La société coopérative Coop solaire Nord Franche-Comté a été fondée par une vingtaine d’associés, bénévoles, sensibles au développement des énergies renouvelables. En 2020, les énergies renouvelables ont représenté 24 % du mix énergétique primaire français (13 % d’énergie hydraulique et 7,9 % d’énergie éolienne) ; sur le site de RTE, on peut suivre en direct la répartition de la production de l’énergie primaire en France (à découvrir ici). Le Gouvernement a la volonté de doubler la capacité des énergies renouvelables électriques en 2028, par rapport à 2017, sachant que les besoins électriques doivent augmenter en France de 40 % d’ici 2050, selon les estimations. Et au mois de septembre, les Eurodéputés ont approuvé une résolution prévoyant que les énergies renouvelables représentent 45 % du mix énergétique européen en 2030 ; en 2020, il était de 32,3 % (éolien, solaire et hydro-électricité).
La coopérative veut participer à ce déploiement des énergies renouvelables et à leur accélération. « Notre projet, c’est de trouver des toitures d’au moins 200 m2, orientées au Sud et inclinées d’environ 30° », indique le président de la coopérative, David Boileau, ancien directeur de Gaïa Énergie et aujourd’hui au pôle énergie Bourgogne-Franche-Comté, où il accompagne les établissements de santé et médico-sociaux dans la recherche d’économies d’énergie et dans le déploiement de production d’énergie solaire. Il connait donc parfaitement la cartographie des acteurs de l’énergie dans la région. La coopérative a été accompagnée par l’association Coopawatt pour se constituer. Elle a rejoint aussi un réseau national de sociétés citoyenne, Énergie partagée, « qui fédère l’ensemble des projets et acteurs de l’énergie citoyenne sur le territoire national », note la société.
La volonté est de louer ces toits à des collectivités, à des industriels ou à des exploitants agricoles. La coopérative signe un bail. C’est elle qui investit et installe la ferme solaire, puis revend l’électricité à EDF. La Coop solaire se positionne comme un tiers investisseur. Des réflexions pourront aussi être menées, pour accompagner des structures qui souhaiteraient investir mais auto-consommer l’énergie produite ; on vendrait alors le surplus.
« Un territoire qui se mobilise »
Les fermes solaires seront « des installation de moins de 500 KWc », détaille le président, qui indique également que la coopérative dispose de tarifs garantis avec EDF. Pour une installation de 600 m2, il faut compter un investissement de 90 000 euros HT, explique David Boileau. Et les revenus sont estimés à 11 000 euros par an. La location du toit est estimée à 1 euro le m2, par an.
La coopérative recherche aujourd’hui des toits pour envisager des investissements. Cinq à six toits ont déjà été identifiés et seront étudiés. Aujourd’hui, ce sont plutôt des propriétaires privés qui ont manifesté de l’intérêt. Une telle coopérative « permet de toucher des collectivités qui n’ont pas forcément les compétences ni les moyens d’investir », souligne David Boileau. Un tiers investisseur règle ce souci. « Avoir un tiers investisseur sur le territoire pour porter ces projets, c’est intéressant », estime-t-il. Et cela inscrit dans le projet dans le territoire. Les bénéfices sont réinvestis dans le nord Franche-Comté, au service des habitants de cette région.
La coopérative résonne également en grappe de projets, pour mutualiser les coûts des investissements. Si les premiers projets avancent vite, des réunions publiques seront organisées au printemps pour lancer une souscription citoyenne. Les bénéfices ne sont pas à envisager à court terme. « Nous allons aussi définir ensemble ce que nous allons faire de ces bénéfices, souligne David Boileau. L’idée est plutôt de réinvestir. » C’est bien dans une logique territoriale qu’il faut inscrire ce projet, en complément d’un déploiement plus massif à l’échelle du pays, mais « où les producteurs d’énergie sont un peu plus proches des consommateurs », apprécie David Boileau. « C’est un territoire qui se mobilise », insiste David Boileau. La transposition du dispositif de communauté d’énergie, rassemblant collectivités, entreprises et citoyens, pour faciliter la mise en place de circuits courts de l’énergie, pourra aussi accélérer ce type d’initiatives citoyennes, comme elle doit le permettre dans la filière hydrogène (retrouvez notre dossier). Car la communauté ouvre la possibilité de consommer, produire, stocker et vendre de l’énergie
La coopérative se questionne forcément sur l’approvisionnement en panneaux solaires. Le cahier des charges va mettre des clauses pour privilégier au moins le marché européen, dans la mesure du possible. Forcément, le prix sera aussi un critère. Le prix entre aussi dans la sélection des toits ; un éloignement trop important du réseau pourrait être rédhibitoire en termes de coûts, car la connexion de la ferme solaire au réseau serait trop élevée. « Il faut faire un bilan énergétique avec une analyse du cycle de vie », convient David Boileau. La Coop solaire a la volonté de « pousser la démarche au mieux ».
La coopérative recherche enfin des compétences, pour rejoindre l’aventure. Mais des compétences « très diverses » assure David Boileau. On peut être spécialiste en énergie, mais aussi en comptabilité, fiscalité, construction… Ou avoir tout simplement de l’énergie à donner à un projet collectif.
- Renseignements : coopsolairenfc@gmail.com / http://coopsolairenfc.fr/