« Les dramatiques événements qui se sont produits ce jour (Vendredi, NDLR) à Arras ont plongé le lycée dans un état de sidération considérable », lit-on dans un mail envoyé aux parents d’élèves du lycée Courbet à Belfort, adressée par la proviseure de l’établissement, Catherine Gauthier, que Le Trois a pu consulter. Une attaque a été commise ce vendredi 13 octobre au lycée Gambetta d’Arras. Un assaillant, ressortissant tchétchène et fiché S pour islamisme radical, armé d’un couteau a fait irruption dans l’établissement. Il a assassiné un enseignant et a fait plusieurs blessés.
Face au drame, un moment de « réflexion collective et concertée » va être organisé lundi 16 octobre au lycée Courbet. Le rectorat de Besançon, contacté, explique qu’il s’agit d’une initiative, pour le moment isolée, concertée entre la cheffe d’établissement et l’équipe pédagogique. Les élèves seront accueillis dans l’établissement et pourront déjeuner comme prévu, mais ils ne seront pas pris en charge par les professeurs. Les cours reprendront l’après-midi, mais avec des « activités pédagogiques adaptées à la situation ».
« On assassine des enseignants pour ce qu’ils représentent »
Pour Benoit Guyon, enseignant en sciences économiques et sociales au lycée Courbet et représentant syndical du SNES-FSU, il était nécessaire que la journée de lundi s’articule ainsi. « Il y a trois ans, après la mort de Samuel Paty (enseignant assassiné dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine par un ressortissant tchétchène, NDLR), nous avions repris les cours comme si de rien n’était. Cela avait été mal vécu.»
Il explique que l’établissement a besoin de ce temps d’échanges entre adultes pour exprimer les ressentis de chacun. Trouver les mots appropriés pour les lycéens. Leur apporter du soutien, à eux aussi, face aux doutes et aux inquiétudes. Pour répondre aux questions.
Pour le moment, l’état est à la sidération. « Cet acte intervient dans une symbolique particulière. Le 16 octobre, cela fera trois ans que Samuel Paty a lui aussi été assassiné. La portée symbolique est d’autant plus forte. »
Il regrette une réponse du Gouvernement pour le moment trop faible. « Nous attendons des réponses plus fortes, une mobilisation autour de l’école et pour l’école qui ne s’arrêtera pas aux mots et aux minutes de silence comme il y en a depuis trois ans. Nous avons besoin de sincérité. D’une réponse qui ne sera pas que sécuritaire, car il n’y aura pas assez de policiers pour être devant chaque école, mais une réponse éducative. Et cela nous questionne, quand on sait que le Gouvernement prévoit la suppression de 2 000 postes d’enseignants l’année prochaine. »
L’amertume et la sidération se mélangent dans les mots du professeur et délégué syndical. Il rappelle que ce qui continue d’animer les professeurs, la communauté éducative, est la volonté « d’être au service des élèves pour les protéger et les former. » Il complète : « Et c’est ce qui rend cet assassinat d’autant plus tragique, triste et révoltant. Tout le monde doit prendre conscience de la gravité de ce qui se passe. On assassine des enseignants pour ce qu’ils représentent. »