Au moins 60% des maladies humaines infectieuses ont une origine animale. De nombreuses épidémies apparues ces dernières années, comme celles causées par les virus de la covid-19 Zika ou Ebola, ont en commun de venir des animaux, nous apprend l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
À côté de cela, l’activité humaine joue un rôle majeur dans la propagation de ces maladies infectieuses animales ou humaines. L’accroissement de la population mondiale et celle des animaux domestiques, l’intensification des transports ont ainsi facilité la propagation de pathogènes. Dans le même temps, la dégradation de l’environnement, la déforestation et le développement des villes au niveau mondial ont favorisé le contact entre les animaux sauvages, les animaux d’élevage et l’être humain, ce qui a aidé la transmission de maladies.
Face à tous ces constats majeurs sur la santé, le 14 mars, une centaine de personnes était réunie à Voujeaucourt pour un événement nommé « Cap vers une seule santé ». L’approche derrière cette rencontre : le « One health », qui se met de plus en plus en oeuvre dans les politiques sanitaires locales. En lien avec l’agence régionale de santé (ARS), l’hôpital nord Franche-Comté, le pôle métropolitain et l’association In’Terre ActiV.
Concrètement, le « One Health », c’est quoi ? C’est une stratégie qui a émergé du au virus H1N1, portée par l’organisation mondiale de la santé. Elle consiste à prendre acte du fait que la santé des êtres humains, ainsi que celle des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement en général (y compris des écosystèmes) sont étroitement liées et interdépendantes. L’enjeu de cette approche est de favoriser les collaborations entre acteurs de la santé publique, animale, végétale et environnementale. Il permet également d’associer les sciences humaines et sociales, notamment l’économie, afin d’aborder les problématiques de façon interdisciplinaire en tenant compte des activités humaines.
Laissé de côté pendant un temps, avec le Covid, le concept connaît un regain d’intérêt et des chercheurs lancent un programme pour s’y intéresser, qui place la recherche en santé animale, humaine et environnementale au cœur des efforts mondiaux nécessaires pour mieux comprendre, prévenir, surveiller et détecter à temps les risques de pandémies zoonotiques.
L'intégrer dans le nord Franche-Comté
« Il faut prendre conscience que tout est lié et qu’on ne peut pas travailler sur une des trois santés sans intégrer les autres », explique Amandine Berdelou, médecin chargée de la santé environnementale à la direction générale de l’hôpital nord Franche-Comté lors cette journée organisée à Voujeaucourt. Cette rencontre pour parler du « One Health » s’inscrit dans le cadre du contrat local de santé, explique-t-elle. Un contrat « qui est une planification des actions de santé et des objectifs pour notre territoire pour les quatre ans à venir. C’est le deuxième contrat local de santé pour le nord Franche-Comté », poursuit la médecin. « Dans le premier, nous avions déjà des sujets de santé environnementale. Là, nous allons plus loin en voulant sortir de l’anthropomorphisme en se coordonnant tous ensemble sur tous les milieux dont on vient. »
Les objectifs du jour : faire de l’interrelation. Et faire travailler ensemble les acteurs dans des domaines où ils ne le font pas d’habitude. Mêlant des personnes travaillant dans l’environnement, dans la santé, des élus.
Tout au long de cette journée, des conférences ont permis de se faire à l’approche mais aussi d’identifier des actions déjà en oeuvre dans le nord Franche-Comté identifiées comme ayant une approche « une seule santé ».La journée a été l’occasion de découvrir des projets locaux pour améliorer la vie des habitants. On a pu voir des ateliers sur la qualité de l’air et le radon, sur le fait d’aller au travail à vélo avec l’Ensemblier Défi. Sur la qualité de l’air extérieur, sur la chasse aux perturbateurs endocriniens ou encore sur le réseau des jardins partagés.
Dans la journée, des ateliers ont eu lieu pour se projeter sur comment faire, concrètement, pour mettre en oeuvre cette approche d’une seule santé, et les intégrer dans le contrat local de santé. Pour le moment, l’heure est encore aux différentes pistes.