Un problème de santé du dirigeant, et le devenir de l’entreprise bascule. C’est ce qu’il est advenu à Frank Billiotte : en mai 2024, il frôle la mort. Aujourd’hui encore, il souffre d’importantes séquelles. Les répercussions personnelles sont bien entendu énormes. Pour son entreprise aussi. Frank Billiotte était connu dans la région pour avoir créé et géré pendant une vingtaine d’années une biscuiterie. Biscuiterie qu’il a vendue et, début 2020, il crée une nouvelle entreprise de fabrication et vente de bocaux commercialisés sous la marque « La Maison du bocal », à Valentigney. L’entreprise produit jusqu’à 170 références de bocaux, centrés sur l’apéro et le snacking. Il retrouve vite une clientèle de professionnels, mais l’envol se fait vraiment avant les fêtes de fin d’année 2021, avec les ventes aux particuliers et aux associations. Il ouvre un point de vente à Belfort, rue Dreyfus-Schmidt, qui, sous l’impulsion de sa compagne Coralie Zindel, devient un restaurant cosy : « J’y ai mis ma touche artistique pour la déco », explique-t-elle. L’adresse est mentionnée dans le Routard après un an et demi d’activité. Au bout de deux ans ; la conserverie et le restaurant atteignent un chiffre d’affaires de l’ordre de 900 000 €. Frank Billiotte envisage d’embaucher (l’entreprise ne comptait alors qu’un CDI) et d’investir dans de nouvelles machines pour développer la production et vendre au-delà de la région. Tout s’arrête net, avec son accident de santé.
15 000 bocaux pour Noël
Pour Coralie Zindel, l’entreprenariat n’est pas une vocation, Titulaire d’une licence d’arts appliqués, elle a également suivi une formation chez Hermès à Héricourt. Mais elle fait front, à la fois sur les problèmes personnels et sur la sauvegarde de l’entreprise dont elle est associée, ainsi que Stéphanie Izac. Elle doit toutefois arrêter la production et licencier la seule personne en CDI. Et bien sûr, il n’est plus question de recruter ou d’acheter de nouvelles machines. Avec Stéphanie, elle assure la vente du stock : juste avant l’accident de santé de Franck Billiotte, l’entreprise avait effectué une préproduction pour les fêtes de Noël, soit environ 100 000 bocaux (avec une durée de conservation de deux à trois ans). La vente se poursuit donc, notamment auprès des associations qui proposent ensuite ces produits à leurs soutiens pour améliorer leur trésorerie.
La Maison du bocal reste ainsi à flot, et un repreneur se présente. Les discussions avancent, mais n’aboutissent pas : cet été, le repreneur décide finalement de ne pas franchir le pas. Cela aurait pu sonner le fin de l’entreprise, mais Coralie, Stéphanie et Frank (« Un travail d’équipe », insiste Coralie Zindel) décident en août de lancer une production « pour un dernier Noël ». En une quinzaine de jours, Coralie et Stéphanie, sous les directives de Frank, qui connait les recettes et détient le savoir-faire, fabriquent 15 000 bocaux avec vingt-cinq produits différents. Une diffusion est prévue en direction des associations et le magasin sera rouvert à Valentigney (dans la zone d’activité des Rives du Doubs, derrière Lidl) du 22 novembre au 24 décembre. Parallèlement, le restaurant de Belfort Au Bocal a été vendu : il rouvre en ce mois de novembre sous le nom de « B Fort ».
Un « dernier Noël » en forme de baroud d’honneur ? Pas seulement. Coralie Zindel espère ainsi gagner un peu de temps pour qu’un repreneur se manifeste. Ce serait un beau cadeau de Noël.

