« L’orientation politique choisie par les militants est claire », souligne Marie-Eve Bélorgey, première secrétaire fédérale du Parti socialiste du Territoire de Belfort. Ce mardi 27 mai, les militants socialistes devaient se prononcer sur les textes d’orientation dans le cadre du Congrès du parti, programmé du 13 au 15 juin. C’est le texte porté par Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, et représenté localement par Marie-Eve Belorgey, qui termine en tête à Belfort, avec 65,67 % des suffrages. Il est suivi par le texte d’orientation porté par Olivier Faure, Premier secrétaire national sortant du Parti socialiste, représenté à Belfort par Léo Prassel, conseiller départemental socialiste, qui recueille 31,34 % des suffrages. Le texte porté par Boris Vallaud, chef des socialistes à l’Assemblée nationale, représenté localement par Jean Gonin, a recueilli 2,98 % des suffrages.
À l’échelle nationale, les deux premières listes sont au coude à coude : 42 % pour Olivier Faure et 40 % pour Nicolas Mayer-Rossignol. Boris Vallaud, avec 18 %, termine 3e et n’ira pas au second tour ; il apparaît comme le faiseur de roi. Nicolas Mayer-Rossignol rassemble derrière lui de très nombreux opposants à Olivier Faure, notamment ceux qui avaient présenté des listes aux précédents congrès, à l’instar d’Hélène Geoffroy. Il a aussi reçu le soutien de Lionel Jospin, ou encore celui de la présidente socialiste d’Occitanie, Carole Delga. Même si les résultats d’Olivier Faure reculent lors des derniers scrutins du PS, il se maintient en tête ; une situation qui montre bien que deux visions diamétralement opposées s’affrontent au sein du Parti socialiste. Et elles ont du mal à se départager.
« Clarification » du PS face à LFI
Cette situation se cristallise autour du périmètre et de la méthode de l’union de la gauche. Le maire de Rouen marque une rupture avec la France insoumise. « Nicolas Mayeur-Rossignol est très clair, dans son texte d’orientation, sur sa rupture avec LFI. Les militants socialistes sont sur cette position », estime Maude Clavequin, ancienne première secrétaire fédérale du Parti socialiste du Territoire de Belfort, proche de Marie-Eve Bélorgey. En 2019, le PS lui avait retiré l’investiture pour les municipales de 2020 pour son alliance avec La République en Marche (notre article).
Même s’il avait pris ses distances avec LFI ces derniers mois, Olivier Faure réclame toujours une candidature unique de la gauche pour 2027, à la suite d’une primaire de la gauche et des écologistes. Et il veut une union dès les municipales 2026. Du côté de la ligne de Nicolas Mayer-Rossignol, « toutes les unions ne sont pas bonnes ni entendables », avait rappelé Marie-Eve Belorgey lors de l’annonce d’une démarche d’union de la gauche à Belfort (lire notre article) autour de La France insoumise, des Verts, des Communistes et du collectif En Commun pour Belfort, début mai.
Les militants belfortains ont fait leur choix. Et ont plus voté qu’à l’échelle nationale. Selon des données communiquées au Trois, près de 75 % des militants de la fédération du Territoire de Belfort ont voté (ils étaient moins d’une centaine d’inscrits), contre moins de 60 % à l’échelle nationale ; le parti n’ouvre pas la possibilité de faire des procurations ou de voter en ligne apprend-on pour relativiser la faible participation. « Ces résultats stabilisent les choses pour les municipales, estime Maude Clavequin. Cela clarifie la position de la fédération du Territoire de Belfort. » Le Parti socialiste ne fera pas d’alliance avec La France insoumise.
Léo Prassel (PS) dénonce des « irrégularités »
« Marie-Eve Bélorgey défend une alliance avec la GRS (gauche républicaine et socialiste, NDLR) qui permettrait de gagner, replace Léo Prassel, pour évoquer la seconde liste de gauche qui se profile aux municipales à Belfort. Ce en quoi nous ne croyons pas du tout. » Le jeune élu milite pour une union large, gage de victoire selon son analyse. Une position défendue par Olivier Faure. Pour Marie-Eve Bélorgey, mais aussi Bastien Faudot (GRS), la France insoumise agit aujourd’hui comme un repoussoir chez une partie des militants de gauche, offrant au maire sortant Les Républicains de Belfort, Damien Meslot, une posture de « garant contre les deux extrêmes ». « LFI est aux antipodes de nos valeurs républicaines », critique encore Maude Clavequin. « On ne peut plus être dans une ambivalence constante, sans un programme », estime-t-elle.
« Nous avons relevé un nombre important d’irrégularités [lors de l’élection à la fédération du Territoire de Belfort] », dénonce, par ailleurs, Léo Prassel, joint par téléphone, mercredi soir. Une commission de recollement, au national, analyse les votes des fédérations. « Le Territoire de Belfort est à l’ordre du jour », indique le jeune conseiller départemental. « J’estime que le vote n’a pas été tout à fait régulier », glisse-t-il. « La commission émet une réserve sur cinq fédérations au niveau national, dont le Territoire de Belfort », écrit-il dans un message, envoyé plus tard dans la nuit. Jointe ce jeudi matin, Marie-Eve Bélorgey confirme que le vote « a été validé » malgré tout.
Du côté de la fédération belfortaine du Parti socialiste en place, on dénonce les manœuvres de Christian Proust, ancien président du conseil général, pour prendre la main sur l’appareil et l’emmener dans le mouvement lancé autour de La France insoumise, des Verts, des Communistes et d’En commun pour Belfort. « La stratégie d’entrisme de Christian Proust n’a pas réussi, note Maude Clavequin. La ligne sociale-démocrate l’a clairement remporté localement. » Sollicité, Christian Proust n’a pas voulu s’exprimer, laissant la main à Léo Prassel. Ce dernier défend une autre vision pour la fédération. Avec d’autres jeunes, « nous voulons proposer une alternative » à l’actuelle direction belfortaine du parti.
La campagne aux municipales n’a pas encore débuté. À gauche, elle est déjà au cœur de toutes les stratégies.