Il est loin le petit atelier du centre d’Héricourt, acquis en 1985, par Thierry Marie, où l’actuel sexagénaire démontait ses premières voitures. Quand il en a pris possession, il n’y avait ni eau, ni électricité. Quarante ans après, il a inauguré un outil de travail de 3 300 m2, automatisé, installé sur un terrain utile de 3 ha, aux Guinottes 2, à Héricourt, au-dessus de la 4-voies menant à Lure. Avec ce centre de recyclage, on remise au placard le nom de casse. On enterre, en même temps, les clichés du Doberman, du fusil, des hauts grillages et des voitures qui s’amoncellent sur un terrain vague. Ici, on vise un travail à flux tendu.
Le centre de recyclage des véhicules usagés de SC 70-25 est ouvert depuis le 22 mai ; 6 millions d’euros ont été investis pour développer ce site vitrine. « On espère démonter 20 voitures par jour, explique Vincent Rebichon, le responsable du site, c’est-à-dire expertisé, démonté et compacté. » L’usine devra traiter jusqu’à 4 000 véhicules par an, récupérés notamment auprès des compagnies d’assurance. Le démontage suit quatre étapes : l’expertise ; le démontage de la carrosserie ; la dépollution ; et le démontage mécanique. Le site est équipé d’un convoyeur, afin d’acheminer les pièces démontées et de limiter les manipulations des opérateurs. Des potences équipent chaque poste de travail pour faciliter la manutention. Et des retourneurs ont été installés sur le postes de démontage mécanique, afin de retourner le véhicule et de faciliter l’intervention de l’opérateur, dont les opérations restent manuelles.
En moyenne, l’entreprise récupère une vingtaine de pièces par voiture. « Tout dépend de la génération de la voiture », observe Vincent Rebichon. Parfois c’est trente. Parfois c’est cinq. Une fois que le centre a récupéré les pièces qu’elle peut revendre, il les nettoie, les photographie, les référence sur son site Internet et les stocke dans la travée jouxtant l’atelier. 1 200 m2 sont dédiés au stockage, avec des rayonnages de 7 m de haut. Actuellement, 5 500 références, toutes marques, sont accessibles. Moteurs, freins, portes, plages arrières, tableaux de bord… Le centre n’a pas de boutique, comme à Brevilliers. On peut seulement retirer une commande faite sur Internet. « Nous sommes fournisseur de pièces issues de l’économie circulaire », note le responsable de site. Et l’enjeu de cette économie est de taille. Refabriquer un véhicule avec des pièces d’occasion, ce sont 12 tonnes d’émission de CO2 en moins.
Production électrique et récupération de l’eau
Ensuite, le centre recycle tout ce qui peut être valorisé : aluminium ; cuivre… Les produits sont adressés à des filières spécifiques. Des ensembles entiers sont aussi démontés, comme les trains arrières. Ils sont envoyés à des entreprises qui les rénovent avant de les remettre sur le marché. Une fois qu’il ne reste que la carcasse, le voiture est compactée. « Quand on dépose au compactage, la voiture est vraiment à poil », sourit Vincent Rebichon.
Le cube sera envoyé chez un broyeur, qui poursuivra la mission de recyclage de cette ferraille platin. SC 70-25 va même bientôt être centre de test pour récupérer les tissus et les mousses pour accroître encore le taux de recyclage, sachant qu’il affiche un taux de 97 %, calculé entre le poids d’entrée et le poids de sortie du véhicule. La loi oblige à un taux de 95 %.
Au sol, on est bien loin de l’imaginaire d’une casse automobile et de ces langues d’huile qui s’étalent. Sous les postes de travail, une canalisation récupère les fluides et les dirige vers un séparateur d’hydrocarbures. L’eau utilisée pour nettoyer le sol et les pièces a été captée par deux récupérateurs d’eau de pluie, capable de stocker 120 m3. Et l’électricité du bâtiment est assuré par 1 300 m2 de panneaux photovoltaïques installés sur le toit. SC 70-25 est auto-suffisants et une partie est même revendu au réseau.
SC 70-25, c’est 12 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, avec le site de Brevilliers et celui de Besançon, pour 80 salariés au total, dont 20 à Héricourt. Avec ce nouvel outil, elle vise, dans les années à venir, 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Cela fait 40 ans que je suis en travaux », confie Thierry Marie, qui continue d’avancer, d’innover et de faire évoluer son métier. Et l’histoire se poursuit. Le site historique de Brevilliers, où il s’était installé en 1987 et qu’il n’a cessé de faire grandir, va accueillir prochainement une activité autour de la réhabilitation des « motorisations électriques », apprend-il. Pour avancer. Toujours.