La société d’économie mixte Semaville a été créée en 2019 ; c’était la deuxième en France, juste après La Rochelle (Charente-Maritime). L’outil s’inscrit notamment dans le dispositif de revitalisation des centres-villes Action cœur de ville. Le but est « de maîtriser le foncier commercial stratégique », explique Damien Meslot, maire Les Républicains (LR) de Belfort.
Lorsque des locaux sont vides, la Ville préempte et les achète. Ensuite, elle rénove « aux standards actuels », pour les relouer ou les revendre. Mais elle rénove en fonction des demandes du futurs locataires. « Il suffit de donner le cahier des charges et on s’occupe de tout », expose Damien Meslot. Souvent, les locaux nécessitent d’importantes rénovations ; et les futurs locataires n’ont pas la surface financière pour les supporter. Donc la mairie le fait, pour garantir l’installation d’une nouvelle activité commerciale, comme elle l’avait fait avec l’enseigne Normale, après la fermeture du Flunch, faubourg de France. Le principe est toujours le même : quand Semaville investit, elle mobilise un tiers de fonds propres et deux tiers d’emprunts.
La municipalité veut surtout louer « au prix du marché ». Des subventions obtenues par l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), dans le cadre d’Action cœur de ville, permettent aussi de limiter les coûts d’investissement, et de proposer « des loyers raisonnables », assure Damien Meslot, qui regrette que le centre-ville souffre aussi, parfois, de loyers « exorbitants ». Et de garantir : « Quand le privé fait le job, on laisse faire. » Et si les privés ne veulent pas vendre des locaux, même vides depuis longtemps, « on attend », garantit Damien Meslot. « On patiente. »
Semaville en chiffres
Le capital de la société d’économie mixte Semaville s’élève à 2,2 millions d’euros. En 2022, le chiffre d’affaires de la société s’est élevé à 170 000 euros. L’équilibre, envisagé en 2024, sera atteint dès 2023, normalement. Semaville dispose d’une trésorerie d’1,3 million d’euros.
Les actionnaires sont :
- Ville de Belfort, à 66,66 %
- La Caisse des dépôts et consignation, à 15 %
- Tandem, à 10 %
- La CCI, à 4,17 %
- La Sodeb, à 4,17 %
Depuis sa création, Semaville a investi 3,475 millions d’euros pour acheter les locaux et 472 000 euros de travaux. Au 17 février, Belfort compte 847 cellules commerciales et 77 sont inoccupées, soit une vacance de 9 %. Dans le centre-ville, la vacance est de 8,4 %, en comptabilisant déjà Camaïeu et San Marina, dont les enseignes sont en liquidation au niveau national (sur 273 cellules commerciales) ; des repreneurs sont déjà envisagés indique la mairie. La vacance, selon les données de la municipalité, était de 12 % en 2014, de 10 % en 2016 et de 7,2 % le 31 janvier 2022. Damien Meslot de préciser également que ça « fluctue » énormément, entre les ventes, les départs en retraite, les périodes de travaux.
Négociations pour racheter la hall Sernam
« On cherche à développer le commerce » et le plan est d’avoir un commerce « vivant » et « diversifié ». Et Damien Meslot reconnait aussi que la Ville pourrait préempter des locaux, par exemple avenue Jean-Jaurès, si elle constatait une uniformité des activités qui s’installent, à l’instar des barbiers ou des restaurants de fast-food indique-t-il, pour « recréer de l’animation commerciale ».
La société d’économie mixte s’appuie sur l’observatoire du commerce, en accès libre, qui permet d’avoir une visibilité sur les locaux disponibles, avec leur surface, des outils d’intelligence artificielle pour connaitre la surface des vitrines par exemple, des données du trafic piéton et de l’affluence de la desserte de bus. « On retrouve tous les renseignements nécessaires pour s’installer », apprécie Florence Besancenot, adjointe en charge du commerce.
Concernant les Galeries Lafayette, « le plan de sauvegarde desserre le carcan qui pesait sur les Galeries Lafayette », commente Damien Melsot (lire notre article), qui confirme avoir pris contact avec Michel Ohayon, le patron de la Financière immobilière bordelaise, qui détient vingt-deux magasins de l’enseigne depuis 2018. « S’il y avait un souci, ne pas intervenir serait une erreur », assure le maire qui ne se dit pas inquiet s’il fallait parer le départ des Galeries Lafayette. Il estime que la Ville ou Tandem auraient la surface financière pour préempter ce local de plusieurs milliers de mètres carrés et investir pour rénover. Il assure avoir également des contacts avec d’éventuels prospects pour s’installer si besoin.
La mairie est aussi en négociation avec la SNCF pour racheter la hall Sernam, classée. Pas de projet (annoncé) pour l’instant, mais elle attend un geste de la SNCF car elle est en très mauvais état.
Lorsque des commerces sont installés dans des immeubles aux logements vides, la mairie peut aussi préempter l’ensemble de l’immeuble, pour le restaurer. Un millier de logements sont vides, selon la mairie, dans le secteur de l’avenue Jean-Jaurès et ses alentours. Une société publique locale est à l’étude pour porter ce type de projets.