L’association des commerçants dénonce la désertification du centre-ville et des magasins dus aux manifestations chaque samedi. Un point de vue partagé par de nombreux commerçants du Faubourg de France, mais qui suscitent la controverse chez les manifestants.
L’association des commerçants dénonce la désertification du centre-ville et des magasins dus aux manifestations chaque samedi. Un point de vue partagé par de nombreux commerçants du faubourg de France, mais qui suscitent la controverse chez les manifestants. Qui évoquent d’autres raisons de la désertification en centre-ville.
Le sujet divise. Vendredi, l’association des commerçants du centre-ville de Belfort a publié un communiqué sur les manifestations. « Après la crise de la covid-19 et ses conséquences désastreuses sur le commerce de centre-ville, s’ajoutent depuis plusieurs semaines toutes ces manifestations répétitives aux conséquences irrémédiables », argue le communiqué. Contacté, le vice-président de l’association, Hubert Chatin, explique : « Le problème, ce n’est pas les manifestations en tant que telles. Nous ne sommes ni pour ni contre. Le problème, c’est la répétition, tous les samedis, de ces manifestations en plein cœur du centre-ville. C’est cette répétition qui nous met en difficulté. » Le problème, selon lui, c’est que les gens ne viennent plus en ville lors du rendez-vous habituel du samedi après-midi pour faire les boutiques car « ils ont peur de se retrouver dans un mouvement de foule ».
Il ne nie pas non plus les difficultés d’avant. « Bien sûr, on avait déjà connu ça avant. Notamment pendant le mouvement des gilets jaunes. Mais là, il ne faut pas oublier qu’il y a eu la crise sanitaire entre-temps. On est des moyennes entreprises et on n’a pas eu d’aides à gogo. Il est urgent qu’on puisse retravailler normalement pour rembourser nos prêts », argue Hubert Chatin.
« On regarde le temps passer »
« Nous n’avons eu que très peu de réactions quant à notre communiqué. A part celle du préfet pour dire qu’on avait été aidé pendant la crise. Soit, mais ces aides ne pallient pas nos besoins de retrouver une économie durable et de rembourser les prêts contractés pendant la crise sanitaire. Nous n’avons pas eu non plus de retours du côté des manifestants ou de la Ville », explique le vice-président. « Pourquoi toujours au même endroit ? Les samedis après-midis, ces manifestations nous empêchent de travailler. On regarde le temps passer », poursuit-il.
Pour prendre le pouls auprès des commerçants, direction le centre-ville, faubourg de France plus précisément. Six commerces, six avis unanimes. « On en a ras-le-bol. Samedi dernier, une mère est venue avec sa fille dans mon magasin. A cause des manifestations, elle est repartie illico presto pour ne pas être bloquée. Elle n’a pas pris cinq minutes pour regarder », explique Valérie, gérante d’un magasin du centre-ville. « Avant, sur le créneau de 17h30-19h, on travaillait vraiment bien. C’était toujours le moment de regain après le goûter. Là, avec les manifestations, les gens ne se déplacent plus. On n’a plus personne », argue la gérante. Une autre commerçante confirme : « Les gens nous le disent. Ils préfèrent aller en zone [commerciale] pour éviter le vacarme des manifestations. Il faut voir le bruit qu’ils font. C’est insupportable. »
Elle poursuit : « Alors oui, on ne peut pas nier que la hausse du prix des parkings, les centres commerciaux en zone industrielle n’aident pas. Avant, la fréquentation avait déjà baissé. Mais là, c’est bien pire. Le samedi, c’est le jour où on se fait notre blouson et on voit bien que c’est l’hécatombe avec les manifestations dans le faubourg de France. Le meilleur exemple qu’on puisse donner, c’est celui du week-end dernier. Il n’y a pas eu de manifestations. Et on a presque doublé le chiffre d’affaires », explique-t-elle.
Un cri d’alarme qui n’a pas été compris par les manifestants, qui mardi matin, lors de la manifestation appelée par plusieurs organisations syndicales notamment autour des salaires, défendaient le fait que la désertification du centre-ville à cause des manifestations n’était qu’un prétexte. « Il est temps que les commerçants s’en prennent aux bonnes personnes. Nous, on défend le social. Donc on défend les commerçants également. Les parkings hors de prix, les centres commerciaux qui bouffent le centre et l’implantation d’Amazon, ça, ce sont de vrais sujets sur lesquels les commerçants devraient émettre un cri d’alarme », arguait un manifestant mardi matin.