Le chemin qui mène à la station serpente entre les maisons, les parcelles agricoles et forestières. À la sortie du village de Froidefontaine, un ballet de voitures officielles et de silhouettes témoigne de l’effervescence inhabituelle. Ce matin, préfet, sénateur, maires et membres de la communauté de communes du Sud Territoire (CCST) sont venus saluer le projet de statut d’épuration de la commune.
Mis en service depuis l’an dernier, le site traite déjà les eaux usées de Froidefontaine. « La commune est aujourd’hui branchée presque entièrement », explique Gilles Courgey, vice-président de la CCST en charge de l’assainissement. Elle est raccordée à 90%. D’ici 2026, les villages voisins de Brebotte et Grosne viendront grossir le débit, à l’issue de onze mois de travaux. La desserte totale est prévue pour dans quatre ans.
La station repose sur un procédé naturel : le traitement par rhizosphère. À l’inverse des stations d’épuration classiques, ici, pas de grandes machines ni de produits chimiques. Juste des lits remplis de graviers, de galets, et surtout, de roseaux. Sous leurs tiges, des micro-organismes s’activent pour digérer les matières polluantes. L’eau, au fil de son passage, en ressort propre, purifiée par un équilibre entre nature et ingénierie. « C’est ce qui fonctionne le mieux pour des villages comme les nôtres, avec des volumes d’eaux réduits », résume Gilles Courgey. Un modèle déjà expérimenté à Florimont et Croix, et que la CCST a souhaité reproduire ici, sur 1,5 hectare de terrain.
Depuis 2011, la communauté de communes a pris la main sur l’ensemble de la compétence assainissement. Et depuis 2016, elle gère elle-même ses équipements, en régie. À Froidefontaine, l’étude de faisabilité a démarré dès 2016. Neuf ans plus tard, la station est prête à tourner. Capacité d’accueil : 1 500 habitants, soit bien plus que les 1 100 actuels des trois communes concernées. De quoi anticiper les évolutions démographiques.
« L’assainissement est essentiel »
Le coût, lui, dépasse les cinq millions d’euros. Un million rien que pour la station, soutenue à hauteur de 413 000 € par l’Agence de l’eau et 212 000 € par l’État, précise la communauté de communes du Sud Territoire Les branchements de Froidefontaine ont coûté 1,3 million, ceux de Brebotte et Grosne 1,8. Une somme lourde, mais nécessaire, pour un enjeu qui dépasse les simples canalisations.
Pour Christian Rayot, président de la communauté de communes du Sud Territoire (CCST), c’est un investissement sur le long terme. « En dix ans, on a injecté près de 20 millions d’euros dans l’assainissement. Sur nos 24 communes, 18 sont déjà en assainissement collectif. Cela concerne 20 000 habitants », rappelle-t-il.
Cette politique ambitieuse a toutefois un coût « Nous sommes d’assainissement à une taxe à 3,24 %. On ne pourra pas aller plus loin », admet Christian Rayot. La hausse de 0,80 point décidée cette année pour soutenir les investissements ne pourra pas se répéter éternellement. « Ce n’est pas rien. Les usagers, jusqu’ici, acceptent, mais on ne peut pas aller au-delà. »
Face à ces contraintes, l’élu tient à rappeler l’enjeu de fond. « Il faut que les gens prennent conscience de ce que cela représente. Ce sont des travaux qui ne se voient pas en surface, mais qui sont essentiels pour l’environnement, pour la santé publique. Dans le monde, 1,4 million de personnes meurent à cause de défaut d’assainissement. »
Le président de la CCST note les erreurs communes du passé, notamment sur les cours d’eau : « On a un peu fait n’importe quoi. On essaye de récupérer, mais cela coûte cher. Désormais, dans nos villages ruraux, il faut que les gens puissent vivre correctement. Qu’ils puissent s’y installer durablement. C’est ce qui permet aussi à des villages comme Froidefontaine de rester vivants, d’accueillir des habitants. »