L’intersyndicale du site Alstom de Reichshoffen (Bas-Rhin) a exprimé mardi son inquiétude quant à la “pérennité” de cette plateforme d’assemblage de trains régionaux, que l’industriel est contraint de vendre pour respecter les règles de la concurrence.
(AFP)
L’intersyndicale du site Alstom de Reichshoffen (Bas-Rhin) a exprimé mardi son inquiétude quant à la “pérennité” de cette plateforme d’assemblage de trains régionaux, que l’industriel est contraint de vendre pour respecter les règles de la concurrence.
Dans un communiqué publié mardi, l’intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC) estime que la pérennité du site est “compromise par la volonté d’Alstom d’en brider les évolutions possibles”. Les syndicats jugent que “le détourage du site décidé par Alstom” ne respecte pas les règles européennes, notamment en ce qui concerne la “nécessaire viabilité et compétitivité des activités cédées”.
Leurs griefs reposent sur la motorisation à hydrogène, technologie développée sur le site de Tarbes (Hautes-Pyrénées) qu’Alstom ne compte pas céder, mais qui rentre dans la composition des trains assemblés à Reichshoffen. “L’expertise hydrogène restera chez Alstom, c’est très clair, puisqu’on est les seuls au monde à avoir développé” cette technologie, a précisé à l’AFP un porte-parole d’Alstom. “Et on travaillera avec le futur repreneur pour lui fournir la motorisation à hydrogène dans le cadre d’une commande à venir, qui est actuellement en discussion avec les régions et la SNCF”.
Cette commande devrait être passée en deux temps au moins, avec 14 premiers trains commandés par quatre régions, une “pré-série”, dont l’assemblage est prévue à Reichshoffen avec la chaîne de traction à hydrogène développée par Alstom. Pour les commandes futures, les trains devraient être réalisés par un consortium, toujours avec les motorisations à hydrogène développées par Alstom, mais avec l’assemblage effectué sous une nouvelle entité, celle du repreneur, à Reichshoffen.
Skoda et CAF intéressés
“Ce qu’on craint, c’est qu’Alstom”, en situation de monopole sur les technologies à l’hydrogène, “ait toutes les cartes en main pour nous vendre leur chaîne de traction à n’importe quel prix, ou refuse de la fournir”, et mette ainsi en difficulté le repreneur du site de Reichshoffen, a expliqué à l’AFP le secrétaire du CSE du site, Daniel Dreger. Le porte-parole d’Alstom a lui assuré que le groupe français était “disposé” à continuer à fournir à l’avenir au site de Reichshoffen ses motorisations à hydrogène.
Par ailleurs, alors que deux industriels, le Tchèque Skoda et l’Espagnol Caf, ont exprimé leur intérêt pour le rachat du site de Reichshoffen, l’intersyndicale a exprimé sa préférence en faveur de Caf. Elle l’explique par le fait que Caf dispose d’une “force commerciale bien établie en Europe de l’Ouest”, veut faire de Reichshoffen son “centre d’excellence mondial dans le domaine de l’hydrogène”, et s’est engagé à maintenir “l’ensemble des emplois et des acquis sociaux”. Elle craint qu’Alstom ait au contraire une préférence “pour une vente à Skoda”, qui apparaît “comme le moins performant des deux” et donc “moins problématique en matière de concurrence future”.
“Le processus est toujours en cours et continuera au cours des prochains mois, nous ne pouvons exprimer aucune préférence”, a déclaré le porte-parole d’Alstom. “Les critères principaux, c’est à la fois trouver un acteur ferroviaire de référence qui ait envie d’investir sur le site, et créer un concurrent crédible sur le marché des trains régionaux en France”. Pour veiller à la création de ce “concurrent crédible”, la commission européenne a nommé le 29 septembre un expert indépendant, le cabinet Advolis représenté par Antoni Vassileff, chargé de superviser cette vente.