Apesa : aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë. Le nom de l’association, créée en 2005 à Saintes, dit bien quel est son objectif. L’antenne nord Franche-Comté a été lancée en 2017 ; elle est présidée par François Boron, greffier du tribunal de commerce de Belfort-Montbéliard. Depuis cette date, elle a été saisie de 179 alertes. Cette année, déjà 27 alertes ont été enregistrées au 1er décembre, soit déjà plus que les 24 de 2024. A l’échelon national, l’Apesa est venue en aide à 15 000 chefs d’entreprises depuis sa création, voici douze ans, explique Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien et co-fondateur du dispositif national Apesa. Il était ce lundi à Belfort, à la CCI (chambre de commerce et d’industrie) pour animer une journée de formation des « sentinelles » de l’Apesa.
En effet, le dispositif de l’Apesa repose sur un réseau de « sentinelles » : des bénévoles du monde économique, qui ont en charge de détecter et d’alerter, en cas de tendance suicidaire d’un chef d’entreprise. Ce sont des greffiers, des mandataires judiciaires, des juges consulaires, des conseillers dans les chambres de commerce. Une quarantaine de « sentinelles » sont déjà actifs dans le nord Franche-Comté, et ce chiffre sera porté à une soixantaine à l’issue de la formation organisée ce lundi 1er décembre à la CCI du Territoire de Belfort. L’association collabore ici fortement avec les Casques bleus. Ces sentinelles sont des veilleurs qui doivent détecter les signaux pouvant laisser penser qu’un chef d’entreprise en difficulté a des tendances suicidaires : des changements de comportements soudains, un détachement vis-à-vis des responsabilités, des attitudes paradoxales lors des audiences au tribunal de commerce, des formules comme « si vous liquidez mon entreprise, vous me liquidez aussi », ou, de façon plus évidente, les effondrements émotionnels lors d’audiences au tribunal, témoigne François Boron. Cette veille doit aussi conduire les sentinelles à poser plus fréquemment la question « Comment allez-vous ? » aux chefs d’entreprise en difficulté. Un numéro vert ne suffit pas, explique Jean-Luc Douillard, car la personne en détresse psychologique n’a pas l’énergie pour faire la démarche par elle-même.
Les dirigeants sont rappelés dans l’heure
Lorsqu’ils détectent une situation à risque, les sentinelles, avec l’accord du chef d’entreprise concerné, complètent une fiche d’alerte et contactent le centre d’alerte national de l’Apesa, basé à Nantes. Là, l’un des treize psychologues en veille 24 h/24 prend le relai et rappelle le dirigeant dans l’heure qui suit, pour un entretien d’évaluation d’environ trois quarts d’heure. Ensuite, le centre de Nantes se tourne vers un psychologue local, qui rappelle dans la journée le dirigeant en difficulté et lui propose un rendez-vous dans un délai maximum de cinq jours. Un dispositif d’accompagnement est donc mis en place en moins de 24 heures.
Dans le nord Franche-Comté, une douzaine de psychologues libéraux sont mobilisables par l’Apesa. Les dirigeants faisant appel à l’Apesa bénéficient de cinq consultations gratuites. En moyenne, trois consultations suffisent, témoigne Jean-Luc Douillard. Il s’agit en effet de « consultations de crise », qui permettent de « relancer la capacité de penser », et non pas de mettre en place une psychothérapie sur le long terme.
L’Apesa est financée par les cotisations, les aides d’entreprises, éventuellement les subventions. Un processus d’accompagnement coûte 450 euros. Les « sentinelles » sont bénévoles.
