Le verdissement des transports, du chauffage, de l’alimentation et la décarbonation de l’industrie via l’hydrogène vont conduire à un boom de la consommation d’électricité d’ici 2050, en France comme à l’étranger, selon les projections.
(AFP)
Le verdissement des transports, du chauffage, de l’alimentation et la décarbonation de l’industrie via l’hydrogène vont conduire à un boom de la consommation d’électricité d’ici 2050, en France comme à l’étranger, selon les projections.
Si le monde veut juguler le réchauffement climatique, il devra renoncer aux énergies fossiles, pétrole, gaz ou charbon, responsables aujourd’hui de l’essentiel des émissions de dioxyde de carbone (CO2), pour se tourner largement vers une “électrification” des consommations énergétiques.
Le président Emmanuel Macron, pas encore officiellement candidat à sa réélection en avril, a tracé jeudi les grandes lignes de la politique énergétique du pays. Au terme de deux ans de travaux, RTE, le gestionnaire des réseaux électriques, a élaboré plusieurs scénarios : tous, y compris le plus “sobre” en termes de besoins, estiment que la consommation d’électricité sera plus élevée en 2050 qu’aujourd’hui. Au maximum, les hypothèses vont jusqu’à une consommation annuelle de 754 terawatt-heures (TWh) d’électricité en France en 2050, en cas de développement massif de l’hydrogène pour accompagner un phénomène de réindustrialisation destiné à abaisser l’empreinte carbone du pays sur ses importations.
Pour que l’industrie lourde puisse continuer à produire de l’acier, du ciment ou des produits chimiques et pharmaceutiques sans émettre de CO2, l’hydrogène a un rôle central, à condition d’être vert lui-même : c’est-à-dire issu d’une électrolyse de la molécule d’eau (H20) qui sépare l’hydrogène et l’oxygène à partir d’électricité elle-même générée à partir d’énergies renouvelables ou bas carbone. L’hydrogène vert devrait ainsi remplacer le charbon dans les industries qui ont besoin de beaucoup de chaleur (sidérurgie) ou permettre de stocker les énergies intermittentes que sont l’énergie solaire ou éolienne, via les piles à combustible. Les transports lourds pourraient aussi recourir à l’hydrogène pour remplacer leurs carburants.
Le scénario médian pour la demande d’électricité, dit “de référence”, table sur 645 TWh par an en 2050, soit une hausse de quelque 35 % de la demande par rapport à aujourd’hui. Avec trois secteurs qui augmenteraient fortement du fait des nouveaux usages : les transports (+85 TWh sur la période), l’industrie (+65 TWh) et la production d’hydrogène (+50 TWh).
Dans le même temps, certains secteurs comme le logement résidentiel et le tertiaire verraient leur consommation d’électricité diminuer grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique (isolation des bâtiments, meilleurs chauffages). La demande pour l’éclairage qui a déjà beaucoup diminué pourrait être divisée par quatre d’ici 2050, selon RTE, sous l’effet notamment de la généralisation des ampoules LED. Pour tenir cette trajectoire médiane, “plus de 40 % du parc automobile léger et plus de 80 % des immatriculations neuves doivent être composés de véhicules électriques ou hybrides rechargeables à l’horizon 2035”, prévient RTE. Le gestionnaire du réseau retient aussi un scénario dit “de sobriété”, prévoyant une consommation totale d’électricité de 555 TWh par an en France en 2050, plus proche de ce que prônent les écologistes. Pour RTE, cela suppose des choix de société : développement de l’habitat collectif, baisse du chauffage, limitation des déplacements…