Un profil type : masculin et manufacturier
En France, le profil type du frontalier est un homme, de 42 ans, salarié, venant de Haute-Savoie, travaillant dans le canton de Genève et faisant environ 32 kilomètres de trajet pour se rendre au travail.
Dans le Doubs et le Territoire de Belfort, le portrait s’affine. Le frontalier est souvent un homme travaillant dans l’industrie manufacturière. Près de 40 % des frontaliers du Doubs et 45 % de ceux du Territoire de Belfort exercent dans ce secteur. Ce poids industriel contraste avec les départements voisins comme la Haute-Savoie, où les secteurs des services et des hautes technologies prennent davantage d’importance. La répartition par genre reste marquée : plus de 60 % des frontaliers du Doubs, du Jura et du Haut-Rhin sont des hommes.
Une distance quotidienne accrue
Les frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté parcourent en moyenne 43 kilomètres pour rejoindre leur lieu de travail en Suisse, une distance supérieure à celle observée dans d’autres régions frontalières comme Auvergne-Rhône-Alpes (28 kilomètres).
Ce chiffre souligne la particularité géographique et économique du Doubs et du Territoire de Belfort, où l’accès aux bassins d’emploi suisses peut nécessiter des trajets conséquents, notamment pour les communes éloignées des points de passage frontaliers. Les Doubiens comme les Terrifortains travaillent au plus proche, dans le canon de Vaud (25% des Doubiens).

Revenus contrastés
En 2022, le revenu fiscal de référence individualisé (RFRI) moyen des frontaliers s’établit à 55 599 euros, en hausse de 5 % par rapport à l’année précédente. Ce revenu fiscal, pour les hommes, est supérieur de 20,6% à celui des femmes. Un homme de moins de 65 ans gagne un revenu moyen annuel de 59 618 euros, contre 49 427 euros pour une femme.
Les frontaliers du Territoire de Belfort affichent un revenu inférieur à la moyenne nationale, une différence attribuée à la prédominance des emplois industriels, moins rémunérateurs que dans les secteurs financiers ou technologiques. À titre comparatif, les frontaliers des départements comme l’Ain ou la Haute-Savoie, orientés vers des secteurs plus lucratifs, déclarent des revenus significativement plus élevés. On note un revenu moyen de 43 924 euros dans le Territoire de Belfort, contre 61 991 euros dans l’Ain par exemple. Le Doubs se place dans le milieu du tableau, avec un revenu moyen de 49 570 euros par an en 2022.

Les bassins de vie transfrontaliers
Certaines communautés de communes, comme le Val de Morteau dans le Doubs, se distinguent par leur forte concentration de frontaliers : plus d’une personne sur deux y travaille en Suisse. Cette proportion atteint parfois 60 %. Les communautés de communes frontalières sont les plus marquées par ce phénomène.
L’attractivité de l’emploi en Suisse repose « sur des salaires parmi les plus élevés au monde, une flexibilité du droit du travail et des infrastructures adaptées aux déplacements quotidiens », explique l’Ursaaf. Aussi, l’ouest de la Suisse est majoritairement francophone. Les travailleurs frontaliers sont de plus en plus nombreux (+5 % en 2023). Un défi pour les départements français frontaliers.
Une affiliation en mutation
Depuis la réforme de 2014, les frontaliers relèvent de l’Assurance maladie en Suisse, mais disposent d’un droit d’option pour l’Assurance maladie française. Dans la grande majorité des cas, ils privilégient le système suisse.
Cette préférence contribue à une diminution constante des affiliés français : sur les 224 000 frontaliers actifs, hors retraités, seuls 152 000 cotisent en France, soit une baisse de 4 % en un an. « Ce constat illustre sans doute en partie une attractivité moins forte de la Sécurité sociale française comparée à la sécurité sociale Suisse, qui peut s’expliquer notamment par le coût de la Sécurité sociale suisse (forfaitaire), plus favorable pour les actifs célibataires ou sans charge de famille et à hauts revenus », détaille l’Urssaf Franche-Comté.
- Toutes les données concernent les frontaliers en Suisse cotisant à la sécurité sociale française.