La détection de plusieurs personnes positives à la covid-19 inquiète les représentants du personnel, à Teleperformance, à Belfort. Une nouvelle fois, ils pointent du doigt les difficultés du dialogue social dans l’entreprise. Si le télétravail se déploie, il n’est pas systématique.
La détection de plusieurs personnes positives à la covid-19 inquiète les représentants du personnel, à Teleperformance, à Belfort. Une nouvelle fois, ils pointent du doigt les difficultés du dialogue social dans l’entreprise. Si le télétravail se déploie, il n’est pas systématique.
3 personnes positives au SARS-CoV-2, virus responsable de la covid-19, ont été diagnostiquées à Teleperformance, à Belfort, entre le 29 octobre et le 3 novembre. Les 3 personnes travaillent sur le plateau dédié à la plateforme téléphonique Lidl ; selon des informations de Santé Publique France, on peut évoquer la notion de cluster pour ce regroupement de cas.
« Un cluster ou épisode de cas groupés est défini par la survenue d’au moins 3 cas confirmés ou probables, dans une période de 7 jours, et qui appartiennent à une même communauté́ ou ont participé́ à un même rassemblement de personnes, qu’ils se connaissent ou non. Ces situations incluent de manière non exhaustive des cas groupés familiaux élargis, en milieu professionnel, dans un lieu d’enseignement, de villégiature ou de détention, ou chez des personnes habitant une commune de petite taille ou qui ont voyagé́ ensemble de façon prolongée (ex : croisière, bateau) », peut-on lire dans le Guide pour l’identification et l’investigation de situations de cas groupés de covid-19, édité au mois de mai par Santé Publique France (à retrouver dans son intégralité en fin d’article).
Sur les réseaux sociaux, le syndicat Sud PTT s’étonnait notamment de la présence, compte tenu de la situation sanitaire, d’une corbeille dans laquelle on pouvait se servir en bonbons (photo ci-contre). Un symbole, selon lui, de mesures sanitaires mal appliquées. « Il y a plein de petits écarts », analyse un délégué syndical de Sud PTT. Le syndicat dénonce par exemple une proximité des téléconseillers sur le plateau dédié à Lidel, alors qu’ils pourraient être éparpillés. Il regrette l’absence d’ouverture d’une salle de déjeuner supplémentaire, pour éviter les regroupements et les concentraitions. Il s’étonne également que, contrairement au plateau dédié au centre d’appels d’EDF, les superviseurs continuent d’intervenir directement sur les ordinateurs des téléconseillers, limitant le respect de la distanciation entre les gens. « Et on touche les souris, les claviers… » déplorent des délégués syndicaux, qui ne souhaitent pas communiquer leur nom. C’est dire l’ambiance sereine qui se dégage.
Encore un cas #COVID19 sur @lidlfrance. Soit 4 sur #lidl en 9 j. Comme d'habitude, aucun dialogue social, aucune réunion avec l'ensemble des représentants du personnel. #teleperformance se contente des réunions mensuelles (obligatoires), excluant délégué syndical, délégué au CSE
— Sud Teleperformance Belfort (@sudptt90tp) November 4, 2020
« Sur le papier »
Des services de l’État rappellent que tout employeur doit signaler les regroupements de cas positifs dans son entreprise à l’agence régionale de santé (ARS) et prendre attache avec la médecine du travail « pour vérifier la bonne application des mesures », glisse une source de l’administration. Au printemps, Teleperformance travaillait pour le Gouvernement ; elle gérait la plateforme d’appel du numéro vert coronavirus. Aujourd’hui, selon nos informations, elle travaille aussi pour des agences régionales de santé. Pas pour celle de Bourgogne-Franche-Comté.
Un protocole sanitaire a bien été mis en place. Selon nos informations, la médecine du travail l’a validé. « Le protocole existe sur le papier, dans la communication de l’entreprise, sur les affiches, acquiescent les représentants du personnel, mais pas dans les faits. » Le syndicat réclame un dépistage massif. Il redoute des cas non diagnostiqués, asymptomatiques. Les délégués syndicaux « ne veulent pas contaminer [les] proches ». Les représentants du personnel ont réclamé la réunion d’une commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT). Selon Sud, rien n’est programmé pour l’instant. « Il y a eu une réunion extraordinaire au niveau national, mais rien au niveau local », commente un délégué syndical. Et pas sur cette situation précise.
Presque 30 cas #COVID19 à #teleperformance dont 5 cas à #belfort : 4 cas sur @lidlfrance et 1 sur @EDFofficiel, mais on continue de distribuer en libre service à l'accueil des bonbons sur #Lidl. Normal ! @PhDominati @DMeslot @lestrepublicain @letrois_info @bleubelfort @France3tv pic.twitter.com/6WkSy9eQbR
— Sud Teleperformance Belfort (@sudptt90tp) November 3, 2020
Télétravail pour tous
Dans ce contexte, Sud PTT demande un déploiement massif du télétravail, comme le prescrit le Gouvernement dans le cadre de ce reconfinement. Et qu’il conseille à 100 % et 5 jours sur 5. « [Le télétravail] n’a jamais été mis en place, alors qu’il y a des progrès et des investissements d’outils », note un représentant du personnel. Et qu’un accord collectif est envisagé, pour justement l’encadrer et le déployer.
Compte tenu du contexte, le déploiement « va trop doucement », regrette un salarié. Selon nos informations, un peu plus de 40 % des téléconseillers du plateau EDF sont en télétravail, plus d’une semaine après l’édition du protocole national. Et moins de 40 % pour Lidl. Sud PTT réclame que le télétravail soit aussi élargi « pour les CDD et intérimaires, et pas uniquement pour les CDI », remarque le syndicat. Et qu’il soit ouvert à tous « les volontaires ». Selon Sud PTT, le refus aux CDD et intérimaires est justifié par « un manque d’autonomie ». Aujourd’hui, on compte environ 160 personnes sur le site. Au 31 mars, alors que les effectifs étaient de 246 salariés, la proportion était de 52,4 % CDI (129 personnes), 17,5 % de CDD (43 personnes) et 29,7 % d’intérimaires (73 personnes) ; les contrats précaires représentaient donc près de la moitié des effectifs. Si les proportions demeurent, cela signifie que seulement un peu plus de la moitié des effectifs serait concernée par le télétravail au centre Teleperformance de Belfort.
Au printemps, les représentants du personnel s’étaient déjà inquiétés de la dégradation du dialogue social pour faire face à la crise sanitaire. Nous en avions fait l’écho. Une nouvelle fois, il est pointé du doigt. « La direction de Teleperformance ne communique plus avec les délégués syndicaux et les représentants élus au CSE et ne se contente que des réunions mensuelles obligatoires avec les uniques représentants de proximité », regrettent les représentants du personnel de Sud PTT dans un communiqué de presse. Ils ont, pourtant, « pleins de préconisation » à soumettre.
Sollicités, ni le siège parisien de Teleperformance, via son agence de communication, ni la direction locale n’ont répondu. Nous les avons sollicités par mail et par téléphone.