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Belfort : la cession de McPhy à John Cockerill confirmée par le tribunal

Les stacks fabriqués par McPhy.
Les stacks fabriqués par McPhy. | ©Le Trois – E.C.
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Le tribunal de commerce de Belfort a validé, ce mardi 8 juillet, la cession de McPhy à l’entreprise belge John Cockerill. 51 salariés sont repris, soit plus de 70 % des effectifs. Le repreneur prévoit d'utiliser l'usine de Foussemagne comme un site de production.

Le tribunal de commerce de Belfort a arrêté, dans un jugement de ce mardi 8 juillet, le plan de cession de la société McPhy, en faveur de John Cockerill Hydrogen, dont le siège social est à Aspach (Haut-Rhin). 

La société McPhy (nos articles) conçoit et fabrique des électrolyseurs de fortes puissances ; elle compte aujourd’hui 71 salariés, dont 60 à Belfort et Grenoble. 51 salariés sont repris dans ce projet, entraînant le licenciement de 20 personnes ; ce sont plus de 70% des salariés qui sont conservés, dont la majorité des gens de l’usine de Foussemagne, indiquent les élus locaux. La cession s’élève à 600 000 euros, selon le jugement. L’usine de Foussemagne, inaugurée en 2024, s’étend sur 22 000 m2 et dispose d’un terrain de 8 ha. La société McPhy, quant à elle, est liquidée.

Avec cette reprise, John Cockerill « souhaite créer « un champion mondial de l’hydrogène », en développant un nouveau produit, le « stack MoJo », fruit de la combinaison des expertises technologiques et industrielles de John Cockerill Hydrogen et de McPhy Energy », annonce le jugement, consulté par Le Trois. Les deux entreprises développent des technologies d’électrolyse différentes. « L’intégration du savoir-faire de McPhy au sein de John Cockerill Hydrogen vise à accélérer le développement des futures générations d’électrolyseurs de l’entreprise », confirme John Cockerill dans un communiqué de presse, envoyé en soirée, après la fermeture des marchés financiers. « En combinant les cellules de John Cockerill avec certains composants innovants de McPhy, nous visons à terme un gain de compétitivité de 10 à 15 % par rapport aux modèles actuels », promet Nicolas de Coignac, directeur général de John Cockerill (lire ci-dessous).

La production préservée à Foussemagne

Le jugement confirme le projet du repreneur d’utiliser la gigafactory de Foussemagne « pour l’assemblage du nouveau stack, en complément du site de John Cockerill Hydrogen à Aspach ». C’était l’un des enjeux de la reprise, comme Le Trois le soulevait il y a quelques semaines, afin de créer de l’emploi (lire notre article). À l’origine, McPhy envisageait de créer 450 emplois. L’entreprise confirme aussi que l’usine belfortaine bénéficiera du carnet de commandes d’électrolyseurs de l’industriel, estimé aujourd’hui à « 730 mégawatts » de projets.

Ce projet de reprise, comprenant notamment ce nouveau produit, est estimé à 65 millions d’euros, a indiqué John Cockerill au tribunal de commerce. Pour le financer, l’entreprise touchera une partie des subventions relatives au projet important d’intérêt européen commun (Piiec) hydrogène, fléchées initialement vers McPhy. Elle a reçu un accord de l’État français indique le tribunal ; c’était l’un des enjeux de la reprise et des négociations. McPhy devait toucher 114 millions d’euros du Piiec. 29 ont déjà été débloqués, soit peu ou prou le prix de l’usine belfortaine. Selon nos informations, John Cockerill doit récupérer 50 millions d’euros de la somme restante, de près de 85 millions d’euros. 

"Sauver un outil industriel stratégique"

Nicolas de Coignac, directeur général de John Cockerill Hydrogen

« Cette reprise ciblée permet de sauver un outil industriel stratégique et de poser les fondations des électrolyseurs de nouvelle génération. L’électrolyse étant une technologie-clé pour décarboner l’industrie lourde, ce projet s’inscrit dans le temps long. Il ne se construit pas à coups d’annonces mais au travers d’une capacité industrielle stable, soutenue et souveraine. La reprise de certains actifs de McPhy est un jalon important de cette stratégie. »

« Cette opération s’inscrit dans une dynamique de consolidation industrielle désormais classique dans les filières de la transition énergétique, replace John Cockerill. Comme le solaire ou l’électromobilité avant elle, la filière électrolyse entre dans une phase de maturité où seules les entreprises capables d’industrialiser, livrer et intégrer des technologies à grande échelle pourront s’imposer durablement. » 

Le jugement confirme aussi qu’un accord a été trouvé concernant le crédit-bail immobilier de la gigafactory, qui n’appartenait pas à McPhy, comme nous l’avions dévoilé (lire notre article).

Expertise, maturité et solidité de John Cockerill

« Cette annonce est une excellente nouvelle pour les salariés et l’ensemble de la filière hydrogène du Territoire de Belfort », commente Damien Meslot, président Les Républicains (LR) du Grand Belfort (GBCA). John Cockerill est « une société solide », qui a « une dimension et une assise qui vont permettre de rassurer les clients et d’accéder à de nouveaux marchés ».

« La décision du tribunal permet de sauver l’essentiel : l’activité et l’emploi sur le site de l’Aéroparc de Fontaine », salue Christophe Grudler, député européen Modem, qui suit les questions d’énergie.. « L’expertise et la maturité de John Cockerill, notamment grâce à son usine alsacienne d’Aspach, permettront de redresser, de stabiliser et de développer les activités du site de Fontaine », complète-t-il. 

« Le travail de fond entrepris depuis quelques mois par le CEO de John Cockerill et ses équipes permet de sauver un outil industriel stratégique et particulièrement important dans la volonté de diversification entreprise par le Territoire de Belfort vers l’hydrogène », apprécie Cédric Perrin, sénateur Les Républicains (LR) du Territoire de Belfort. Qui formule cependant une demande : « Il est important à présent que l’Etat affine sa stratégie en matière d’hydrogène afin d’accélérer la transition énergétique et la décarbonation. »

John Cockerill compte 3300 salariés en France

Sur la poursuite d’activités industrielles, les juges-commissaires du tribunal de commerce de Belfort regrettent quand même « que le site de Belfort ne soit qu’un complément du site d’Aspach sans développement propre du site de Belfort ». Ils déplorent aussi la faiblesse du montant de la reprise, également déplorée par le mandataire judiciaire.

Trois offres ont été étudiées par le tribunal de commerce, mais seulement John Cockerill faisait une offre de reprise réelle de l’activité et des salariés. Atawey prévoyait de ne reprendre que 2 salariés, ainsi que les actifs et stocks liés à l’activité de stations de recharge, pour 58 000 euros. Hynamics n’envisageait de ne reprendre que des équipements, quatre stacks de référence McLyzer, pour un montant de 100 000 euros.

John Cockerill intervient dans le secteur de la défense, de l’énergie, de la sidérurgie ou encore de l’hydrogène. Il compte plus de 8 000 salariés dans le monde dont 3 300 en France, indique l’industriel belge dans un communiqué de presse. John Cockerill est une entreprise très implantée en France ; son entité John Cockerill Défense est détenue à 10 % par l’État français, depuis l’été 2024. La société est détenue par la famille Serin, de nationalité française, à plus de 80 %. Bernard Serin est même le président du FC Metz. Son chiffre d’affaires a atteint 1,8 milliard d’euros en 2024.

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