Le site des Fonteneilles, à Beaucourt, est en cours de réhabilitation par la communauté de communes du Sud Territoire (CCST). Témoin du prestigieux passé industriel de la cité, il illustre aussi la volonté de restructuration de ces anciens sites par la collectivité.
Le site des Fonteneilles, à Beaucourt, est en cours de réhabilitation par la communauté de communes du Sud Territoire (CCST). Témoin du prestigieux passé industriel de la cité, il illustre aussi la volonté de restructuration de ces anciens sites par la collectivité.
Aujourd’hui, le lieu fait rêver les passionnés d’Urbex, les adeptes de l’exploration urbaine dans des lieux figés, hors du temps. Dans des friches. Bâtiment industriel témoin d’une époque révolue, le site des Fonteneilles, à Beaucourt, a ce cachet de l’ancien. Des briques rouges. Une charpente métallique. Des structures de fonte. D’imposants escaliers en acier. De larges ouvertures avec des petits carreaux typiques des ateliers. C’est un ancien bâtiment de la prestigieuse histoire industrielle Japy, qui a façonné le sud du Territoire de Belfort et écrit une partie de son histoire.
L’usine des Fonteneilles est construite au début du XIXe siècle, en 1806-1807, à l’aube de la saga industrielle. En janvier 1881, un incendie détruit l’usine, qui est alors reconstruire. Le bâtiment est situé à quelques pas du parc des Cèdres et des principaux châteaux Japy de la cité beaucourtoise. « On a fait ici de l’horlogerie, raconte Christian Rayot, président de la communauté de communes Sud Territoire (CCST), qui se mue en guide touristique. C’est pour ça qu’il y a de grandes baies vitrées, pour un travail minutieux qui nécessitait de la lumière. » Pendant plus de 60 ans, cette bâtisse a surtout abrité la production des machines à écrire Japy, de 1910 à 1974. En 1961, la production atteint 40 000 machines à écrire standard de bureau et 35 000 portatives indique une publication de la CCST.
Les années 1970 marque le début de la fin. Le premier rachat est opéré en 1971. En 1974, Alsthom y installe la filiale Unelec pour y faire l’usinage, le bobinage et le montage de petits moteurs. Avec 1 200 employés en 1969, le site n’en accueille que 630 en 1977. La dernière cession est opérée en 2002 à la société Constructions électriques de Beaucourt (CEB). L’activité cesse peu à peu.
« Harmonie architecturale »
En 2007, la Ville de Beaucourt rachète le site. La communauté de communes Sud Territoire acquiert ensuite l’ensemble de 2,5 ha : en 2010, le bâtiment dit des 4000, aujourd’hui démoli ; en 2013, le bâtiment dit du Fer à cheval, l’objet de la réhabilitation. Le bâtiment encore debout profite d’une excellente maçonnerie. « C’est costaud, les maçonneries sont saines », apprécie Christian Rayot. Dès le rachat, la collectivité a engagé une réfection du toit, pour préserver l’ensemble.
Le bâtiment dispose de trois niveaux de 2 000 m2 chacun. Dans l’aile Sud, au rez-de-chaussée, la CCST va installer la police municipale, l’antenne de Beaucourt de l’école de musique et un espace France services. La Ville de Beaucourt va racheter le 1er étage pour installer la médiathèque.
Delle : rachat du site Von Roll
La CCST rachète 20 0000 m2 du site Von Roll, à Delle, afin d’envisager un projet qui colle mieux au projet de reprise d’activités d’Isola France. Les deux tiers du site restant libèrent du foncier au cœur de Delle. La construction de logements est envisagés en retraitant d’anciens bâtiments, ainsi que l’accueil de futures entreprises, la collectivité manquant de terrains à « finalité économique » comme elle l’écrit dans la délibération. Un million d’euros est budgétisé pour cette nouvelle acquisition et le lancement des études. Une volonté de pouvoir apercevoir la ripisylve de l’Allaine, en assurant des percées depuis le faubourg de Belfort, est acté, montrant l’inclusion dans le tissu urbain de l’industrie et la préservation des milieux naturels insiste le rapport de la CCST.
Dans l’aide nord et dans une partie de l’aile ouest, des projets de logements sont lancés. Une partie doit être des logements sociaux, une autre des appartements en accession. Un projet de loft a été tenté, mais le projet n’a pas pris. Les élus communautaires ont approuvé, au mois de mai, la publication d’un appel d’offre pour la vente de cette partie à un promoteur immobilier, chargé de proposer un projet, qui doit conserver l’idée du bâtiment. « On veut une harmonie architecturale des lieux », insiste Christian Rayot.
Après la réhabilitation des Forges à Grandvillars et de sites à Delle, c’est un nouveau bâtiment emblématique de l’histoire industrielle du Sud Territoire qui est valorisé. « Les friches industrielles sont des opportunités, confie Christian Rayot. On peut en faire de supers choses. » L’installation du siège mondial du groupe Lisi, à Grandvillars, sur le site des anciennes forges, en est le parfait exemple. Surtout, en réhabilitant, « on transforme l’image, à l’extérieur, du territoire. On montre ce qu’on a été, ce qu’on est et ce qu’on va devenir », explique Christian Rayot. Ces restructurations répondent à un enjeu d’attractivité du territoire. « On s’en empare à bras le corps », insiste-t-il. Selon lui, entre la collectivité et la société d’économie mixte du Sud Territoire, environ 50 millions d’euros ont été injectés dans des projets de réhabilitation de friches industrielles dans le Sud Territoire. Dans cette dynamique, la collectivité vient de racheter les anciens locaux de Von Roll, à Delle (lire par ailleurs).
Le projet de Beaucourt, qui dépasse les 4 millions d’euros, a reçu au printemps une aide de 967 106 euros de l’État, au titre du programme Recyclage foncier des friches, visant à transformer du foncier déjà artificialisé. « La reconquête des friches constitue un enjeu majeur d’aménagement durable des territoires pour répondre aux objectifs croisés de maîtrise de l’étalement urbain, de revitalisation urbaine et, par conséquent, de limitation de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers », indique la préfecture du Territoire de Belfort à ce sujet. Cette aide permet surtout à ces projets de réhabilitation d’exister : restructurer coûte parfois plus cher que de construire. Dans le cadre de France relance, 300 millions d’euros sont fléchés sur cet enjeu par l’État et 7,4 millions d’euros sont mobilisables en Bourgogne-Franche-Comté. Cette aide de près d’un million d’euros s’ajoute à une première aide de l’État, allouée en 2019, de 220 000 euros, et au 198 000 euros de la Région.