Olivia Frisetti
Un brouhaha continuel règne en cette fin de matinée dans le parc d’exposition d’Andelnans où, du calme usuel, ne subsiste qu’un silence lointain. Le regard est attiré par la ribambelle de cosplays qui défilent dans les allées de la Nécronomi’Con. Du stand de lancer de haches aux démonstrations de Kendo, les gens se bousculent avec gentillesse, se rencontrent et se découvrent. Au beau milieu de la foule, on l’entend et on le voit, le barbu aux longs cheveux grisonnants. « Tout petit mais aussi frais, frais et aussi fort …». La voix séduisante, nasillarde, caverneuse ou criarde entonne une imitation de la pub Tic-Tac devant les fans tout sourire. Ici, on ne le connaît pas forcément pour son visage, mais pour son timbre… ou plutôt ses timbres. Il est l’une des plus grandes voix utilisées dans la publicité et dans le doublage, que ce soit de dessins animés ou des films, des documentaires ou encore des jeux vidéo.
« Je suis fan de moi », PADG pose les bases, toujours dans son rôle de comédien. Théâtrale, souriant, le verbe haut, l’artiste s’impose et fait swinguer ses vibratos autour de la table. Ancien musicien professionnel, il a fait ses preuves auprès de Laurent Voulzy ou lors de l’émission “L’école des fans”.
La promo de @lachance_media de #Strasbourg a rencontré le comédien Pierre-Alain de Garrigues, célèbre voix off de films, de films d'animation ou encore de jeux vidéo. Il est présent à la saison 5 de la @Necronomi_con. Extraits. pic.twitter.com/wxiIgHUpk0
— Le Trois (@letrois_info) April 15, 2023
Le hasard fait bien les choses
Il y a 40 ans, il y a eu une évidence. « J’étais dans un studio et ils avaient besoin d’une voix alors je me suis lancé et ça a marché », explique-t-il. Son passé de musicien lui est d’une grande aide pour les nuances de voix. «Tu affines ton art comme quelqu’un qui veut être boulanger », détaille PADG. Les conseils de l’artiste fusent : « Pour être comédien, il faut que tu deviennes parisien ! 90% des projets se font à 20 mètres de la Tour Eiffel. » Une ville qu’il a du apprivoisé, arraché à ces Landes natales.
Pour ce qui est de la difficulté à interpréter les voix, pas de conseil particulier. À côté de ça, le sexagénaire expose : « À chaque fois, je découvre sur l’instant le texte et je pose ma voix » en ajoutant : « Il n’y a pas de codes pour devenir une voix, on naît comédien. » Un talent qui lui a permis d’incarner des personnages connus de tous : « J’ai inventé la voix du lapin crétin au moment où il y avait Rayman. »
L’artiste qui prête sa voix à la pub Trésors de Kellogg’s reconnaît que le milieu est loin d’être simple. « C’est extrêmement bien payé mais il faut être choisi » , précise-t-il. Toujours à l’affût, PADG répond à toutes les questions qui jaillissent de toute part. Il raconte, imite, rigole et crée un espace chaleureux autour de lui. Il se lève. La foule l’approche dans une cacophonie de paroles et de flash d’appareil photo. Le barbu savoure son moment d’acclamation. Il sourit, fait un clin d’œil. Il est déjà reparti pour une nouvelle imitation.