Elsa Le Ven – L’Illuminé
Le Condorcet à résidence.- Suite à la pandémie et au confinement mondial qui en a découlé, quasiment tous les secteurs d’activité ont été à l’arrêt forcé. On envisage aujourd’hui de mieux en mieux les conséquences de tout cela, sur l’économie principalement. Et si on essayait de regarder aussi du côté du monde animal ?
SPA
A priori, nos amis à quatre pattes qui partageaient notre confinement n’ont pas trop souffert, ils avaient leur maître tout le temps avec eux et ont eu peut-être plus de promenades que d’habitude. Et en même temps, il semble que les abandons d’animaux de compagnie se soient multipliés pendant la période – pas de chiffre officiel pour le moment – par peur que nos précieux compagnons ne soient des porteurs potentiels du virus.
Les SPA/fourrières ont fait part, dès fin mars, de leurs inquiétudes. Avec le confinement, ces structures étaient fermées au public et les adoptions n’étaient plus été possibles. Ces décisions ont eu de graves conséquences : surpopulation des box supérieure à l’accoutumée (puisqu’il n’y a aucun départ lié à l’adoption) et euthanasie de certains pensionnaires faute de places libérées. L’État a entendu ce cri d’alerte et a ré-autorisé, dès mi-avril, les adoptions, heureusement.
À Belfort, la SPA, ne souffrant pas de surpopulation, n’a pas souhaité ré-autoriser les adoptions dans ce contexte difficile, préférant attendre la fin du confinement pour reprendre le protocole habituel (rencontres avec l’animal et ses soignants, etc). On est en droit de se demander ce qu’il en est pour d’autres fourrières et d’autres SPA, en espérant que le confinement n’a pas conduit à une surpopulation ingérable… et qu’on n’est pas arrivé à cette extrémité de devoir euthanasier des animaux par manque de place ou de rentrées d’argents?
Les zoos
Un autre problème s’est rapidement posé : celui des zoos et parcs animaliers. Ces derniers ont toujours eu les mêmes dépenses qu’en temps normal, mais sans les recettes générées par les tickets d’entrée. Selon plusieurs zoos, les pertes financières de cette crise devraient entrainer une perte de 30 à 40 % du chiffre d’affaires annuel. L’État a débloqué une aide financière d’urgence de 8 milliards d’euros, mais cela sera-t-il suffisant ?
Bien qu’en France on tente de sauver la situation et de stabiliser les conditions de vie des animaux enfermés dans ces zoos et parcs animaliers, on ignore encore si cela réussira… Il faut savoir qu’on est passé près de situations extrêmes, telles que celle envisagée par un zoo d’Allemagne, à Neumunster : en plein confinement, le 17 avril, ce zoo a lancé un véritable SOS, un cri du cœur aux Allemands et à son gouvernement. Compte-tenu de la situation dramatique, la directrice envisageait une solution innommable, celle de sacrifier certains de ces animaux, de les euthanasier pour les donner à manger à d’autres. “Nous avons déjà fait la liste de ceux que nous devrons tuer en premier”, avait-elle confié. Cette affirmation fait froid dans le dos et montre que nous sommes passés à côté de l’horreur.
Lourd tribut
Puisque nous sommes déconfinés, il nous appartiendra de faire aussi le bilan des victimes animales « collatérales », même si ce n’est pas la priorité du moment. N’oublions pas ces animaux qui ont sans doute payé un lourd tribut dû au confinement.
Ce sont des animaux que l’on a domestiqués, domptés, enfermés en cage, forcés à nous servir, etc. Et tout cela pour quoi ? Pour nous divertir et peut-être même pour nous déculpabiliser : l’espèce humaine est à l’origine de la disparition de centaines d’espèces animales, elle a fait disparaître pas loin de 60 % de la population animale sauvage vivant sur Terre. Ne serait-il pas temps de changer notre vision sur les animaux, notre manière de les traiter ? Notre survie dépend de la biodiversité que nous mettons à mal !
- La rédaction de L’Illuminé remercie chaleureusement Manuel Lepart de nous avoir autorisé à publier son dessin pour illustrer cet article d’opinion.