier adressé au directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de Belfort, que l’AFP a pu consulter jeudi et que L’Est Républicain a dévoilé mercredi, Damien Meslot annonce sa décision de suspendre « pour une durée indéterminée » les actions de coopération opérationnelle entre la police municipale et la police nationale telles que « les opérations coordonnées de sécurité publique, les patrouilles communes ou encore le renfort apporté par les policiers municipaux » sur certaines opérations de la police nationale.
« La garde à vue des deux policiers municipaux est disproportionnée. C’est quelque chose d’extrêmement rare pour des faits qui relèvent de l’anecdote », a estimé auprès de l’AFP Damien Meslot (LR). La conseillère municipale d’opposition Samia Jaber a fustigé dans un communiqué la « volonté manifeste de faire pression sur la police (nationale, NDLR) et d’entraver la justice ». « Tenter de couvrir une faute d’un ou deux individus c’est jeter le discrédit sur l’ensemble de la profession », a-t-elle estimé.