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Grèves : forte mobilisation dans le nord Franche-Comté

Pas de manifestation en ce 1er mai 2020. Mais 2020 en commun invite à accrocher un foulard rouge au pont Legay, à Belfort pendant son heure de sortie.
Le confinement empêche l'organisation des traditionnelles marches du 1er-Mai. Certains innovent pour mettre la question sociale au coeur du débat.

La mobilisation a été forte, ce jeudi 5 décembre, à Belfort et Montbéliard, dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites. Entre 5 500 et 8 000 personnes ont battu le pavé dans les deux cités.

La mobilisation a été forte, ce jeudi 5 décembre, à Belfort et Montbéliard, dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites. Entre 5 500 et 8 000 personnes ont battu le pavé dans les deux cités. Avec une forte proportion d’enseignants, particulièrement touchés par cette réforme (MAJ le 5/12/19, à 19h26).

« C’est du jamais vu depuis 15 ans. » Peggy Gœpfert, co-secrétaire du syndicat des enseignants du premier degré SNUipp-FSU, se réjouit de l’ampleur de la mobilisation. Elle est impressionnante ce jeudi matin à Belfort. La température est froide. Piquante. Mais l’ambiance est chaude. À 11 h, alors que la tête du cortège a déjà atteint le faubourg des Ancêtres, des manifestants n’ont toujours pas quitté la Maison du peuple. C’est dire. Même les forces de l’ordre ne s’attendaient pas à une telle mobilisation. À Belfort, la police a compté 3 000 manifestants. Force ouvrière parle de 5 000 et la CGT de 4 500. À Montbéliard, la mobilisation a aussi été au rendez-vous. La préfecture annonce 2 400 manifestants et les syndicats 3 000. À titre de comparaison, le 22 juin, lors de la manifestation de soutien aux salariés de General Electric, on annonçait entre 5 000 et 8 000 manifestants à Belfort.

Dans les cortèges, on aperçoit des soignants et des pompiers, mobilisés depuis des mois, des étudiants, des retraités, des cheminots, des salariés de General Electric et de PSA, des Gilets jaunes et de très nombreux enseignants. Publics. Privés. Unis face à la réforme des retraites. « Je ne me rappelle pas avoir vu autant de monde dans une manifestation à Belfort », confie Éric Peultier, de Force ouvrière métallurgie, à Sochaux. Il travaille à PSA et a suivi les deux cortèges.

Un enseignant sur deux

Selon l’académie de Besançon, le taux de participation des enseignants à la grève est de 45,75 %, 5 points au-dessus de la moyenne nationale (40,96 %). Ce taux est de 56,35 % dans le 1er degré (51,15 % au niveau national) et de 43,41 % dans le second degré (42,32 % au national). « On va perdre énormément », souffle Fabien Fresard, secrétaire départemental du Territoire de Belfort de l’Unsa, pour expliquer cette forte mobilisation.

Il craint qu’avec le nouveau calcul des retraites – sur les 25 dernières années et non sur les 6 derniers mois – la pension des enseignants ne diminue de 30 %. « Avec cinq ans d’étude et une carrière pleine », tance Peggy Gœpfer. « Nos salaires de départ sont faibles », enchaîne également Fabien Fresard. Et leur évolution est lente. Le calcul sur les 6 derniers mois permet aujourd’hui de limiter les effets de ces bas salaires en début de carrière.

Belle référence à la série Kaamelot ! (©Le Trois – Thibault Quartier)

Le message adressé par mail par le ministre de l’Éducation nationale, mardi 3 décembre, que Le Trois a pu consulter, ne les a pas rassurés. Il a même provoqué une certaine colère. Dans son mail, le ministre écrit : « Nous mettrons en place un minimum de pension à 1 000 euros par mois pour ceux qui ont une carrière complète. » La pilule n’a pas été simple à avaler, même si « le Gouvernement s’est engagé à ce que la mise en place du système universel s’accompagne d’une revalorisation salariale permettant de garantir un même niveau de retraite pour les enseignants que pour des corps équivalents de la fonction publique », déclare le ministre. Mais rien n’est acté. Et les enseignants ont dû mal à y croire. On apprend aussi que dans le calcul des rémunérations, on tiendra compte des primes. Mais les enseignants ne sont pas un corps « où les primes sont importantes », recadre Fabien Fresard.

À 65 ans devant des enfants de 2 ans

Second sujet d’inquiétude, l’âge pivot de départ à la retraite. « Je suis enseignante en petite section à l’école Martin-Luther-King, aux Résidences, raconte Anne Audier-L’Épingle, avant de remarquer : Je ne sais pas ce qu’on peut apporter aux enfants de 2 ans quand on a 65. » Fabien Fresard se questionne aussi sur l’employabilité des plus de 50 ans, alors que c’est déjà une population fragilisée face à l’emploi. Au 3e trimestre 2019, les plus de 50 ans représentaient 26,8 % des demandeurs d’emplois inscrits à Pôle emploi, chargés de rechercher un emploi.

Comme dans de nombreux corps de métier, les conditions de travail sont de plus en plus difficiles. « Belfort se paupérise », constate un enseignant. « Ce n’est pas la situation à General Electric qui va améliorer la situation », poursuit-il. Si l’arrivée des petits effectifs dans les zones d’éducation prioritaire est une excellente nouvelle, « cela s’est fait à effectif constant », regrette Fabien Fresard. « On a déshabillé Paul pour habiller Jacques », souffle-t-il.

« On n’en veut pas de cette société-là. Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère », crie la sono du camion de la CGT, en tête de convoi. La mobilisation a été forte. Les différents métiers se sont réunis. Notamment ceux de la fonction publique. Mais également des gens du privé. « Il va falloir que l’équipe de Macron réfléchisse », relève Éric Peultier. Les reconductions des grèves devraient permettre de le lui rappeler.

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