Même dans l’aire urbaine nord Franche-Comté, bassin économique et de vie qui s’étend à la fois sur le Territoire de Belfort, une partie de la Haute-Saône et du Doubs, il est rare d’avoir des représentants des trois préfectures de ces départements sur la même photo. C’était le cas vendredi soir,19 décembre, lors de la signature d’une convention-cadre par le président d’Aire Urbaine Investissement et par l’Etat, via trois de ses représentants : Jean-Marie Wendling, sous-préfet, secrétaire général de la préfecture du Territoire de Belfort, Renaud Nury, sous-préfet de Montbéliard, et Pierrick Loze, sous-préfet de Lure.
Cette convention-cadre répond à une préconisation de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), émise à la suite d’un audit. Elle instaure officiellement AUI comme la plateforme d’animation, de gestion et de coordination des conventions de revitalisation pour les trois départements (les conventions de revitalisation concernent les entreprises de plus de 1000 salariés qui engagent un plan social et qui ont obligation de verser une somme destinée à contribuer à revitaliser le tissu économique du territoire victime de la suppression d’emplois). Elle officialise également la gouvernance des fonds de revitalisation par AUI via un processus en trois étapes :
- Un comité technique commun aux trois départements qui examine les dossiers à l’instruction et désigne les projets éligibles qui seront présentés en comité de coordination des investissements.
- Un comité de coordination des investissements, qui se réunit à la préfecture soit de Belfort, soit de Vesoul ou à la sous-préfecture de Montbéliard. Au cours de ce comité d’organisation, les chefs d’entreprise viennent défendre leur projet. Il est co-présidé par les représentants de l’Etat et d’AUI.
- Et enfin le conseil d’administration d’AUI, pour donner quitus au président.
Ce parcours constitue une des singularités d’Aire Urbaine Investissement. Autre particularité ; AUI privilégie les aides remboursables, ce qui signifie qu’un euro versé à AUI via une convention de revitalisation, peut, grâce aux cycles de remboursement, aider successivement plusieurs entreprises et créer ainsi un effet démultiplicateur. D’où une efficacité accrue.
De 2010 à 2025, AUI a traité 471 conventions de revitalisation, soit un flux de presque 17 millions d’euros. Le soutien apporté aux entreprises a permis de créer ou sauvegarder 5353 emplois (2856 créations d’emplois et 2497 sauvegardes d’emplois).
Né de la disparition de Bull Périphériques à Belfort
Aire Urbaine Investissement ne s’est pas toujours appelé ainsi. Cette structure est née de la fermeture de Bull Périphériques à Belfort, en 1991 : elle s’appelle alors Sybel. Pas moins de 1400 emplois sont alors supprimés. Un traumatisme pour Belfort et pour le Territoire. Trois fonds de 13 millions de francs chacun (de Bull, du conseil général du Territoire de Belfort et de l’Etat) sont alors engagés pour tenter de compenser ces pertes d’emploi à travers des avances remboursables, des subventions et des prises de participation. En 1999 ? Sybel devient Belfort Investissement, avec l’implication d’Alsthom qui apporte 50 millions de francs. En septembre 2009, Belfort Investissement devient Aire Urbaine Investissement (AUI), avec une augmentation de capital (AUI est une SAS, société par actions simplifiées) via l’agence de développement et d’urbanisme (ADU) du Pays de Montbéliard, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Doubs) et PSA Peugeot-Citroën. AUI compte aujourd’hui deux salariés.
Christian Bleicher est aujourd’hui le président d’AUI. Il cédera sa place le 1er janvier 2026 à Jean-Luc Quivogne, président de la CCI Saône-Doubs. Un des enjeux dans les mois à venir sera de trouver un ou des repreneurs des actions de Stellantis, qui a choisi de se retirer d’AUI voici quelques mois pour ce recentrer sur son activité industrielle. Le président sortant Christian Bleicher, est clair sur ce que peuvent être les motivations d’un éventuel repreneur de ces actions : non pas un intérêt financier, mais une réelle volonté d’aider le tissu économique local et régional, de sauvegarder et de créer des emplois.