Lyse Wardyn
Il a fallu un an et demi à la CCI pour développer une plateforme d’intelligence artificielle (IA), nommée IdcreaCCIon. L’institution souhaitait se positionner sur le terrain technologique. « Il faut qu’on soit le plus opérationnel possible pour mieux accompagner les porteurs de projets. Quand on veut créer sa boîte, on est face à plein de questions », explique Gilles Mauffrey, le directeur entrepreneuriat et formalités de la CCI. La plateforme aide les futurs entrepreneurs à structurer leur projet, à comprendre les démarches nécessaires et à évaluer sa faisabilité. Elle vise également à mieux préparer les entrepreneurs aux entretiens physiques. « Les premières démarches sont les plus chronophages. L’IA permet d’apporter un accompagnement plus approfondi », souligne Gilles Mauffrey.
L’intelligence artificielle pose d’emblée des questions aux utilisateurs, les aidant ainsi à faire avancer leur projet. « Il y a beaucoup de casse parce que les projets sont souvent mal calibrés, et on ne se pose pas les bonnes questions. Ici, l’IA les pose naturellement », poursuit-il. Louis Deroin, élu de la CCI en charge de la mutation des entreprises, partage cet avis. « Nous ne sommes pas formés à être chef d’entreprise. Il n’y a pas de filière pour apprendre. Ici, c’est tout l’enjeu de l’IA », ajoute-t-il.
L’IA propose également, avec l’accord de l’utilisateur, de le mettre en relation avec des acteurs essentiels à son projet, comme des banques ou des assurances locales. Elle s’adresse à tous les publics, que ce soit pour créer une microentreprise ou une société de plus grande ampleur. Entièrement gratuite, la plateforme se veut accessible au plus grand nombre.
Une base de données sécurisée
L’IA est alimentée par des données vérifiées et validées par la chambre de commerce et d’industrie. « Elles respectent les valeurs de la CCI », assure Louis Deroin. La plateforme répond à toutes les normes de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. Les données fournies par les utilisateurs ne sont pas exploitées pour alimenter d’autres IA, garantissant ainsi le rôle de « tiers de confiance » de la CCI, précise Christian Arbez, directeur de l’institution.
Dès son inscription sur la plateforme IdcreaCCIon, l’utilisateur crée un compte en renseignant son code postal. Cette information permet à l’IA d’adapter ses réponses en fonction des aides et subventions disponibles dans la région. L’entrepreneur présente ensuite son projet, guidé par dix questions permettant d’évaluer son degré de maturité. La plateforme l’accompagne ensuite dans la clarification de son projet, l’identification de ses limites, le choix du statut juridique et la recherche de financement.
IdcreaCCIon propose également un fil de discussion avec l’IA, permettant à l’utilisateur de poser des questions et d’obtenir des réponses adaptées à ses besoins. La plateforme met à disposition des documents-types, comme des études de marché, pour aider les entrepreneurs dans leurs démarches. Elle permet aussi d’analyser certains documents, offrant ainsi des pistes d’amélioration. « Les gens ont plus d’aisance à injecter leurs informations dans l’IA et osent poser plus de questions. Ils se sentent plus libres que devant un conseiller », conclut Gilles Mauffrey.
Étendre aux CCI de France
La plateforme a vocation à être utilisée, à terme, dans toutes les CCI de France. Le dispositif a déjà été présenté au niveau national. « C’est un bébé belfortain », remarque Louis Deroin. Aujourd’hui, l’IA fournit des réponses précises sur les subventions et aides disponibles dans le Territoire de Belfort. Si elle est déployée dans d’autres régions, elle pourra être enrichie pour répondre aux spécificités de chaque territoire.