Le chercheur belfortain du FC Lab (la plateforme Pile à combustible), Daniel Hissel, a reçu la médaille de l’innovation du CNRS, l’une des plus hautes distinctions dédiées à la recherche en France. Une récompense qui concrétise surtout le pari pris au début des années 2000 de se pencher sur la technologie de l’intégration des piles à combustible.
Le chercheur belfortain du FC Lab (la plateforme Pile à combustible), Daniel Hissel, a reçu la médaille de l’innovation du CNRS, l’une des plus hautes distinctions dédiées à la recherche en France. Une récompense qui concrétise surtout le pari pris au début des années 2000 de se pencher sur la technologie de l’intégration des piles à combustible. Et de parier déjà sur les perspectives liées à l’hydrogène.
« C’est une récompense à titre personnel, mais elle souligne aussi la qualité du travail collectif depuis 20 ans à Belfort », insiste, modeste, Daniel Hissel, professeur à l’université de Franche-Comté. Il est l’un des quatre lauréats de la médaille de l’innovation 2020 du centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’une des plus hautes distinctions scientifiques en France. Daniel Hissel est membre de l’institut Franche-Comté électronique mécanique thermique et optique – sciences et technologies (Femto-ST). Il est responsable de l’équipe Sharpac, du département énergie, qui est notamment intégrée au FC Lab (plateforme pile à combustible), une fédération de recherches à Belfort, installée au Techn’Hom, qui regroupe des équipes de l’université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM), de l’université de Franche-Comté ou encore de l’université de Lyon 1. « Cette Fédération de Recherche regroupe la totalité des équipes de recherche de Franche-Comté dans le domaine des systèmes pile à combustible », rappelle le site Web du FC Lab.
Pionniers
Ce collectif évoqué par Daniel Hissel a bien changé en 20 ans. Aujourd’hui, le FC Lab, qu’il a dirigé pendant 8 ans avant de laisser la main à Marie-Cécile Pera au mois de janvier, rassemble près de 120 chercheurs à Belfort, dont une cinquantaine de doctorants. Des doctorants qui permettent de diffuser le savoir acquis à Belfort et de tisser une toile depuis la cité du Lion sur cette question de l’intégration des piles à combustible.
Au début des années 2000, il n’y avait qu’une poignée de chercheurs, dont faisait partie le lauréat. Des pionniers. « C’était une décision stratégique », rappelle Daniel Hissel. La plateforme a été créée intégralement pour travailler sur cette technologie de l’intégration de la pile à combustible, à une époque où elle était loin d’être mûre. Au sein même de la communauté scientifique, on est alors dubitatif sur ce choix. « À juste titre », reconnaît Daniel Hissel. C’était une décision à contre-courant. « Un choix audacieux », analyse-t-il. Une décision qui aujourd’hui porte ses fruits, alors que l’hydrogène-énergie (tous nos articles sur cette technologie ici) sera une technologie clé de la transition énergétique et de l’énergie décarbonée.
État de la pile en temps réel
Daniel Hissel cherche à « mesurer en direct l’état des piles à hydrogène pour en augmenter les performances et la durée de vie », indique le CNRS pour expliquer ses travaux. « Son approche inclut l’ensemble des phénomènes à l’œuvre : chimiques, électriques, électrochimiques, thermiques, mécaniques… » poursuit le centre de recherches. Daniel Hissel s’appuie notamment sur l’intelligence artificielle pour mener ces opérations. Et il travaille aussi sur des « systèmes hybrides qui combinent batteries, supercondensateurs et piles à hydrogène ». « Des algorithmes permettent d’optimiser les flux énergétiques en fonction de l’usage, pour maximiser les performances de chacune d’entre elles », détaille finalement le CNRS.
Transferts vers l'industrie
La plateforme travaille sur trois axes de recherche : l’augmentation de l’efficience énergétique de la pile à combustible et sa soutenabilité, pour ne pas déplacer des problèmes écologiques ; la durabilité et l’augmentation de la durée de vie de la pile à combustible ; la réduction des coûts, liée aux deux premiers axes, mais aussi au déploiement industriel de la filière.
Si cette médaille salue un travail de recherche, il faut noter « que des transferts vers le milieu industriel » ont déjà été opérés, comme en témoigne les développements de la start-up belfortaine H2sys, qui a révolutionné le groupe électrogène. Daniel Hissel, co-fondateur, y est conseiller scientifique. En parallèle, l’objet pile à combustible a vu son prix être divisé par 30 voire 50 en 15 ans, pour des puissances équivalentes. Forcément, cela ouvre des perspectives.
Feuille de route
Cette distinction tombe dans une période propice à l’hydrogène. « Tous les industriels s’y intéressent peu ou prou dans une dynamique de diversification, de relocalisation post covid-19, de transition énergétique et de souveraineté énergétique, car il ne faut que de l’eau et de l’électricité pour faire de l’hydrogène », analyse Daniel Hissel. « La Région Bourgogne-Franche-Comté est l’une des seules régions à avoir écrit une feuille de route et à avoir fléché un budget », apprécie-t-il également. Cette feuille de route générale 2020-2030 est dotée de 90 millions d’euros.
Dans ce contexte, le nord Franche-Comté a une longueur d’avance sur cette technologie. « Nos territoires sont mûrs pour passer à l’échelle suivante », note Daniel Hissel. Mais il ne faut pas perdre cet avantage concurrentiel. Il y a quelques semaines, l’Allemagne a annoncé son intention de devenir le numéro un mondial de l’hydrogène vert. Elle veut investir 9 milliards d’euros pour créer une filière. Ce mercredi 8 juillet, la Commission européenne doit présenter son alliance des industries de l’hydrogène. « L’Alliance européenne pour l’hydrogène mettra en commun les ressources pour donner une ampleur et un impact suffisants aux efforts d’industrialisation, [afin de créer] un écosystème de l’hydrogène industriel durable au sein de l’UE », indique le média Euroactiv, citant un document de la Commission européenne. 140 000 nouveaux emplois sont attendus dans cette filière d’ici 2030.