Le marché automobile européen a chuté de 7,4% en février, pénalisé par des changements de réglementation, et les constructeurs français ont plus souffert que leurs concurrents étrangers avant même l’impact du coronavirus qui s’annonce violent.
Daniel Aronssohn – AFP
Le marché automobile européen a chuté de 7,4% en février, pénalisé par des changements de réglementation, et les constructeurs français ont plus souffert que leurs concurrents étrangers avant même l’impact du coronavirus qui s’annonce violent.
Comme en janvier, le groupe Renault (avec Alpine, Dacia, Lada) a fait près de deux fois moins bien que la moyenne, avec des livraisons en recul de 14,3%. Son rival français PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall), en baisse de 8,9%, s’en est juste un peu moins mal sorti, d’après les données publiées par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Environ 957 000 voitures particulières neuves ont été mises sur les routes de l’Union européenne en février. Les quatre principaux marchés, Allemagne (-10,8%), Italie (-8,8%), Espagne (-6%) et France (-2,7%) étaient dans le rouge.
Brexit oblige, l’ACEA établit désormais ses statistiques pour l’UE hors Royaume-Uni, en retraitant les chiffres de 2019 afin de permettre les comparaisons d’une année sur l’autre. Sur les deux premiers mois de l’année, la baisse du marché automobile atteint aussi 7,4%. Le marché subit le contre-coup d’immatriculations qui ont été anticipées en fin d’année dernière, d’une part pour écouler des véhicules polluants avant l’entrée en vigueur de plafonds européens de CO2 contraignants pour les constructeurs, d’autre part pour esquiver un alourdissement de la fiscalité automobile dans plusieurs pays dont la France, à partir du 1er janvier.
L'automobile à l'arrêt en mars
Mais l’ACEA a aussi constaté “un affaiblissement de la conjoncture économique mondiale”, avant même l’impact des mesures de confinement prises en Europe ces derniers jours pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Les grands marchés européens (Allemagne, France, Italie, Espagne) sont désormais paralysés et les principaux sites de fabrication sont à l’arrêt ou en passe de l’être pour une période indéterminée. Une dégringolade encore plus brutale s’annonce à partir du mois de mars.
Dans des circonstances similaires, le marché chinois avait chuté de près de 80% en février. Après six années consécutives de croissance, l’ACEA, qui tablait jusqu’ici sur un recul des immatriculations européennes de 2% en 2020, devra donc revoir ses prévisions. “L’amplification de l’épidémie (…) va peser très lourdement sur la production et le marché automobile”, a averti mardi la Plateforme automobile (PFA) qui regroupe les principales entreprises du secteur en France, appelant à “anticiper dès maintenant, un plan de relance pour la sortie de crise”.
Parmi les constructeurs, le groupe Volkswagen (-5,3%) a encore renforcé sa première place européenne en février, avec une part de marché de 25,1% (+0,6 point). Il bénéficie du succès des nouveaux modèles de SUV (4×4 de loisir) de sa filiale espagnole Seat (+9,2%).
Toyota en grande forme
Du côté français, PSA souffre de la chute de sa marque Opel (-23%), plombée par l’arrêt de la commercialisation de plusieurs modèles pour renforcer sa rentabilité. Ses marques Peugeot (-4,8%) et Citroën (-4,9%) ont mieux résisté aux vents contraires. Dans des volumes bien moins significatifs, le tout jeune label DS, qui tente de se faire une place dans le haut de gamme, s’est envolé de 103,8%, grâce à ses récents SUV DS3 Crossback et DS7 Crossback. Au total, le groupe se maintient au deuxième rang européen, avec une part de marché de 17,6% (-0,3 point).
Malgré sa forte baisse, Renault complète toujours le podium, en s’assurant 10,5% du marché (-0,8 point). Les livraisons de la marque au losange ont reculé de 6,9% tandis que celles de sa filiale à bas coûts Dacia ont plongé (-27,3%).
Derrière ce trio, trois constructeurs ont particulièrement tiré leur épingle du jeu. Le coréen Hyundai (avec Kia) a progressé de 1,1%. Le groupe BMW (avec Mini) a fait encore mieux (+3,1%). Mais c’est Toyota (avec Lexus) qui a le plus brillé (+11,5%), profitant comme les mois précédents d’un engouement pour ses motorisations hybrides (essence-électrique).
À l’inverse, l’italo-américain Fiat Chrysler (avec Jeep, Lancia, Alfa Romeo) a reculé de 7%, l’allemand Daimler (Mercedes, Smart) a chuté de 12,7% et les immatriculations de l’américain Ford ont dégringolé de 19,8%.