Le covid-19 a provoqué une hausse du marché des cycles. Si l’on pensait que la courbe ascendante allait se poursuivre, le marché des ventes de vélo a finalement plutôt tendance à diminuer. Près de 2,8 millions de vélos ont été vendus en 2001, en France, contre 2,2 millions en 2023. Entre 2019 et 2023, on constate même une baisse de 15,5 % des ventes, replace Jean-François Klopfenstein, président de la Recyclerie des Forges, à Audincourt, qui appartient à l’Ensemblier Défi, qui regroupe, lui, une dizaine de structures de l’économie sociale et solidaire, dans le pays de Montbéliard.
Dans ce marché, le vélo à assistance électrique (VAE) enregistre, à rebours, une forte dynamique. En 2023, le taux de pénétration des VAE dans le marché du cycle était de 30%, indique-t-il, citant des données de l’union sport & cycle. Les VAE représentent un tiers des ventes et pèsent deux tiers de la valeur du marché. Prix de vente moyen d’un vélo à assistance électrique : 1 967 euros. Avec les trottinettes électriques, on met en circulation, chaque année, 1,2 million de batteries, d’une durée de vie de 5 ans.
Entre 900 et 1 000 batteries par an
Selon des calculs, pour un bassin de vie de 300 000 habitants, cela permettrait à un atelier de proximité de reconditionner entre 900 et 1 000 batteries par an. C’est fort de ce constat qu’est née l’idée d’un atelier de reconditionnement des batteries des vélos à assistance électrique et des batteries de trottinettes, le projet M-Power. « C’est un sujet qui a été porté lors du Crunch Time 2024 », rappelle Olivier Lamotte, directeur du Crunch Lab, au Techn’Hom, structure associée à l’université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM). Depuis, les acteurs ont répondu à un appel à projets l’Ademe et du conseil régional, « accélérateur économie circulaire ».
Il débute le 1er septembre. Et grâce à cette participation au Crunch Time, avec des étudiants, le projet M-Power ne part pas de zéro. La maîtrise d’ouvrage est assurée par Envie 2E, spécialisé dans le recyclage d’équipement électriques et électroniques, qui dépend également de l’Ensemblier Defi. La structure est une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), labellisée Iso 9001 et ISO 14001. « Sans ces labellisations, tu ne peux pas t’attaquer à un sujet comme les batteries », convient Jean-François Klopfenstein. La Recyclerie des Forges assure l’animation du projet.
Service complet
Le projet vise « à réaliser un atelier de reconditionnement de batteries, de petite dimension », explique Jean-François Klopfenstein. « C’est un atelier de proximité », ajoute-t-il. « L’atelier devra être réplicable dans de petits espaces », poursuit Guillaume Combette, chef d’atelier à la Recyclerie des Forges. Par exemple, dans un des cinquante sites du réseau Envie, à travers la France. Pendant douze mois, les acteurs regarderont l’organisation de l’atelier, sa sécurité, les postes de travail, voire leur adaptation pour des personnes en situation de handicap. Ils seront accompagnés par le Crunch Lab. « Nous sommes dans notre mission d’accompagnement de projets technologiques territoriaux », explique Olivier Lamotte. Ensuite, pendant six mois, on transposera les résultats dans les locaux d’Envie 2E, à Valentigney.
« C’est une technologie accessible », assurent Jean- François Klopfenstein et Guillaume Combette, pas effrayés par le projet. Guillaume Combette d’ajouter : « La première des choses à penser, c’est de travailler en sécurité, quand il y a du monde et quand l’atelier est vide. » « Nous voulons viabiliser le fonctionnement d’une activité locale où les gens viendront avec des soucis de batterie, indique Guillaume Combette. Nous voulons offrir quelque chose que les gens ne trouvent pas facilement. »
On ne peut pas imaginer changer systématiquement de batterie, dès qu’il y a un problème, et débourser 600 euros. Ce n’est pas tenable financièrement pour l’usager. Et il faut limiter le recours aux terres rares. C’est aussi l’une des motivations de la recyclerie dans ce projet. Aujourd’hui, lorsque quelqu’un pousse les portes de l’atelier pour une réparation de batterie, ils doivent sous-traiter : ce qui est plus cher et moins flexible. Actuellement, la recyclerie électrifie déjà les vélos musculaires (lire ci-dessus).
Avec cette compétence qui pourrait s’ajouter, la structure pourrait développer aussi une activité d’entretien. « On offrirait un service complet », note Guillaume Combette. Avec cette activité, la Recyclerie des Forges peut aussi s’inscrire dans le grand univers du recyclage. Ils pourront réparer et reconditionner les batteries abîmées, voire participer au cycle de réaffectation de ces équipements. Une batterie de vélo à assistance électrique est très exigeante. Si elle ne répond plus aux besoins du vélo, sa vie n’en est pas pour autant finie. « Il y a un sujet du déclassement successif des usages », explique Jean- François Klopfenstein. La batterie du VAE peut être utilisée dans d’autres applications moins exigeantes, comme avec une perceuse ou une lampe rechargeable par exemple. « On peut lui donner une autre vie », apprécie le président. Redonner vie : la mission que se donne au quotidien la Recyclerie des Forges, dans l’univers du cycle.
Électrifier son vélo
La Recyclerie des Forges, à Audincourt, propose d’électrifier son vélo musculaire, à partir de 700 euros. La batterie est installée sur le cadre ou le porte-bagage. L’atelier propose un moteur de 250 W, électrifiant la roue avant, la roue arrière ou le pédalier, selon le vélo. « Même vélo, moins d’efforts ! » promet la recyclerie.
À Belfort, le Maillon Solidaire le fait aussi, en lien avec Virvolt, unique fabricant français de kits d’électrification.
Recyclerie des Forges, 55 avenue du Maréchal-Foch, Audincourt. Tél. : 03 39 30 00 79 https://www.la-recyclerie-des-forges.fr/
Pendant le mois d’août, Le Trois vous distille quelques uns de ses articles sur son dernière magazine :
- Le vélo se rêve en filière, Le Trois, juillet 2025, 7€. Acheter la version numérique (4,5 €) : https://letrois.info/kiosque/ | commander la version papier : sur demande, à redaction@letrois.info