« Le conflit de direction ne permet indéniablement pas le fonctionnement normal de la société », peut-on lire dans une ordonnance du tribunal de commerce de Vesoul, en date du 30 mai 2024, concernant le groupe Gaussin (lire notre enquête). Celui-ci est en procédure de sauvegarde depuis le 3 avril. L’entreprise est aussi secouée par une crise très profonde entre les trois administrateurs ; le projet, avorté, d’intégration au capital du fonds américain Coral Reef capital, basé à New York et représenté par Steve Filipov, divise. L’actionnaire de référence, Tablon SPV, société d’investissement de Czechoslovak Group (CSG), actionnaire de référence de Gaussin, qui détient plus de 20 %, a marqué son territoire mi-mai, dans une lettre adressée aux deux administrateurs qui se désolidarisaient de Christophe Gaussin.
Dans son ordonnance, le tribunal confirme un « péril imminent », alors que « des décisions essentielles sont à prendre », ajoute le document, consulté par Le Trois. Le tribunal estime que le groupe Gaussin « a besoin d’une gouvernance stabilisée ». Philippe Jeannerot est nommé administrateur provisoire jusqu’au 18 juin, date de la tenue du prochain conseil d’administration, réclamé par l’actionnaire tchèque. De fait, Christophe Gaussin n’est plus le dirigeant de l’entreprise, commente une source qui maîtrise le dossier. Il ne peut plus engager l’entreprise sur le volet financier ou contractuel. Par ailleurs, cela préserve aussi l’entreprise d’une possibilité « de putch », déclare une voix en interne. Christophe Gaussin se protège d’une « prise de contrôle ».
Gaussin nommé directeur général ?
L’assemblée générale du 18 juin permettra d’élire quatre nouveaux administrateurs, portant le total à sept. Ils sont nommés par l’actionnaire tchèque, qui prend ainsi le contrôle. L’assemblée générale doit ainsi « stabiliser la gouvernance », confirme une source proche du dossier. Dans la foulée, un conseil d’administration sera réuni, pour désigner la nouvelle gouvernance. On évoque un rôle dissocié entre la présidence et la direction générale. Un maintien de Christophe Gaussin, pour le moment, au poste de directeur général est évoqué. CSG envisage de mettre un de ses représentants comme président du groupe. En 2023, lors de son entrée dans l’entreprise, CSG avait annoncé vouloir injecter 25 millions d’euros ; 15 ont été virés pour le moment indique-t-on en interne.
Du côté de Metalliance, les offres de reprises peuvent être déposées jusqu’au 17 juin. L’entreprise est placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Dijon (Côte-d’Or) depuis le 17 mai.
Sollicité, Steve Filipov n’a pas répondu ; la semaine dernière, on murmurait en coulisses qu’il œuvrait à une reprise de Metalliance. Une communication est prévue prochainement indique son entourage.