Le nord Franche-Comté compte près de 120 000 emplois. Et 24 %, selon l’Insee, relèvent du secteur industriel, un taux bien plus élevé qu’ailleurs. Il est de 17 % en Bourgogne-Franche-Comté contre 13,3 % à l’échelle nationale. L’industrie est inscrite dans l’ADN de ce territoire. « Les dix principaux établissements employeurs sont à l’origine d’un tiers des emplois du Pôle contre 18 % en moyenne régionale », relève à ce sujet l’Insee. « Cela résulte d’une spécialisation importante, notamment autour des filières automobile, ferroviaire et de l’énergie », analyse l’institut.
Cette singularité avait été identifiée par l’État en 2018, lorsqu’il avait lancé le dispositif Territoires d’industrie. Et le nord Franche-Comté fut l’un des premiers territoires reconnus par l’État. Un label basé sur un constat. « L’industrie est un vecteur de développement et de cohésion des territoires, relève l’agence nationale de la cohésion des territoires, qui pilote le programme. Pour preuve : 70 % de l’emploi industriel se situe en dehors des métropoles, dans les territoires périurbains, ruraux et villes moyennes. » Fin 2022, à la fin de la première phase, 149 territoires avaient le label. Au printemps 2023, Emmanuel Macron annonce son plan en faveur de la réindustrialisation. Et la phase 2 du programme Territoires d’industrie intervient comme un point de départ.
Collectivités et industriels
Pour cette 2e phase, c’est le territoire qui dépose un dossier. Les cinq intercommunalités du nord Franche-Comté – pays de Montbéliard Agglomération, Grand Belfort, Pays d’Héricourt, Sud Territoire et Vosges du Sud – ont présenté leur candidature. Le dossier devait être remis le 22 septembre. Il est en cours d’instruction. La réponse est attendue à l’automne.
Le pilotage du label est transféré du pôle métropolitain Nord Franche-Comté vers l’agence de développement économique du nord Franche-Comté (ADNFC). Le portage de la dynamique prend une teinte plus économique que politique, porté par un acteur du territoire particulièrement en contact avec les entreprises ; un chargé de mission sera recruté pour animer cet écosystème.
La démarche se veut collective, en encourageant les collectivités et les entreprises à échanger en faveur de l’industrie. Le label donne accès à des aides pour de l’ingénierie ou pour accompagner des programmes. 100 millions d’euros seront aussi fléchés pour soutenir des investissements, sur des nouveaux produits ou de nouvelles usines. Car l’enjeu est là : freiner la baisse des emplois industriels, voire en reconquérir.
17 actions
Dans son projet, le territoire a défini 17 actions. L’une d’elles est la mise en place d’une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, à l’échelle du territoire. Une idée née d’un premier paradoxe, où l’on constate un taux de chômage élevé et de forts besoins de recrutement, notamment dans l’industrie. Cette démarche permet de viser les emplois qui seront nécessaires demain en anticipant les mutations du marché du travail, donc les formations à créer, les transferts à envisager et les actions à mettre en place pour attirer. Dans cette dynamique, il y a aussi une volonté de fédérer à l’échelle du nord Franche-Comté les démarches de responsabilité sociale des entreprises (RSE), pour contribuer au recrutement des personnes éloignées de l’emploi en encourageant par exemple des dispositifs d’immersion, de tutorat.
Côté innovation, les acteurs de cette démarche veulent accroître le nombre de jeunes entreprises à incuber. Ils souhaitent entamer une réflexion pour identifier les opportunités autour d’une filière bois, ainsi que lancer une étude de faisabilité et d’opportunité du développement du fret ferroviaire. Côté foncier, un travail sur les friches est ciblé, pour mieux identifier ce qui est encore exploitable ou à re-naturer. « C’est une demande forte des élus », confie Xavier Prévotat, directeur de l’ADNFC. « Nous souhaitons une analyse fine », ajoute-t-il. Et Territoires d’industrie peut venir en soutien pour mener les études et proposer des solutions.
« On veut accompagner le développement du territoire », résume Didier Klein, vice-président à Pays de Montbéliard Agglomération en charge de l’économie, l’un des deux visgaes de la gouvernance de Territoires d’industrie Nord Franche-Comté, avec François Cortinovis, p-dg de M-Plus à Lachapelle-sous-Rougemont. « Il faut ouvrir le territoire à toutes les opportunités de financement », termine Didier Klein. Car Territoires d’industrie peut être une opportunité pour cibler des projets et les diriger vers le programme d’investissements France 2030.